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CHRONOLOGIE
SPACE SHUTTLE

L'ACCIDENT DE CHALLENGER, L'ENQUETE

Le 29 janvier, les équipes de recherche embarquées dans 8 bateaux et 9 avions ont récupéré 360 kg de débris de Challenger. Aucun vêtements ni effets personnel de l' équipage n' a été retrouvés. Un objet en forme de cône ressemblant à la pointe avant d' un booster a été repéré. 
les experts commencent à étudier les donnés informatiques sur le déroulement du vol afin de visualiser si le problème est consécutif à l' explosion du réservoir externe. Le directeur du KSC Richard Smith révèle que c' est l'Air Force qui a commandé la destruction des boosters après l'explosion afin d'éviter leur retombée sur des zones habitées. Les gardes cotes ont ainsi concentré leur recherche sur les éléments flottants entre 9 et 60 m de fond.  
Elmer Thomas un ancien ingénieur de la NASA de 69 ans est mort suite à une attaque consécutive à la vision de l'explosion de Challenger. 
Près de 1800 journalistes radio, TV et de la presse écrite ont envahit le centre Kennedy depuis l' accident. 

Les jours qui suivent sont marqués par une tentative de " cover up " autrement dit de dissimulation. Les responsables de la NASA ne donnent aucune information et prétendent ne pas en avoir. Ils manient la langue de bois. Les compagnies et les sous traitants de l'agence ont ordre de se taire.

Mais les journalistes Américains cherchent, interrogent le personnel sous le couvert de l' anonymat et les langues commencent à se déliées. C' est par la presse que l' on apprend le soir de l'accident qu' il avait un sérieux problème de température. La radio NBC, le 30 janvier désigne comme coupable les joints du booster droit. Le News York Times confirme et amplifie l'information. Les gardes côtes ramènent une pièce du fuselage (où l'on peut lire "rescue"), un morceau de l'avant de l'aile droite,  ainsi que d' autres provenant du cockpit. Plusieurs dizaines de débris flottent toujours près de l' océan le long de la "space coast" dans une zone allant de Cocoa Beach au Sud à Daytona au Nord. Ainsi récupérés ils serviront à reconstruire l' Orbiter dans un hangar afin d' élucider les causes de l' explosion comme cela se fait avec les avions commerciaux. Aux premiers navires et avions engagés, d' autres sont venus se joindre portant le total à 13 bateau et 13 avions. Sont ramenées à terre, des morceaux de tuiles thermiques, le "body Flap", la dérive verticale et les portes de la soute. 
31 janvier, deux sous marins équipés de caméra "grand angle" sont envoyés en mer pour examiner un objet de grande taille probablement la cabine de l' équipage.  
De nombreux endroits sur le KSC restent fermés, avec notamment le complexe 39 B, le MLP 2 qui a lancé Challenger le 28 et les deux salles de tir du LCC. Le travail dans les hangars sur les trois autres Orbiter sont en cours d' achèvement et ne reprendront pas avant le 3 février au matin. Pas de licenciement sont prévu chez les 5000 employés de Lockheed Space Operation, le principal contractant du centre. Seul les horaires sont revus à la baisse, le personnel ne travaillant désormais que 5 jours par semaine.    

1er février, la NASA consent à présenter le soir une série de photo montrant une vive lumière blanc orangé sur la partie inférieure du booster, 14 secondes avant l' explosion. Le patron de la NASA William Graham n' est pas sur qu' il s' agissent d' une flamme, les boosters sont considérés comme " virtuellement infaillibles ".

     
   

KSC, une cérémonie est donnée près du bâtiment d' assemblage en mémoire des astronautes disparus.  
La NASA communique un calendrier officieux des vols avec la mission 26 pour lancer la sonde Galileo en mai avec Atlantis, la mission 27 pour le télescope Hubble en août et la mission 28 en novembre pour le DoD.

