PROJET CONSTELLATION


2005

La nouvelle politique américaine de transport spatial, signée par le Président Bush le 21 décembre 2004, remplace le précédent document établi en 1994. Les EELV (Evolved Expendable Launch Vehicle) sont confirmés dans leur rôle de pilier de l'accès américain à l'Espace. Les coûts fixes des deux systèmes de lancement, Delta 4 et Atlas 5, seront financés par le DoD (Departement of Defense) au moins jusqu'en 2009. La navette continuera d'être exploitée au plus tard jusqu'à la fin des opérations d'assemblage de la Station Spatiale Internationale prévue en 2010. En parallèle, la NASA doit développer le nouveau véhicule de transport habité, le CEV (Crew Exploration Vehicle) prioritairement dédié à l'exploration spatiale au-delà de l'orbite terrestre, ainsi qu'un nouveau lanceur lourd qui devra permettre sa mise en orbite et pourra éventuellement être basé sur des technologies dérivées du système navette. La nouvelle politique établit des mesures visant à encourager les initiatives des acteurs privés dans le développement du transport spatial commercial. Elle réaffirme le soutien du gouvernement à l'industrie nationale, précisant que le recours à des lanceurs étrangers n'est envisageable que sous réserve d'un non échange de fonds et pour des activités scientifiques ou développées dans un cadre intergouvernemental. Enfin, l'Administration américaine se fixe pour objectif de démontrer à l'horizon 2010 la faisabilité du système « Responsive Launch », c'est-à-dire capable d'accéder et d'intervenir rapidement dans l'Espace pour des besoins de sécurité nationale. 

10 janvier 

L'administrateur de la NASA Sean O'Keefe propose des transferts de fonds et des réajustements sur le budget 2005 voté par le Congrès en décembre 2004. Si ce droit est effectivement accordé par le Congrès, les transferts de fonds iront dans le sens d'un soutien plus marqué au retour en vol de la navette et aux programmes d'exploration spatiale. Sean O'Keefe a proposé d'augmenter les fonds alloués au retour en vol de la navette de 305 millions de dollars, portant ceux-ci à un total de 4,6 milliards de dollars afin de consolider celui-ci pour l'été 2005. Alors que le Congrès n'avait alloué que 10 millions de dollars au LRO (Lunar Reconnaissance Orbiter), Sean O'Keefe a décidé de réinjecter 42 millions de dollars à ce programme clef de l'exploration spatiale. Il souhaite également couvrir les frais récents liés aux programmes des sondes Deep Impact (+15,2 millions de dollars) et Swift (+3,1 millions de dollars). La NASA réaffirme que les programmes d'exploration spatiale tels le CEV (Crew Exploration Vehicle) et Prometheus pour la propulsion nucléaire restent hautement prioritaires dans sa stratégie. Ces transferts de fonds se font au détriment du projet de réparation du télescope Hubble, de la Station Spatiale Internationale (-160 millions de dollars), des perspectives d'évolutions de la navette spatiale (-100 millions de dollars) et d'autres programmes de moindre envergure.

24 janvier 

En décembre 2004, la NASA a crée treize comités stratégiques chargés de mettre en ouvre la Vision pour l'Exploration Spatiale. Leur mission se concrétise ce mois-ci avec de nombreuses conférences et réunions. Un point d'avancement intermédiaire sera réalisé en mars et les comités devront rendre leurs conclusions en milieu d'année. Celles-ci devront en particulier inclure, pour chaque mission d'exploration, une hiérarchisation des priorités, les principales étapes-clés, les options possibles et les dates auxquelles les décisions devront être prises, ainsi que l'identification des capacités et infrastructures disponibles. Les treize comités en question, appelés « Strategic Roadmaps », font référence aux thèmes suivants : exploration robotique et humaine de la Lune, exploration robotique et humaine de Mars, exploration robotique du Système Solaire, recherche des planètes extrasolaires, exploration de l'Univers, systèmes de transport dédiés à l'exploration, retour en vol de la navette et transition vers le prochain système de transport, utilisation de l'ISS pour la recherche biomédicale, systèmes nucléaires, sciences de la Terre, étude du système couplé Terre-Soleil, technologies aéronautiques (notamment pour l'étude de l'atmosphère de la Terre et d'autres objets du Système Solaire) et enfin Education. Les comités sont constitués de membres venant des agences gouvernementales -NASA en premier lieu-, de l'industrie et de la communauté scientifique académique.

