Endeavour
décolle du pad 39 B le 30 novembre 2000 à 22 h 06 mn 01 s sous un
ciel sans nuage. A bord Brent
Jett,
Michael Bloomfield, Joseph Tanner, Carlos Noriega et le canadien Marc Garneau
(Canada/CSA). Endeavour s' amarre à la station ISS le 2 décembre.
La mission de 10
jours va permettre de placer
sur ISS le module P6 (14 m de long) comprenant les
panneaux solaires (600
millions de $) et les radiateurs sur
la station au cours de trois EVA réalisées par Tanner, Noriega assisté
de Garneau.
La première sortie EVA de Tanner et
Noriega a lieu le 3 décembre. Malheureusement,
les astronautes rencontrent des difficultés : ils doivent finalement
interrompre leur tâche après avoir partiellement déployé l’un des panneaux
et renoncé à l’installation du second. Certes, le premier fournit déjà à
l’ISS de l'électricité à un rythme satisfaisant, mais un de ses éléments
ne paraît pas suffisamment tendu. Quant au second panneau, il est resté dans
son coffre : une goupille ne réagissait pas à une télécommande utilisée
pour en provoquer l'ouverture. Marc Garneau actionnait le bras télécommandé
afin de commencer l'installation. La sortie a duré 7 heures 34, soit une heure
de plus que prévu. Noriega a en outre été victime d'une irritation oculaire.
Les deux astronautes, qui travaillent en binôme, ont alors été rappelés dans
la navette, où Carlos Noriega a pu recevoir les premiers soins.
La NASA envisage deux possibilités :
refaire une tentative le 4 avec les seules télécommandes, ou attendre la deuxième
sortie dans l'espace que doivent effectuer le 5 décembre Joe Tanner et Carlos
Noriega.
Le 4 décembre, les astronautes déploient très
progressivement le second panneau à l’aide d’une télécommande. La manœuvre
réussit mais nécessite près de deux heures, là où une action automatique
prend treize minutes.
Les deux panneaux doivent alimenter l'ISS en électricité avec une puissance
cinq fois supérieure à celle que reçoivent aujourd'hui les membres d'équipage
à son bord. Jusqu'à présent, la station était alimentée par de petits
panneaux qui, avec une puissance de 10 kW, ne peuvent fournir en électricité
que les deux modules russes, Zvezda et Zaria. L’équipage, confiné, faute de
chauffage à ces deux modules, devrait prendre prochainement possession du
troisième module. L'énergie fera également fonctionner le laboratoire que
doit amener en janvier prochain la navette Atlantis.
Cette
nouvelle génération de panneaux solaires repose sur une technologie complexe,
déjà éprouvée lors du remplacement par la NASA et Space Systems d'un panneau
solaire sur la station russe Mir. Construits par Lockheed Martin et Boeing,
chacun des huit éléments photovoltaïques consiste en un mât entouré de deux
surfaces (32 m x 11 m) supportant les cellules solaires. Chacune de ces surfaces
comporte 84 panneaux, dont 82 couverts de cellules solaires (200 par panneau).
L'ensemble des huit générateurs solaires comporte donc au total 262 400
cellules et pèse 17 tonnes.
Noriega et Tanner ont passé au cours de leurs deux
sorties 14 heures 10 minutes à l'extérieur de la navette (dont 6 h 37 pour
cette dernière).
Une troisième sortie de 5 h 10 le 7 permet de déployer un petit laboratoire
qui permettra de mesurer les charges électrostatiques occasionnées par l'électricité
produite par les panneaux solaires. Trop élevées, elles pourraient se révéler
dangereuses pour les futurs bâtisseurs de l'espace. Ils remettent en place deux
câbles de tension de l'un des deux panneaux solaires, qui sont sortis de leurs
poulies.
Grâce à une
caméra IMAX 3D de superbes images seront prises pendant les travaux à l'
extérieur.
Le 8 décembre, les trois
membres de l'équipage Expedition One - l'Américain William Shepherd et les
Russes Iouri Guidzenko et Sergueï Krikaliov - reçoivent Brent Jett, Michael
Bloomfield, Carlos Noriega, Joseph Tanner et le Canadien Marc Garneau, grâce à
l'ouverture du sas séparant la station de la navette Endeavour et de ses cinq
astronautes. Jusqu'à cette rencontre, les deux équipages avaient travaillé côte
à côte durant une semaine sans s'être rencontrés. Tout sourire et heureux de
pouvoir se voir, les huit hommes ont alors échangé de chaleureuses poignées
de main et quelques cadeaux, avant de prendre des photos de ce moment
historique.
Les astronautes se font leurs
adieux le 9 décembre à 15 h 51 TU, avant de refermer la porte du sas entre la
navette Endeavour et la Station spatiale internationale. Les deux vaisseaux
survolaient alors le Proche-Orient à environ 393 km d'altitude et à une
vitesse de quelque 27 000 km/h.
Endeavour se sépare de la station à 19 h 13, au cours d’une manœuvre délicate.
A l'aide des mini-rétrofusées de la navette, le copilote Michael Bloomfield
l’a éloignée lentement de la station – à une distance d’environ 150 m -
avant d'effectuer une manœuvre en boucle tout autour d’elle. Ce
"looping" permettra à la NASA de réaliser une série complète de
photographies et de filmer l'extérieur du laboratoire orbital.
Cette manœuvre a mis
fin à une rencontre historique d'une journée entre les deux équipages :
il s’agissait de la première visite reçue par les astronautes vivant depuis
le 2 novembre à bord de l'ISS.
Endeavour
atterrit le 11 décembre au KSC à 23 h 03 TU (18 h 03 locale) après une
mission de 10 jours 19 h 57 mn.
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