Le 2 février, le New York Times annonce qu' il n' existe aucun moyen pour les ordinateurs de bord de détecter une fuite de gaz enflammés dans un booster. De même, il n' existe aucun moyen de sauver l' équipage pendant les deux premières minutes du vol. Graham affirme le contraire, l' Orbiter aura pu se séparer des booster et du réservoir et revenir atterrir au KSC, manœuvre RTLS, jamais tentée ni même simulée et impossible à réaliser selon certains.
Un objet de forme conique faisant partie du réservoir externe est repêché et ramené à terre confirmant une hypothèse quand à la culpabilité des boosters dans l' accident. Le nez d' un des boosters est récupéré intact avec son mécanisme de séparation, ce qui confirme que l' équipage n' a pu séparer les boosters, c' est l' explosion qui les a fait dévier de leur course, ils ont été détruit à la 100 eme seconde par les officiers de sécurité.

Peu à peu le scénario de la catastrophe se précise : 
- T+ 59,82 s, un panache apparaît sur le coté du booster droit ; Au fur et à mesure, ce panache devient flamme avec la vitesse (0,7 km/ s) et il commence à lécher le réservoir. 
- T+71,37 s, le réservoir est attaqué ;
-T+ 72,77 s, le réservoir est percé, l' hydrogène gazeux s' échappe et commence à brûler au contact de l' air ; Au même moment, l' oxygène jaillit du réservoir ; 
- T+ 72,84 s, le réservoir se déchire ; 
- T+ 72,85 s, il explose ; 
- T+ 72,87 s, le rayonnement atteint l' Orbiter, c' est par l' avant qu' il l' atteint, les portes de soute sont emportées ; 
- T+ 72,98 s, les réservoir de l' étage IUS explose de même que les réservoirs des OMS. Le nez reste entier pendant une seconde ; 
- T+ 74,23 s, les réservoirs avant du système RCS explosent ;

3 février, le président Reagan nomme une commission d' enquête chargée d' élucider les causes et les circonstances de l' accident et d' y apporter remèdes. Cette commission doit remettre son rapport le 6 juin prochain, elle est présidée par William Rogers, ancien secrétaire d' état (ministre des affaires étrangères), âgé de 74 ans. Il ignore tout des affaires spatiales, mais est réputé pour son bon sens. A ses coté :
_ Neil A. Armstrong, Vice président, ancien astronaute de la NASA, il est le premier homme à marcher sur la lune en 1969, ancien professeur jusqu' en 1980; 
_ David C. Acheson, ancien Senior Vice Président Général de Communications Satellite Corporation (1967-1974); 
_ Dr. Eugene E. Covert, professeur au MIT et ingénieur; 
_ Dr. Richard P. Feynman, physicien et professeur au Caltech; 
_ Robert B. Hotz, écrivain ancien directeur de la revue "Aviation Week & Space Technology; 
_ Major Général Donald J. Kutyna, USAF; 
_ Dr. Sally K. Ride, astronaute, STS 7 en juin 1983, puis mission 41 G en 1984; 
_ Robert W. Rummel, ancien vice Pt de la TWA, expert aérospatial; 
_ Joseph F. Sutter, ingénieur aéronautique; 
_ Dr. Arthur B. C. Walker, Jr, astronome et professeur à Stanford; 
_ Dr. Albert D. Wheelon, vice pt de Hughes Aircraft cie; 
_ Brigadier Général Charles Yeager, USAF (retraité), ancien pilote d' essais, premier à franchir le mur du son sur le Bell X1 ; 
_ Dr. Alton G. Keel, Jr., directeur général ;

La commission ainsi constituée ne va pas chercher des coupables proprement dits mais s' afférer à rendre les futurs vols habités plus sûr. Une attention particulière va être porter sur les témoignages des astronautes. Elle va travailler comme au bon vieux temps du Watergate avec des audiences publiques, des enquêtes sur place à Houston, au centre Kennedy. Mais les gens de la NASA sont toujours aussi discret.
Heureusement la presse commence à faire sauter les verrous du silence un à un. Peu à peu l' image de l' agence spatiale se fane, se ride et fini par se crever. La commission en arrive à la conclusion que non seulement la NASA n' aurait pas dû procéder au lancement de Challenger, mais qu' elle aurait dû arrêter l' ensemble du programme Shuttle 6 mois plus tôt. De nombreuses voix s' élèvent pour dénoncer le programme et son arrêt.