30 janvier 

Dans une RFP (Request for Proposals) publiée fin 2004 et complétée en janvier dernier, la NASA précise son plan de développement du Crew Exploration Vehicle (CEV) et fournit aux industriels des premiers éléments de travail. Dans le cadre du vaste programme Constellation, la NASA a choisi une approche de développement en trois étapes successives : les « spirales ». La spirale 1 inclut le développement du CEV permettant des missions en orbite basse, d'un lanceur lourd dédié et des systèmes sol adéquats. La RFP précise que la masse du CEV au lancement ne devra pas excéder 20 tonnes. La NASA prévoit un vol de qualification non habité en 2008. A cette date, elle sélectionnera parmi les industriels en concurrence, une seule équipe chargée de réaliser un vol habité en 2014. La spirale 2 validera le CEV pour les missions lunaires à l'horizon 2015-2020. Le véhicule devra être compatible avec deux autres éléments, également à développer : le Earth Departure Stage (EDS), système de propulsion capable d'amener le CEV de l'orbite basse terrestre jusqu'à l'orbite lunaire, et le Lunar Surface Access Module (LSAM), qui permettra à l'équipage d'atteindre la surface et d'y vivre pendant un minimum de quatre jours. Après 2020, la Spirale 3 apportera les éléments supplémentaires nécessaires à des missions lunaires de plusieurs mois. 

Février 

Lockheed Martin annonce la création d'un partenariat dans le cadre de la compétition pour l'attribution du contrat du CEV. Celui-ci regroupe l'européen EADS ST et les américains Orbital Sciences, United Space Alliance, Honeywell et Hamilton Sundstrand. Le principal concurrent devrait être Boeing qui s'est pour sa part associé à Northrop Gruman. L'objectif de la NASA est de sélectionner au moins deux compétiteurs d'ici septembre, qui devront chacun démontrer leur concept d'ici 2008, base sur laquelle sera fait le choix du contractant qui se verra confier le développement. 

Avril 

Michael Griffin est entendu par le Comité du Sénat en charge de la NASA, dans le cadre d'un processus qui devrait très probablement conduire à la confirmation de sa nomination à la tête de l'agence dès la semaine prochaine. M. Griffin a clairement fait savoir que le programme de la Station Spatiale Internationale (ISS), et de la Navette qui lui est associé, ne constituait plus aujourd'hui le pilier du programme de vol habité des Etats-Unis. Tout en réaffirmant que les engagements auprès des partenaires internationaux de l'ISS seront maintenus, M. Griffin place l'exploration humaine au-delà de l'orbite basse comme une priorité de la NASA et insiste sur le rôle prééminent que doivent tenir les Etats-Unis dans cette entreprise. Ce but doit selon lui être atteint en restaurant l'indépendance d'accès à l'Espace des Etats-Unis au plus vite après le retrait de la Navette, au plus tard en 2010, par une accélération du développement du Crew Exploration Vehicle (CEV). De plus, M. Griffin conteste que la NASA puisse devenir une Agence ayant pour mission unique l'Exploration Spatiale. Il a mis en avant la richesse des missions robotiques d'exploration du Système Solaire et d'observation de l'Univers en cours et planifiées, ainsi que l'importance des activités aéronautiques. M. Griffin envisage en outre de reconsidérer l'option d'une mission de réparation du télescope Hubble à l'aide de la Navette après le succès de son retour en vol, et écarte définitivement une mission robotique. 

9 mai

Sous l'impulsion de son Administrateur nouvellement nommé Michael Griffin qui souhaite disposer du Crew Exploration Vehicle (CEV) au plus tôt après le retrait de la navette, la NASA décide de sélectionner dès 2006 une seule équipe pour le développement du programme. Les deux groupes candidats, l'un mené par Lockheed Martin et l'autre par Northrop Grumman, ont remis leurs propositions prévoyant le vol d'une version prototype en 2008. Alors que Northrop Grumman préfère rester discret sur sa solution technique, le concept de Lockheed Martin consiste en un véhicule de 10 mètres de long environ, capable d'emporter un équipage de six astronautes ou environ 2300 kilogrammes de cargo vers la Lune dès 2014. Celui-ci utiliserait pour atterrir un système d'airbags et de parachutes. Des modifications de concepts préliminaires sont à attendre d'ici 2006, car la NASA spécifie désormais que le CEV devra assurer la desserte de la Station Spatiale Internationale dès 2010 pour des missions habitées (avec un équipage de maximum six personnes) ainsi que pour des missions cargo. Les fonds engagés par chacune des deux équipes s'élèvent jusqu'à présent à environ 20-30 millions de dollars, et le contrat de développement qui sera accordé en 2006 est estimé à 1 milliard de dollars. 

