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PROJET GEMINI

GEMINI X

Sur le X (chiffre romain 10) apparaissent les étoiles jumelles Castor et Pollux (ou les 2 astronautes). Le badge illustre l'amarrage de Gemini avec une cible Agena. Les deux cercles noirs indiquent que l'ensemble Gemini-Agena changea d'orbite: sur cette deuxième orbite terrestre, Gemini réussi d'ailleurs un deuxième rendez-vous avec un autre satellite Agena. Ce badge a été conçu et dessiné par l'astronaute John Young et sa femme Barbara qui était alors artiste dans le milieu commercial. Sur le patch des tenues spatiales, les noms des astronautes n'apparait pas.  

 

La NASA avait début 1965 prévu un ambitieux programme Gemini et un an et demi après, le bilan est très mitigé. Lors du vol GT4, Mc Divitt n'avait pu poursuivre sa fusée porteuse et avec GT5, le rendez vous avec le paquet cible REP avait été annulé. C'est GT6 qui devait inauguré les rendez vous en orbite avec un étage cible Agena, mais les caprices de cette dernière avait contraint les astronautes a des manoeuvres d'approche avec GT7. Seul GT8 a pu s'amarrer à une cible Agena, mais un problème de moteurs de manoeuvre a interrompue le vol en catastrophe. Enfin il y a deux mois GT9 découvrait avec stupeur que la coiffe de leur cible gênait les opérations d'amarrage. Seul point positif de ces missions, le rodage puis la maitrise des opérations de poursuite depuis le sol. Même si il est plus facile de conduire une cabine à proximité d'une cible en orbite que de réaliser des rendez vous à partir d'orbites quelconques.

N'oublions pas que le but premier de ces missions est la préparation de l'homme sur la lune. Le pari ne semble pas encore gagné. Il reste trois missions Gemini avant d'emboîter le pas sur Apollo en fin d'année. 

GT10 a pour mission principale l'amarrage avec une cible Agena et la réalisation de manoeuvres en orbite. Young et Collins rejoindront l'Agena 10 à la 5eme orbite. Puis l'ensemble servira de "remorqueur" pour hisser le complexe sur une orbite haute à 390 km. Là, ils s'amarreront à l'Agena 8 qu'on laissé les astronautes de GT8 en mars dernier. Collins sortira dans l'espace pour réaliser des travaux sur l'Agena se déplaçant à l'aide d'un pistolet à gaz, la NASA ayant abandonner l'idée du fauteuil AMU. 14 expériences seront aussi au programme.

Avec les deux dernières missions GT11 et 12, la NASA devrait terminer le programme en beauté. Après les opérations de rendez vous et d'amarrage avec l'Agena, les astronautes s'emploieront à relier les deux vaisseaux par un câble de 90 m afin de créer par rotation une gravité artificielle (1/10eme). GT12 devrait en octobre prochain réaliser les expériences qui n'aurait pas pu être acquis au cours des précédents vols.       

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L' équipage est sélectionné le 25 janvier 1966. il est composé de John Young dont c'est le second vol et Michael Collins avec comme équipage de réserve Lowell et Aldrin. Après la mort de l'équipage de GT 9A, Alan Bean et Clifton Williams se retrouvent comme nouvel équipage de réserve. 
Suite aux problèmes avec la sortie de Cernan, une nouvelle méthode de simulation est mis en oeuvre au sol. Pour simuler les EVA, les astronautes s'entraînaient dans un avion de la NASA le "Vomit jet", un KC 135 qui réalise des paraboles dans le ciel pour 20 secondes d'apesanteur. Désormais, une piscine permet de simuler plus précisément cet état de non gravité. Dans un bassin sont immergés les vaisseaux Gemini et Agena et l'astronaute peut comme lors de sa véritable mission apprendre les gestes et mieux travailler sa sortie. Collins et Williams s'entraînent de longues heures pour leur EVA.

Le 18 juillet, l'Agena 8 laissé dans l'espace par GT8 est sur une orbite 392-405 km. Au sol, le lancement de l'Agena 10 est en préparation. La fenêtre de tir est très étroite, avec 18 mn pour l'Atlas et 40 s seulement pour le Titan 2, dont le lancement interviendra 100 mn après.