Parallèlement , les gardes côtes ont cessé leur recherches de surface pour tenter de retrouver des débris de la navette flottant sur l' Atlantique. Quelques 12 tonnes ont ainsi été récoltés en 10 jours dont des casiers de rangements du Middeck et des morceaux de casques d'astronautes. Les recherches vont maintenant se poursuivre sous la mer, avec notamment la récupération des boosters.  

Le 4 février, le booster droit a été localisé, il pourra apporter des réponses sur l' accident. 

C' est par la presse que l' on apprend que les boosters sont le talon d' Achille des navettes. L' agence savait que la déficience d' un seul joint serait fatale. Aucune disposition n' avait été prise pour remédier ce problème, au contraire, la masse des boosters a été réduite pour augmenter la charge utile. Poussé par la concurrence, la NASA a accéléré le rythme d' inspection et de contrôle. Le 28 janvier, elle passe outre la décision de ne pas lancer Challenger formulée et signée par Rockwell et Thiokol.

7 février, selon une source proche des équipes de récupération, la cabine de l' équipage de Challenger serait intacte au fond de l' océan. D' autre part après analyses des milliers de pages sur le "processing" de Challenger 51 L, rien n' a été trouvé de suspect sur l' assemblage du véhicule.    

9 février, on apprend que lors de la dernière mission de Columbia en janvier (61 C), les joints des boosters SRB se seraient érodés comme probablement sur Challenger le 28 janvier dernier. d' autres vols auraient eux aussi connus des problèmes de joint depuis 1981.   

Le 10 février, selon le " Harford Courtant " Challenger a subi 1800 vérifications de moins que la normale, et ceci en raison de la nouvelle politique de la NASA. Les techniciens vérifient eux même leur travail, alors qu' avant des inspecteurs étaient là. Mais cela n' incrimine pas les responsables de l' agence dans une erreur d' exécution.

Les témoignages commencent à huit clos quand la commission commence à apprendre la troublante histoire des joints des boosters SRB. Les membres de la commission découvrent la première indication comme quoi la Morton Thiokol était contre le lancement du 28 janvier à cause des effets de la température extrêmement basse ce jour là au centre spatial sur les joints des boosters.

Le 13 février, visionnant les films du lancement au KSC, la commission met en évidence le mauvais fonctionnement des joints des boosters SRB sensé assurer l' étanchéité des fusées. Selon les paramètres des ordinateurs, le second joint a cédé alors que Challenger se trouvait à 6500 m d' altitude, à environ 1200 km/ h, commençant à brûler son attache inférieure qui en cédant à heurter le réservoir externe, le faisant exploser. 

La commission Rogers au KSC dans le VAB devant le stack STS 61 G.
Ci dessous le Pt Rogers et Robert Sieck directeur du KSC

14 février, la commission d' enquête peaufine le scénario de la catastrophe milliseconde par milliseconde suite à deux jours d' investigations au KSC: 

_ T+ 0,445 s, Challenger commence à s' élever, un panache de fumée noire apparaît sur le flanc du booster droit. Il est observé durant 12 secondes par la caméra E60 située au N-E; 

       

Images caméra D67

_ T+ 58 s, la fumée est à nouveau visible ; 
_ T+ 59,249 s, le panache devient flamme, la pression du booster droit tombe légèrement, le booster gauche essaie de compenser ;

       

Camera E207

   

_ T+ 62,484 s, Challenger essaie de corriger sa trajectoire, avec le volet droit ; 
_ T+ 63,924 s, les ordinateurs demandent à deux des trois moteurs SSSME de compenser la perte de puissance du booster droit ; 
_ T+ 65,524 s, même manœuvre ; 
_ T+66,147 s, des points brillants et un long arc apparaissent le long du booster droit ; 
_ T+ 72,010 à 72, 081 s, Challenger est violemment secoué, elle avance en crabe ; 
_ T+ 72,141 s, début de destruction de Challenger ; 
_ T+ 72,2 l' attache du booster droit cède, la fusée toujours tenue par l' attache avant pivote perfore le réservoir d' oxygène externe, sa base entre en collision avec l' aile droite de l' Orbiter et l' arrache net. 
_ T+ 73,201 s, une flamme entre l' Orbiter et le réservoir externe ; 
  

   

   

Camera E201

_ T+ 73,226 s, explosion du réservoir externe, le dôme arrière est éjecté créant 1300 tonnes de poussée en plus ; 
En un éclair, le véhicule se volatilise, dernier dialogue de Michael Smith, " Uh, Oh ". Challenger est à 14 km d' altitude et à 29 km du Cap. Il est 11 heures 39 minutes 13 s et 641 millième de secondes.