La société privée Transformational Space (t/Space), créée en 2004 pour répondre aux nouveaux besoins de la NASA dans le cadre de son programme d'Exploration Spatiale, lui propose une solution alternative aux projets en cours afin d'emporter un équipage de quatre à six personnes en orbite basse. Le véhicule de t/Space, appelé Crew Transfer Vehicle ou encore CXV, permettrait d'atteindre la Station Spatiale Internationale dès 2008 ainsi que le Crew Exploration Vehicle (CEV), développé par la NASA pour réaliser des missions lunaires et qui resterait en conséquence stationné en orbite basse. Le concept du CXV s'appuierait sur des solutions techniques déjà existantes : un système de propulsion mixte avion-lanceur et une capsule habitée permettant une rentrée atmosphérique. Le lanceur serait basé sur un propulseur à ergols liquide oxygène-propane de type QuickReach développé actuellement par la société soeur de t/Space, AirLaunch, pour les besoins du programmes Falcon de l'US Air Force et sous contrat de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency). La capsule reprendrait un concept utilisé pour le programme de surveillance militaire américain Discover/Corona afin de ramener sur Terre des enregistrements d'images satellitaires. La construction de la structure du CXV serait confiée à la société Scaled Composite, responsable du développement du SpaceShipOne, et dont le fondateur Burt Rutan travaille désormais pour t/Space. La proposition de développement soumise à la NASA s'élève à 400 millions de dollars. 

13 mai 

Michael Griffin, le nouvel administrateur de la NASA plaide avec force au Sénat américain pour accélérer la construction du successeur de la navette tout en soulignant que cet objectif prioritaire pourrait nécessiter de sacrifier d'autres programmes. Il est évident que la NASA ne pourra pas tout faire et plusieurs missions devront être remises à plus tard ou éliminées pour pouvoir payer pour les missions que le Président et le Congrès ont jugé prioritaires a-t-il expliqué devant une sous-commission budgétaire du Sénat.
M. Griffin, scientifique de haut niveau, a répété qu'il était inacceptable d'avoir un fossé de quatre ans entre la mise en retraite des navettes spatiales en 2010 et le premier vol de son successeur, le CEV (crew exploration vehicle), en 2014 comme prévu dans le programme dont il a hérité.
La mise en retraite des navettes est souhaitable avant avant qu'un autre accident ne se produise. La NASA a reporté la reprise des vols à trois reprises. Le lancement de Discovery est désormais fixé au 13 juillet, premier jour d'une fenêtre de tir de trois semaines.

Griffin a expliqué, devant la presse, que le CEV devait être sûr, simple (techniquement) et prêt dès que possible. Il a aussi concédé ignorer encore quel serait le coût supplémentaire pour accélérer la mise au point du CEV, actuellement au premier stade de conception. Il a prévu de soumettre un plan détaillé au Congrès en juillet. Parmi les autres programmes pouvant être gelés ou retardés pour dégager des fonds pour l'accélération de la construction du CEV, il a cité des recherches dans la station spatiale internationale (ISS) sur les séjours lunaires prolongé et la vie sur Mars, qui limiteraient le nombre de vols nécessaires de la navette pour y transporter les équipements. L'administrateur a indiqué que l'agence prévoyait 18 vols de la navette pour terminer l'assemblage de l'ISS ainsi que dix autres vols supplémentaires, dont cinq pour approvisionner les astronautes et scientifiques restant bord de la station orbitale. Sans un véhicule pour remplacer la navette après 2010, les Etats-Unis dépendront alors d'autres pays, comme aujourd'hui de la Russie, pour envoyer des astronautes dans l'espace, une perspective que de nombreux élus du Congrès américain ne paraissent pas juger souhaitable. 