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Les compte à rebours se déroulent sans aucun incident. l'Atlas TLV 5305 porteuse de l'Agena GATV 5005 décolle du LC 14 à 15 h 39 mn. La mise en orbite est parfaite à 294-306 km. 100 mn plus tard, à 17 h 20 mn, Titan 2 GT10 s'élève du LC19 à la seconde près. La mise en orbite est aussi parfaite à 160-271 km. La poursuite commence par l'élévation de l'orbite à 216 km. Elle devient circulaire à 270. Ultime élancement et c'est l'amarrage. GT10 entame sa 4eme orbite. La jonction est stable mécaniquement, mais la manoeuvre aura demandé beaucoup de carburant. La NASA a prévu large, aux 300 kg des précédents vols, elle a rajouté 170 kg en prévision. Il ne reste toutefois que 178 kg dans le vaisseau. La cause est semble t'il une erreur de plan d'orbite qu'il a fallu corriger. Première conséquence, les multiples amarrages sont annulés, le programme est allégé.

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Le 19 juillet, l'équipage allume le moteur de l'Agena 10 et se transfère sur une nouvelle orbite à 296-763 km.  Tant que Gemini reste attaché à Agena, toutes sortes de manoeuvre peuvent être réalisé et l'équipage ne s'en prive pas. Pour la première EVA, l'apogée est alors abaissé (296-388 km). Au MET 23 h 24 mn, Collins se lève de son siège et fait quelques mouvements d'assouplissement avec les bras. Il prend des photos du ciel en UV avec un appareil Maurer. La sortie prévue pour  durer 115 mn doit être écourté au bout de 39 mn le système de régulation du scaphandre s'est déréglé. Collins a les yeux irrités provoquée par la présence d'hydroxyde de lithium dans le système d'oxygène de sa combinaison spatiale. Une petite quantité d'hydroxyde de lithium, utilisé pour filtrer le dioxyde de carbone, s'est répandue, dégageant une odeur âcre et faisant pleurer ses yeux. La situation redevient normale lorsque Collins et Young respirent de nouveau l'oxygène de la cabine. 

Le 20 juillet commencent les manoeuvres de poursuite vers l'Agena 8. D'une orbite 296-388 km, le train spatial s'élève à 388 km se rapprochant lentement de la cible. L'Agena 10 est larguée pour l'approche finale afin de na pas gêner la vue. Ne possédant pas de feu de signalisation, la cible est muette, seul les radars au sol révèle sa présence aux astronautes. L'amarrage a lieu comme prévu sans difficultés. 

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Collins réalise sa seconde EVA à MET 48 h 42 mn juste après l'amarrage avec Agena 8. Il récupère l'expérience S12 (étude d'impact de micrométéorite) et ordonnant à Young de se séparer de l'Agena, muni de son pistolet spatial, il se dirige vers l'étage Agena afin de récupérer sur l'étage un paquet (S10) mis en exposition depuis le mois de mars et destiné à mesurer la quantité de déchets météoritiques rencontrés au cours des révolutions autour de la terre. Collins doit écourté sa sortie 15 minutes plus tôt que prévu après 39 mn de travail, le vol couplé ayant entraîné une trop forte consommation de carburant. Il reste seulement 30 kg de carburant. Une fois rentré, il décroche le "cordon ombilical" de 15 mètres qui l'avait alimenté en oxygène et jète par-dessus bord une douzaine d'objets devenus inutiles. Malheureusement, aucune photo de cette EVA ne sera vue, l'astronaute dans l'excitation, laisse échapper sa camera Hasselblad dans le vide. Collins est resté 1 h 29 mn dans le vide au cours de ses deux évolutions. 

Après 45 révolutions, c'est le retour. Le 21 juillet, GT10 amerrit à 16h 07 mn EST par 26° 44 mn N et 71° 57 mn O, à 36 km de la cible. Le vol a duré 2 jours, 22 h 46 mn et 39 s. L' équipage est récupéré 27 minutes après et la cabine une heure après.

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Le vol est un véritable succès. Il a permit d'améliorer notablement les techniques de rendez-vous et d'amarrage, tout en soulignant les problèmes propres à l'évolution des astronautes dans l'espace et, notamment, la difficulté de maintenir le corps dans une certaine position sans points d'attache ou de traction.