           

   

Le Shuttle se déchiquette en 14 fragments de grande taille. Sur les films on aperçoit bien la queue de l' Orbiter avec les moteurs qui fonctionnent encore, une aile et la partie avant abritant l' équipage. Les deux boosters sont éjectés par l' explosion et poursuivent leur course sans but. Ce n' est qu' a la 110 eme seconde qu' ils seront détruits par les officiers de sécurité.     

   

    

Les auditions avec la NASA et les contractants ont pour but les discutions du 27 janvier sur le lancement de Challenger. Suivant cette audition, le Pt de la commission découvre que le processus de lancement a peut être été défectueux notamment dans le chargement du réservoir en carburant cryogénique qui aurait pu fragiliser les joints des boosters. L' administrateur par intérim de la NASA le Dr William Graham a demandé d' exclure le personnel et les équipes de la NASA qui ont participé au processus du lancement. La seule certitude de la commission est que l' Orbiter n' est pas responsable de l' accident.

Pour continuer son enquête, la commission se scinde en quatre groupes : 
_ Développement et production, responsable des acquisitions, tests des éléments du Shuttle ; 
_ Activités pré-lancement, responsable du processing du Shuttle, revue d' aptitude au lancement et de la sécurité ; 
_ Planification des missions, responsable des recherches sur les missions planifiées et la sécurité des équipages ; 
_ Analyse de l' accident pour à l' aide des données de vol développer un scénario de la catastrophe ; 
Après approbation devant le congrès, les groupes de travail arrivent au centre Marshall, KSC et Morton Thiokol pour commencer les analyses de l' accident.

On apprend également que à 12 reprises les joints ont connu des problèmes depuis 1981. Seule la présence d' un second joint a permis d' éviter le drame, sauf le 26 janvier dernier. Les joints étaient classés " risque 1 " par la NASA depuis un rapport de février 1983. 

La NASA annule la mission de Columbia avec le laboratoire astronomique Astro 1 pour aller rejoindre la comète de Halley, la mission Galileo et Ulysse, ou tout au moins les retire du calendrier. Les fenêtres de tir pour Jupiter revenant tous les 13 mois, il faudra attendre juin 1987. 

Mi février, la commission d' enquête remet un premier rapport, très accusateur pour la NASA et ses responsables. Selon la revue " Aviation week ", le joint était déjà défaillant au moment de l' allumage des boosters, rendu fragile probablement par une fuite au niveau du réservoir externe ou par le grand froid régnant ce matin là.

18-19 février, la commission envoie des groupes de travail au centre Marshall, à Kennedy et chez Thiokol pour analyser les données relatives à l'accident.

18 février, William Graham devient le patron unique de la NASA à la place de Philip Culberson, affecté à un autre poste. Depuis décembre dernier, James Beggs est en congés sans solde suite à son inculpation pour fraudes au temps ou il était Pt de la General Dynamics. 
Feyman, un des membres de la commission d' enquête arrive au KSC pour inspecter les équipements infra rouge qui ont mesurer les températures sur les boosters au matin du 28 janvier. 

Le 20 février, l' astronaute Richard Truly est nommé directeur du JSC à Houston, en remplacement de Jesse Moore.

21 février, 24 astronautes se joignent aux travaux de la commission d' enquête. En effet les astronautes sont les personnes qui connaissent le mieux le Shuttle et ils sont en plus directement impliqués dans le programme et ont donc tout intérêt à ce que l' enquête se déroule le plus efficacement possible. Outre Sally ride, membre de la commission, il y a actuellement au centre Robert Crippen qui supervise la récupération des éléments du Shuttle et Richard Truly le nouveau directeur du JSC. Les 13 autres astronautes sont James Bagian, Karol Bobko, Manley Carter, Mike Coats, Robert "Hoot" Gibson, Steve Hawley, Woody Spring, Steve Nagel, Bryan O'Connor, Robert Overmyer, Brewster Shaw, William Shepard et David Walker