19 mai

Michael Griffin présente devant le comité concerné du Sénat ses grandes priorités, confirmant sa volonté de disposer du nouveau véhicule de transport spatial habité CEV (Crew Exploration Vehicle) le plus tôt possible après le retrait du service de la Navette spatiale. Si ce point semble emporter l'adhésion, il est toutefois financé au détriment d'autres programmes de la NASA comme celui de la Station ISS qui préoccupe en particulier le Congrès. Sur les 28 vols Navette initialement planifiées par la NASA pour finaliser l'ISS, Michael Griffin propose d'en conserver au maximum 18, ceux-ci étant nécessaires à l'assemblage d'éléments qui ne peuvent être acheminés par d'autres moyens. Sur les vols restants, 5 concernaient des vols purement logistiques et 5 étaient dédiés à la réalisation d'expériences scientifiques. Afin de faire l'économie de ces 10 vols, la NASA prévoit d'une part de recourir à d'autres capacités de lancement comme les vaisseaux cargo japonais et européens, et d'autre part de suspendre certaines missions purement scientifiques. Cette action est déjà visible dans le budget NASA de l'année en cours, dans lequel les activités de recherche biologique et physique à bord de l'ISS ont subi une coupe de 130 millions de dollars.

9 juin

La Chambre des Représentants au Congrès vote le budget NASA pour l'année fiscale 2006, d'un montant total de 16,5 milliards de dollars. Le financement accordé est supérieur de 15 millions par rapport à la demande déposée par la NASA et de 275 millions par rapport au budget 2005. Le budget approuvé restaure un niveau de financement identique à 2005 pour les activités aéronautiques et scientifiques de l'agence américaine, en injectant respectivement 54 et 40 millions de dollars supplémentaires à ces deux lignes budgétaires. Alors que le programme Navette est financé à hauteur de 4,5 milliards de dollars conformément à la demande de la NASA, l'activité Exploration fait l'objet d'une coupe budgétaire de 50 millions et se voit attribuer 3,1 milliards de dollars. Le Sénat votera à son tour le budget NASA prochainement.

16 juin 

Alors que les constructeurs Boeing et Lockheed Martin ont décidé d'allier sur le court terme leurs activités de lanceurs EELV (Evolved Expendable Launch Vehicle) dans la joint-venture United Launch Alliance, les deux constructeurs travaillent en parallèle sur des concepts d'amélioration de leurs lanceurs respectifs Delta 4 et Atlas 5 afin de mettre en orbite le Crew Exploration Vehicle (CEV) de la NASA. Afin de remplir la spécification requise pour de futures missions lunaires du CEV, Boeing propose deux options pour augmenter les performances de Delta 4 : une modification de son étage supérieur RL-10 ou de son premier étage RS-68, en remplaçant notamment sa tuyère actuelle en matériau ablatif par une solution plus légère. La version lourde du lanceur Atlas 5, quant à elle, pourrait être constituée d'un étage supérieur Centaur plus puissant, équipé d'un ou plusieurs moteurs RL-10. Toutefois, l'Administrateur de la NASA a pour l'instant exprimé sa préférence pour un lanceur lourd dérivé du système Navette, tel que le propose la société ATK. Il rencontrera prochainement le Secrétaire de la Défense Donald Rumsfeld avec lequel une décision commune au sujet des lanceurs lourds pourrait être prise. La NASA accorde un contrat de conception du futur véhicule de transport spatial habité, le CEV (Crew Exploration Vehicle) aux deux équipes en lice, l'une menée par Lockheed Martin et l'autre par Boeing et Northrop Grumman. Cet accord, de 28 millions $ correspond à la première phase de la stratégie d'acquisition du CEV de la NASA. La deuxième phase couvrant le développement final et la production devait initialement débuter en 2008 avec la sélection d'une unique équipe contractante. En raison des pressions calendaires à la NASA, la sélection interviendra finalement dès 2006. 

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Lockheed Martin est quand à lui associé à EADS SPACE Transportation, United Space Alliance, Honeywell, Orbital Sciences, Hamilton Sundstrand et Wyle Laboratories.

Lockheed étudie une sorte de mini shuttle capable de transporter 6 hommes et leurs équipements similaire au OSP annulé. Le CEV comprend plusieurs modules en orbite basse LEO et des véhicule habités pour la lune. Le système de sauvetage en vol est similaire à Mercury, Apollo et Soyouz par fusée. Pour le lancement, les astronautes sont dans le Rescue Module protégé par un bouclier thermique en carbone renforcé. Le RM fait partie de la moitié supérieure du module d'équipage Crew Module qui comprend le RM et le reste du véhicule ailé. Le CM accueille 4 astronautes. En cas d'urgence le RM se sépare du CM.

