Mobil Launcher Apollo

LC39: LE SYSTÈME DE PROTECTION PAR EAU

Les installations d'eau du pad fournissent de l'eau pour la protection contre le feu, le refroidissement et l'aspersion des structures de lancement. Elles comprennent des stations de pompages, le système de distribution et le système incendie.

L'eau est pompée depuis la ville de Cocoa, au Sud de la base. 3 puits de 83 m de profondeur avec un débit de 2500 litres par minutes assurent la redondance pour les lancements. Cette eau pompée sort sur une tête commune qui alimente 3 pompes diesels (76 000 litres par minutes) pour l'eau du pad et 2 autres pompes (23 000 litres par minutes) pour le système de protection anti feu. Le sel est enlevé par le passage dans un filtre sous pression. Pour les lancements, seules 2 pompes sont en fonctionnement, la 3e restant en secours. La distribution se fait autour du pad à travers des conduites de 1 m de diamètre.

Fosse a eau du pad 39A, contrôlé du Pad terminal Connection Rom PTCR

Station de pompage

RINÇAGE DU PAD ET DE LA TRANCHÉE

Ce sous-système fournit l'eau pour "rincer" le pad et la tranchée d'évacuation des flammes en cas de fuite de propergols pendant le remplissage des réservoirs. L'eau contrôlée du PTCR ou du LCC jaillit sur le pad au travers de 29 tuyères au rythme de 53 000 litres par minute et dans la tranchée au rythme de 30 000 litres par minute. Le système de protection incendie assure la protection contre les incendies dans les zones de stockage des propergols sur le pad, le LUT et la tour de service MSS. D' autres buses encastrées, situées autour du pad permettent aussi bien de faire partir les fluides qui se sont renversés, que de protection contre les incendies. Ce système d' arrosage sert aussi le long du chemin d' évacuation d' urgence pour l' équipage et les équipes de fermeture en cas de besoin.

REFROIDISSEMENT DU DEFFLECTEUR ET SYSTÈME D'ASPERSION

Le déflecteur, la tranchée et le Mobil Launcher sont protégés de la chaleur des flammes des moteurs lors du lancement et du bruit grâce à un système de déluge par eau, qui utilise pas moins de 4 millions de litres d'eau industrielle.

De une minute avant le lancement jusqu'à 5 minutes après le décollage, le système d'eau du pad de tir utilise plus d'eau que la moyenne de consommation d'une famille américaines du conté de Brevard pendant 3 années. Quelques 1 600 000 litres d'eau, soit une masse de 1160 tonnes sont aspergés sur 3 zones du pad de tir avec un débit de 4 à 1 tonnes et demi par seconde. L'eau est aspergée sur le pont de la plateforme LUT, la tranchée du pad et sur les bras de service de la tour ombilicale.

L'eau de refroidissement du déflecteur de flammes dans la tranchée arrive par une canalisation de 45-60 cm de diamètre. Dans un premier temps, à T-60 secondes, 20 tuyères fixés sur les murs de la tranchée se mettent en route aspergeant 50 000 litres par minutes sur les faces du déflecteur afin de le refroidir et le préparer à l'allumage des moteurs. A l'allumage des moteurs du premier étage du Saturn 5, 20 autres tuyères augmentent le débit qui passe à 76 000 litres par minute. A T+30 secondes, l'aspersion s'arrête, seul continue le refroidissement jusqu'à T+ 5 minutes. 380 000 litres d'eau sont utilisés sur le déflecteur.

Test du système de déluge par eau réalisé le 28 juillet 1967 sur le pad 39A. Il n'y a pas de ML sur le pad, seulement la tour MSS. Par conséquent, l'eau sensé passer dans la plateforme du ML est dévié au niveau du sol par 2 tuyaux dans la tranchée du pad.

Test avec le ML 3 réalisé en 1971

REFROIDISSEMENT DU LUT ET LE SYSTÈME D'ASPERSION

Sur le Mobil Launcher, au moment ou les bras d' alimentation sont rétractés pour le décollage, une énorme quantité d'eau est ainsi pulvérisée sur l'ensemble de la structure pour la protéger.

Les interfaces pad-LUT permettant en outre l'acheminer l'eau pour le système de déluge et d'anti incendie

Le système d'aspersion du pont principal de la plateforme de lancement est celui qui nécessite le plus gros volume d'eau. Cette eau passe par l'interface LUT sur le coté 2 du pad (Ouest) au travers d'une canalisation de 90 cm de diamètre. Un réservoir supplémentaire de 114 000 litres pressurisé à l'azote assure une seconde alimentation par une autre canalisation de 90 cm. Un système d'interconnexion sur le pad permet le passage d' une canalisation sur une autre. Dans les premiers projets, les ingénieurs avaient étudié un système de pulvérisation d'eau dans la fosse sur le déflecteur et autour de la fosse. Seul la pulvérisation autour de la fosse sur le pont a été retenue.
A T+ 2 secondes, l'ouverture des valves projette 110 000 litres d'eau en 32 secondes sur le pont, le temps que le lanceur décolle et dépasse la tour. Le débit d'eau est ensuite réduit à 76 000 litres par minutes et dure jusqu'à T+ 5 minutes.

Inondation de la plateforme du LUT lors du test du déluge par eau réalisé le 17 mars 1966

L'eau sur la plateforme jaillit par 44 tuyères et canalisations percées montées sur le pont et dans la fosse des moteurs du premier étage. Sur le pont, 29 "arroseurs" assurent ce travail, 20 autour de la fosse (4 sur les cotés et un à chaque angle), 2 entre la fosse et le bouclier de protection de l'ascenseur, 2 sous la tour et 2 sur les coté E et O de la plateforme et un devant. Durant les 30 premières secondes, le débit est de 189000 litres par minutes, il est réduit de moitié au delà. A cela s' ajouté des canalisations percé dans la fosse des moteurs sous les supports des HDP.

Test du "water deluge" fait pour Apollo 8

Un dernier système permet de protéger la tour ombilicale. 19 000 litres d'eau par minutes passent par une canalisation de 40 cm au travers le système d' interface du LUT-pad. Un nuage d' eau sort par des tuyères sur chaque coin de la tour au niveau 30, 120, 160 et 200. D'autre part, un système d'aspersion situé sur la tour au niveau de chaque bras de service permet de déverser un véritable "mur d'eau" qui permet de les protéger au passage du lanceur en phase de lancement et jusqu'à T+ 5 minutes.

Test réalisé le 17 mars 1966 sur le LUT 1 montrant l' efficacité du système de déluge par eau pour protéger la plateforme de lancement. On voit bien l' eau pulvérisé par les asperseurs sur la tour (les bras de service ne sont pas encore montés) ainsi que l' eau déversée dans la fosse des moteurs. D'autres essais seront réalisés avec le Saturn 500F le 14 octobre 1966, le 28 juillet 1967, sans le ML mais avec la tour MSS, pour Apollo 4 en 1967, Apollo 8 en décembre 1968, et le 4 juin 1971 avec le ML2.

Disposition des "arroseur sur le pont de la platefomre, dans la fosse des moteurs F1 et sur la tour