25, 26 et 27 février, dans une série d' auditions publiques des informations supplémentaires sur la décision de lancer Challenger sont apportées par les officiels de Thiokol, Rockwell et la NASA. Au même moment, des histoires sur les joints des boosters commencent à sortir et à attirer l' attention de la commission sur des documents concernant les relations entre Thiokol et la NASA. Des interviews individuelles sont menées sur les téléconférences entre la NASA et Thiokol la nuit précédent le lancement, l' histoire des joints (conception et problèmes), la sécurité à la NASA, la rentabilité, l' assurance de la qualité et l' assemblage du booster droit pour le vol 51L. Les recherches se focalisent sur l' organisation interne de l' agence, particulièrement sur la gestion du programme Shuttle et les allégations concernant des pressions faites pour lancer le 28 janvier.

3 mars, les missions Shuttle sont annulées pour au moins 18 mois. Ce seront des lanceurs classique qui seront chargés de lancer les satellites prévu sur la navette. 

4 mars, l' Air Force demande à ce que les pécheurs restent éloignés au large de la cote du Cap Canaveral ceci afin de faciliter les recherches des débris de Challenger. Cette décision ne devrait pas avoir de conséquence grave sur leurs affaires. La zone sera à nouveau ouverte le 1er avril.  

4 mars, une partie de la commission d'enquête, le "Pre-launch activities panel" présidée par l'astronaute Sally Ride se rend au KSC pour visiter les installations de lancement. Elle se retrouve dans le VAB ou est stocké Discovery et examine un segment SRB dans un bâtiment de stockage.

A gauche, Alton Keel, le directeur excecutif et le président Rogers au KSC Visitors.

Le groupe de travail présidée par Sally Ride restera 3 jours au KSC du 17 au 19 mars.

8 mars, la cabine avec le reste de l' équipage de Challenger est localisé au fond de l' océan par 30 m de profondeur. La NASA reste toujours très obscure sur la découverte des restes des corps.   

Le 10 mars, les restes de l' équipage de Challenger retrouvés au fond de l' océan sont ramenés à terre pour y être examinés. Le 9 mars, les familles ont officiellement été prévenus de cette découverte. Apparemment l' équipage n' est pas mort sur le coup, c' est ce qu' annonce le Dr Kerwin, un ancien astronaute de Skylab. Au moment de l' explosion, la cabine est violemment éjectée de l' Orbiter, toujours intacte. Elle a grimpé sur son lancée pendant 25 s à 20 km d' altitude. Les forces d' accélération n' étant pas suffisantes pour causer la mort des astronautes, ceux ci ont pu " survivre " à la longue chute qui a suivie avant l' impact dans l' océan à 300 km/h avec une décélération de 200 G. Selon le Dr Kerwin, l' équipage a tenté de récupérer les systèmes d' alimentation en oxygène de secours, les PEAP pour respirer à la suite de la coupure de l' alimentation générale. Quatre des 7 PEAP ont été retrouvés, 3 on été utilisés, dont 2 au ¾ et 7/8. Le Dr Kerwin et la NASA n' ont pu déterminer si les astronautes avait pu survivre pendant la chute de la cabine jusqu' à l' impact soit 2 mn 45 s. Les sièges ont été retrouvés à leur place avec leur occupants sanglés dessus avant la destruction de la cabine par l' impact.
En conclusion, la NASA ne connaît pas les circonstances exacte de la mort de l' équipage. Les forces pendant la destruction de challenger n' ont pas été suffisantes pour causer leur mort. Enfin, l' équipage a probablement perdu connaissance au moment de la dépressurisation de la cabine après sa dislocation du reste du vaisseau.

Après les médias et les techniciens, ce sont les astronautes qui accusent ouvertement la NASA. Sally Ride, en outre membre de la commission Rogers indique qu' elle ne revolerait pas avant de connaître les causes de l' accident. John Young, le vétéran d' Apollo et Gemini accuse lui l' agence d' avoir mis la vie des astronautes en danger délibérément. Depuis 1981, 11 astronautes ont déjà quitté l' agence spatiale. 

14 mars, la NASA publie un rapport intitulé " Strategy for safety returning the Space Shuttle to Flight Status".
 