Le module mission Misson Module est ajouté au CEV pour les missions lunaires. Un module moteur Trans-Earth Injection Module (TEIM) assure la propulsion vers la lune et le retour sur terre (deux moteurs RL10). Le CEV de Lockheed sera lancé séparément en trois fois par des lanceurs EELV. 

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Northrop Grumman est associé à Boeing ainsi que Alenia Spazio, ARES Corporation, Draper Laboratory et United Space Alliance. Aucun détail n'a été communiquer sur leur concept. Néanmoins, il devrait s'inspirer des cabines Apollo. 

L'ancien administrateur de la NASA O Keefe voulait un développement du CEV en deux phases, une phase de conception et de démonstration avec la sélection d'un seul contractant et une phase pour la construction. Mike Griffin demande à accélérer le développement et proposera un Call for Improvents, appel d'offre après le désistement de ESAS pour Boeing et Lockheed-Martin. Les résultats seront connue en mars 2006.

Le 21 juin

Le Sénat introduit un nouveau projet de loi qui contraint la NASA à maintenir la Navette spatiale en service tant qu'elle n'aura pas démontré sa capacité à effectuer des vols habités avec le Crew Exploration Vehicle (CEV). Les Sénateurs Hutchison (Texas) et Nelson (Floride) sont de fervents avocats de ce projet, exprimant la nécessité pour les Etats-Unis de disposer d'un moyen d'accès habité à l'Espace ininterrompu. Ce projet de loi va à l'encontre des intentions de Michael Griffin, l'Administrateur de la NASA, qui n'a pas fait des vols de qualification du CEV une condition pour arrêter le programme Navette. M. Griffin s'attache toutefois à accélérer le développement du CEV afin de réduire au minimum la période d'interruption des vols spatiaux habités américains. Selon lui, la NASA ne dispose pas des ressources budgétaires suffisantes pour répondre aux exigences du projet de loi, c'est-à-dire faire voler la Navette tout en développant et testant le CEV. La position du Sénat ne va pas davantage dans le sens de la Chambre des Représentants, qui propose un projet de loi fixant au 31 décembre 2010 la date du dernier vol Navette possible, sans lien avec la mise en service du CEV. Les deux chambres du Congrès devront donc tomber d'accord avant de faire signer au Président Bush la prochaine loi d'autorisation des activités NASA, qui sera la première mise au point depuis l'annonce de la Vision pour l'Exploration Spatiale. 

 

DE NOUVEAUX LANCEURS

1er juillet

Suite aux études Exploration Systems Architecture, la NASA décide de développer deux lanceurs dérivés du Shuttle pour lancer le CEV. Deux projets sont en étude exploitant les éléments du STS, l'un pour lancer des éléments de grande taille et l'autre le véhicule habité. 

Le lanceur "lourd" SDLV Shuttle Derived Launch Vehicle sera "stacké" verticalement à partir d'un réservoir externe modifié équipé de 6 moteurs SSME Block 2 dans un premier temps puis trois moteur RS 68 par la suite. L'association de plusieurs types de moteurs permettra d'aller sur Mars. Le second étage sera rallumable en vol. Une large coiffe recouvrira le tout. Cette configuration a été préféré au Shuttle C proposé dans les années 80-90, associant un stack SRB-ET et une "soute cargo" à la place due l'Orbiter à cause des limites de la charge satellisé tant en taille qu'en masse. Le lanceur du CEV, le Crew Launch vehicle CLV sera basé sur un booster SRB à 5 segment surmonté d'un étage liquide et du CEV.

Tous les éléments de cette étude devraient être validé à la fin du mois de juillet. La NASA ayant décidé de réduire le nombre de vols STS à destination d'ISS, il devient impératif d'avoir un nouveau système de lancement d'ici 2010 afin de continuer à occuper la station. Depuis l'annonce de la Vision for Space Exploration du Pt Bush, les spéculations sur l'utilisation des lanceurs EELV Atlas et Delta pour lancer le CEV allaient bon train. Afin d'être sur d'avoir le marché, Boeing et Lockheed s'étaient associés pour créer United Launch Alliance combinant leurs productions, leurs études, leurs tests et leurs essais sur les lancements gouvernementaux de leur lanceurs lourds. Avec cette annonce d'un lanceur dérivé du Shuttle, ce marché va probablement se réduire.

CLV, DERIVES DES SRB

Deux séries de boosters dérivés des SRB sont en étude. Ils seront récupérables, équipés d'un nouveau système de séparation et d'un étage supérieur liquide rallumable. Une version à 4 et 5 segment SRM est proposée.