19 mars, les quatre ordinateurs de bord de Challenger les GPC retrouvés au fond de l' Atlantique sont envoyés chez IBM  Federal Systems Division facility dans Owego, NY pour y être décortiqués afin de récupérer des données supplémentaires sur l' accident. après avoir passé plus d' un mis et demi dans l' eau de mer, ils ont été baigné dans de l' eau dé-ionizé au KSC avant leur envoi.   

25 mars 1986, constitution de l’ équipe chargée de redessiné les moteurs SRM.

Une pièce de 10 m avec le drapeau américain peint à été récupéré récemment et amenée au port Canaveral. Deux autres pièces longue de 3, 6 m et de 10 m ont aussi été récupérées.   

11 avril, huit morceaux du booster droit sont récupérés, dont une pièce de 1200 kg avec le même joint qui a lâché le 28 janvier. Cet élément est en fait la partie opposé d' ou sont sorties les flammes sur le booster.  

13 avril, la partie centrale du booster droit est repêchée, ce morceau de 2 tonnes reposait par 170 m de fond à 75 km de distance du pad. Elle montre un large trou de 20 cm situé sur la position 305° du booster près du réservoir externe. Aucun joint "O ring" n'est trouvé.

   

15 avril, au large du cap le corps du dernier astronaute de Challenger, Greg Jarvis est remonté à la surface. Son cercueil avec celui des 6 autres astronautes sont déposés dans le hangar L de Cap Canaveral où les premières autopsie sont faites. Depuis des semaines des dizaines de plongeurs s'étaient affairés autour de ce qui restait de la carlingue enfermant les 7 astronautes. La cloison qui sépare le compartiment de l'équipage du sas et de la soute a soigneusement été découpée. C'est le corps de Judith Resnik qui est remonté en premier. Lentement les morceaux de corps sont remontés en surface. Les reste de Christa Mc Aulife suivent. L'épave est tellement disloquée et tordue qu'elle devient un danger pour les plongeurs. Il faut la remonter pour "travailler" sur le pont du bateau USS Preserver. Alors que la grue tire péniblement la carlingue de sa prison, la tenue bleue d'un astronaute apparaît puis disparaît dans un tourbillon. C'est le corps de Greg Jarvis. 5 semaines seront nécessaire pour le retrouver et ainsi rendre aux familles 7 corps d'astronautes et non 6. Bob Crippen, responsable des équipes de récupération avec Bob Overmayer utilisera son propre argent pour louer un bateau et ratisser les fonds marins. Alors que les recherches vont se terminer, le dernier astronautes est retrouvé le 15 avril. Tous les restes identifiables des sept astronautes ont été enterrés dans leurs propres tombes selon les souhaits des familles tandis que quelques restes qui ne pourraient pas être  identifiés individuellement étaient enterrés dans une tombe commémorative simple à Arlington près de Washington DC.

29 avril, treize semaines après l' accident, les corps des astronautes de Challenger accompagnés par le personnel de la NASA sont déplacés du Life Science Facility de Cap Canaveral vers la SLF à 9 h du matin. Après une brève cérémonie, les sept cercueils sont embarqués dans un avion C 141 pour Dover AFB dans le Delaware. De là, ils retournent à leur famille respectives, les pilotes Scobee et Smith sont inhumés à Arlington, Resnik à Akron dans Ohio, McNair à Lake City Caroline du Sud, Onizuka à Honolulu, dans les îles Hawai, Jarvis à Mowhawk, New York et McAulife à Concord, New Hamphire.

30 avril, une grosse partie du booster droit de Challenger est retrouvée par 180 m de fond à 36 km de la cote. La pièce de 2 m sur 3 et pesant une tonne comprend la cuvette dans laquelle était placée le joint O ring mais ce dernier n' est plus en place. Un trou de 83 cm montre l' endroit de la fuite des gaz chaud qui ont détruit le réservoir. Cette nouvelle pièce confirme les théories sur la destruction de la navette le 28 janvier.  

Les plongeurs des équipes de récupération ont terminé leur effort pour récupérer les restes de Challenger. On estime que le coût global des opérations avoisine les 100 millions $. 111 tonnes de débris ont été récolté, représentant 50% des SRB, 50% du ET et seulement 30% de l'Orbiter Plusieurs parties de la charge utile, le satellite TDRS et Spartan ont été retrouvé et seront analysés.
Comme pour Apollo 1, l'ensemble des éléments ayant servit à l'enquête (120 kg de dossiers, photos, vidéos) ainsi que 42 pièces du SRB sont soigneusement emballés pour être stocké définitivement dans les silos 31 et 32 du cap Canaveral dans un an.