Trois étages supérieurs sont "candidats", un équipé de moteurs SSME, J2 ou le AJ26-60 (russe dérivé des moteurs du NK 43 des N1). La charge utile sera de 20 tonnes en LEO avec la version 4 segments et 25 avec celle à cinq. 

Ce concept demandera de nombreuses modifications des installations au sol, comme une nouvelle MLP.

 

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SDLV, LES DERIVES DU SHUTTLE

Deux configurations dérivées du réservoir externe ET sont proposées, le "side mount" contre le "in line", ce dernier étant plus sécurisant pour les astronautes et le CEV. Le lanceur "side mount" habité demanderait le développement d'un cargo de 25 m sur 6,5 m renfermant le CEV. La version cargo remplace le CEV avec un cône au sommet. Pour les vols habités, il devra utilisé un pod dérivé des OMS du Shuttle.  

La version lunaire du "side mount" utilisera des boosters SRB à 5 segments, des nouveaux pods OMS, et un étage supérieur cryogénique. La capacité en orbite sera de 20 à 30 tonnes en LEO. La version "side" n'aura pas besoin de beaucoup de modifications des installations au sol contrairement à la version "in line".

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Août 

La NASA a décidé d'abandonner le concept d'avion spatial attaché au lancement à un réservoir externe pour revenir à une architecture « en ligne », c'est-à-dire un lanceur surmonté soit d'un véhicule cargo soit d'une capsule habitée. Ce choix permettra de s'affranchir du problème de chutes de débris potentiellement dangereux ayant affecté le système Navette lors de ses récents décollages. La version cargo des futurs lanceurs sera capable d'emporter en orbite basse une charge utile de 125 tonnes au maximum, une performance similaire à celle du lanceur Saturn 5 de l'ère Apollo. Elle sera basée sur les technologies du système STS mais disposera d'un nouveau moteur d'étage supérieur appelé Earth Departure Stage pour effectuer les missions vers la Lune. Son développement est prévu entre 2010 et 2018. 

Concernant la version habitée, la NASA prévoit deux étapes dans le développement du Crew Exploration Vehicle (CEV). Les premières versions seront lancées à partir d'un système dérivé des boosters de la Navette et dédiées à la desserte de la Station Spatiale Internationale pour un équipage de trois personnes. La NASA envisagerait désormais sa mise en service dès 2011, soit seulement un an après le retrait prévu de la navette spatiale. Les versions futures dédiées aux missions lunaires ont une architecture semblable à celles des modules Apollo, avec une taille deux fois plus grande. Un autre véhicule permettrait de relier le CEV en orbite autour de la Lune et la surface lunaire avec à son bord un équipage de quatre personnes. Pour mettre en ouvre cet ambitieux programme d'exploration, la NASA a estimé un budget de 217 milliards de dollars jusqu'à 2025. Cela représente environ 50% du budget NASA sur vingt ans si le Congrès lui accorde sur cette période une enveloppe d'environ 20 milliards par an. Ce plan dépendra toutefois d'un choix politique et nécessitera le soutien continu des futures Administrations américaines et du Congrès.

Septembre

Le congrès va recevoir le résultat des études menées par la NASA sur la poursuite de l'assemblage de la Station Spatiale Internationale (ISS) et des projets d'architecture des systèmes d'exploration. La NASA a préparé de nouvelles spécifications au sujet du CEV afin d'améliorer les propositions faites par les deux équipes en compétition, Lockheed Martin et Northrop Grumman/ Boeing et de rendre définitif le concept retenu. Concernant le CLV, elle envisage de soumettre un appel d'offres cet hiver pour développer un nouvel étage supérieur cryotechnique. Le premier étage sera quant à lui propulsé par un moteur SRB (Solid Rocket Booster), une technologie déjà utilisée sur la Navette et produite par ATK Thiokol. Le Congrès accorde également une attention particulière à la transition entre le système Navette, qui sera retiré au plus tard en 2010, et le système CLV-CEV que l'Administrateur de la NASA Michael Griffin souhaite mettre en service dès que possible avant 2012. En parallèle, l'agence spatiale américaine envisage d'assurer le transport des équipages et du fret vers et depuis l'ISS en s'appuyant sur des véhicules commerciaux à développer. Par ailleurs, la NASA et ses partenaires internationaux devront s'accorder sur la configuration finale de l'ISS. 

2005 partie 2