Mai, la NASA espère reprendre ses vols Shuttle à la mi 1987 avec 3 vols pour l' année et 3 vols pour 1988. C' est à Discovery qu' incombera la reprise des vols. Le nouveau calendrier publié en début de mois annonce : 
_ Discovery en juillet 1987 pour lancer TDRS 3 ; 
_ Columbia en septembre 1987 pour lancer un satellite du DoD ; 
_ Atlantis en décembre 1987 pour lancer la sonde Galileo vers Jupiter avec un étage Centaur; 
_ Columbia en janvier 1988 pour lancer Navstar et Skynet 4A (GB) ; 
_ Atlantis en mars 1988 pour lancer le télescope Huble ; 
_ Discovery en mai pour une mission DoD depuis la base de Vandenberg ;

Les membres de la commission ont réalisé plus de 160 interviews individuelles, plus de 35 enquêtes générant 12 000 pages de transcription. 6300 documents, totalisant 122000 pages et des centaines de photos on été examinées afin de constituer la base de données de la commission. En plus des travaux de la commission, tout le personnel de la NASA a été mis à contribution pour les recherches, 1300 employés de tous les centres NASA, 1600 personnes d' autres agences gouvernementales et 3100 personnes travaillant pour les contractants. Enfin précieuses ont été les investigations faites par les militaires, les gardes côtes et le NTSB (sécurité civile).

Le 6 juin, le rapport de la commission Rogers est remis au Pt Reagan. Les 256 pages accusent la NASA de négligence. Pour les ingénieurs, les quelques centaines de milliers de pages de rapports divers, les millions de données informatiques et les 20 tonnes de débris de Challenger permettent aux expert de la commission de décrire formellement le scénario de la catastrophe : un joint d' étanchéité sur le booster droit du Shuttle s' est érodé dès la mise à feu du véhicule, laissant sortir une flamme qui a fini par provoquer la coupure de l' attache du booster, celui ci heurtant alors le réservoir externe rempli de 600 tonnes d' hydrogène et d' oxygène liquide le faisant exploser 73 secondes après le lancement. 
En fait le rapport ne cite pas de nom, il fait simplement que des constatations sur les décisions qui ont conduits à lancer Challenger le 28 janvier. Principal accusé, le constructeur des boosters, Norton Thiokol qui n' a pas su répondre de façon adéquate à des mises en garde internes sur la possibilités des joints. La NASA n' a pas retenu le jugement de ces ingénieurs. Le centre Marshall est aussi montré du doigt pour l' isolement de sa direction et la non transmission du documents sur la sécurité du vol de Challenger. 
Désormais, les astronautes devront prendre une part active aux décisions de lancement. Enfin la politique spatiale des USA doit être revue intégralement afin de réduire le pourcentage pris par le Shuttle sur les autres lanceurs consommables.

       

La seule raison qui a fait que Challenger n'ait pas explosé sur le pad de tir tient dans l'alumine, l'oxyde d'aluminium, présent dans le propergols du booster. Cette alumine, au moment de l'allumage est venu colmaté la brèche crée par le premier joint "O ring" rétracté par le froid sur le booster droit au niveau de l'attache arrière. Des vents anormalement violent entre T+37 et 64 secondes ont disloqué temporairement l'assemblage du booster chassant l'alumine, ouvrant la voie au gaz chaud pour attaquer le second joint et finalement sortir du booster et tel un chalumeau et brûler l'enveloppe du réservoir externe. Avec la fuite d'hydrogène, la pression du réservoir baisse. A T+72 secondes, la flamme devenu panache brûle l'attache arrière du booster qui alors pivote créant une accélération à droite. T+ 73 secondes, le dôme arrière du réservoir cède. La formidable pression se transmet dans le réservoir d'oxygène au moment même où le sommet booster droit touche la zone inter réservoir.

Challenger n'explose pas contrairement aux idées reçues. La boule de feu crée par l'explosion du réservoir projette l'Orbiter vers l'avant avec une force de 20g, soit 4 fois plus que ne peut supporter sa structure

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Dessins "Science & Vie" avril 1986

 

 Dessins "Ca m' intéresse" septembre 1988

En plus du défaut du joint sur le booster droit, la commission conclut également que le processus de décision du lancement de Challenger a été partiellement occulté et négligé du fait d' informations incomplètes ou fausses émanant des divers centres et contractants engageant la sécurité de l' équipage. La décision de lancer s' est faite sur deux plans , la très basse température et ses effets sur le joint du booster et la glace sur le pad. La commission pense que ses deux éléments n' ont pas été sérieusement pris en compte dans ces décisions. Pour la préparation du lancement tous les certificats et revues d' aptitude au vol ont été suivit comme d' habitude (niveau 1 et 2). Concernant les contrôles de niveau 3 entre la NASA et les contractants, il y a eu un manque certain de communication notamment l' objection des ingénieurs de Morton sur les performances des boosters et des joints utilisé à très basse température ainsi que le silence du centre Marshall et de Morton sur l' érosion des joints lors des vols 51 C et B. Depuis 1982, les joints " O rings " sont classés " risque 1 " c' est à dire pouvant causer la perte du vaisseau et de son équipage. En juillet 1985, pour 51 B le joint primaire a été détruit et le secondaire attaqué. Dans le processus de décision, Morton a au final donner son feu vert pour le lancement probablement par pression. Même si la glace présente sur le pad ce matin du 28 janvier n' est pas responsable directement de l' accident, Rockwell aurait du interdire le lancement. La commission a estimé que le plan visant à protéger les installations de lancement contre le gel est inefficace. Si les astronautes avaient du sortir de l' Orbiter, la présence de glace sur la passerelle et la tour aurait gêné leur évacuation.

La commission d' enquête a adopté neuf recommandations soumises au Pt Reagan. De plus, elle oblige l' agence à remettre un rapport au Pt Reagan sur les remèdes à apporter a ces recommandations.

Recommandation 1 : la conception du joint des boosters à poudre SRB doit être changé ainsi que leur fixation. Il devra être enlevé ou redessiné. Le nouveau concept devra faire l' objet d' essais reflétant les conditions réelles d' utilisation opérationnelle (fabrication, préparation, intégration, …). Le Conseil National de la sécurité, NCR doit former un comité technique chargé de suivre l' évolution de ces travaux.

Recommandation 2 : la structure de management du programme Shuttle doit être revue. Des astronautes doivent être encouragés à accéder à des postes de direction, et une commission de sécurité en vol doit être formée.

Recommandation 3 : les composants critiques et les études de fiabilité doivent être ré-étudiés pour identifier ceux qui nécessitent une amélioration, avant la reprise des vols, de manière à en assurer la sécurité. Le NCR vérifiera le bien fondé de ces décisions.

Recommandation 4 : la NASA doit établir un Office de sécurité, Fiabilité, Maintenance et Contrôle de qualité, dont les attributions s' étendront à toutes les activités et tous les programmes de la NASA.

Recommandation 5 : la tendance pour les managers de décider dans l' isolement doit être éliminée. Une réglementation de lancement complète, cohérente et contraignantes doit être établie. Les réunions de revue d' aptitude de vol des composants critiques seront enregistrées.

Recommandation 6 : la NASA doit améliorer la marge de sécurité d' utilisation du train d' atterrissage des Orbiters. Elle devra également déterminer les critères propres à rendre les atterrissages à Cap Kennedy acceptables.

Recommandation 7 : la NASA doit tout faire pour améliorer les chances de succès d' un atterrissage d' urgence suite à un arrêt de fonctionnement d' un moteur principal ou de deux durant la phase initiale de lancement. L' équipage devra disposer d' un système lui permettant de quitter l' Orbiter en vol plané contrôlé.

Recommandation 8 : les USA ne doivent plus dans le futur compter sur un seul type de lanceur. La NASA doit déterminer une cadence de vols en concordance avec ses possibilités.

Recommandation 9 : la NASA doit, d' une part, développer et exécuter un plan d' inspection des opérations de maintenance et, d' autre part, restaurer le programme des pièces de rechange.

 

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