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CHRONOLOGIE ARIANE

LES INSTALLATIONS DE LANCEMENT EUROPA

LA BASE EQUATORIALE DE L'ELDO-CECLES

L'ELDO European Launcher Development Organization CECLES Construction des Lanceurs d'Engins Spatiaux. est crée en mars 1964 avec 6 états européens (Allemagne, Belgique, France, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Italie). En février 1966,  I'ELDO décide de développer le lanceur EUROPA 2 qui sera lancé de Kourou. Le choix de Kourou a été très difficile à cause des Australiens et des Britanniques qui proposaient Woomera d'où était lancée Europa 1. Europa 2 consistait à rajouter un 4 ème étage a poudre, dit moteur de périgée, permettant d'amener le satellite à 36 000 km d'altitude, dans le plan équatorial.
Le 12 juin 1970, le dernier lancement d'Europa depuis l'Australie est un échec ! Quelques temps après, I'ELDO lance un Appel d'Offre international pour la construction du site de lancement d'Europa 2 à Kourou. Les Anglais proposent Darwin en Australie, par 5° de latitude Sud.  La France doit  s'engager pour un forfait de réalisation à 25 MUC, pour emporter la décision.

Les travaux en Guyane commencèrent dès le printemps 1968, notamment pour l'ensemble de lancement, et un contrat de réalisation de la Base Equatoriale du CECLES en Guyane fut signé entre l'ELDO et le CNES.

Les installations de tir d' Europa ELE (ensemble de lancement ELDO) font partie des trois ensembles de lancement du CSG situé sur la RN 1 de Sinnamary à 15 km de Kourou, à savoir les fusées sondes et Diamant. Elles sont installé à 2 km au Nord des pad Diamant. La BEC (base équatoriale CECLES) est indépendante du CSG, tout en étant intégré à lui, notamment pour des problèmes de sécurité et de sauvegarde pendant les tirs, l' alimentation en énergie et l' entretien de certains matériels et équipements.

La décision de construire cette base fit l'objet d'un accord entre le CECLES-ELDO et la France, donnant au gouvernement français la responsabilité principale de la construction de la base pour un prix forfaitaire de 25 millions de dollars (124 millions de F). La base comprend l'ensemble de lancement Europa et l'usine de production d'oxygène liquide, tous deux au CSG, ainsi que la station de télémesure implantée à Fortaleza au Brésil. L'accord prévoit le libre accès de la base pour tous les tirs auxquels les Etats membres du CECLES-ELDO feront procéder. La France, enfin, apportera son soutien aux tirs par le personnel et les autres moyens du Centre.

Panneau du chantier ELE avec la société de génie civil Dumez et SERETE pour le suivi des travaux.

Images du chantier ELE en octobre 1969

Visite du chantier ELE le 21 octobre 1969 avec le secrétaire général de l'ELDO Di Carrobio, Mr Aubinière, directeur général du CNES et le directeur du CSG Mr Sillard

Montage de la tour et du mat ombilical

Bardage de la tour de service

Vue générale du site en 1969, le chateau d'eau à gauche, le pad au centre, les locaux technique devant avec le CDL à droite.

La BEC est terminée en juin 1970 et recettée le 10 novembre suivant par l'ELDO. Elle est inaugurée le 8 mai 1971 et réceptionnée dans l' été. Au printemps, le VRME Véhicule de Référence Multi Etage Europa 2 se dresse sous le ciel de Kourou. Cette maquette représentant le lanceur au complet est composé d' élément non qualifié pour le vol. Seul le premier et le troisième étage seront remplit de carburant pour l' essai statique, le second Coralie sera remplit d' eau et le quatrième vidé. Le test statique sera l' occasion de valider l' ensemble de lancement Europa de Kourou avec l' érection des différents étage, l' assemblage et le contrôle complet du lanceur, les opérations de décompte aboutissant à l' allumage des moteurs Rolls Royce RZ 2 mark 2 pendant 20 secondes.  

L' essai statique du VRME a lieu le 8 mai, le premier étage est allumé durant 20 secondes et donne entière satisfaction. 

Octobre, J-22, le lanceur F11 est assemblé sur la table de lancement de la BEC.
27-29 octobre, remplissage des étages et répétition de la chronologie de lancement.
31 octobre, une première tentative de tir statique est annulé à la dernière seconde.

1er novembre, un tir statique du F11 est réalisé durant 3 secondes. Le décompte peut démarré.
H-4 h 45, la tour de montage est retirée
H- 3 h 45, remplissage en LOX du première étage.
H- 5 mn, séquence automatique.

5 novembre, le lanceur Europa 2 décolle de Kourou. Le vol termine par une explosion de la fusée 150 secondes après. A 107 secondes, le lanceur ne se comporte plus comme prévu. En effet, la télémesure indique un arrêt total des signaux de pilotage (suite à une décharge électrostatique de la coiffe chargé par l' air ambiant frotté la centrale inertielle tombe en panne). Vers 150 secondes il y a un arrêt de propulsion et l' étage Blue Streak explose. 10 secondes plus tard c'est au tour de Coralie d'exploser. Au bout de 04' 44" les restes d'Europa-2 s'abîment dans l'atlantique à 485 Km de son point de départ. 

27 avril 1973, lors de la 64ème session du conseil du CECLES/ELDO, la France et l'Allemagne décident de l'abandon du programme Europa-2 alors que par bateau le Blue Streak F12 et par avion l'étage Coralie sont en chemin vers Kourou. Le conseil décide aussi de liquider les activités de l'ELDO. Néanmoins, elle garde un statut juridique et Georges van Reeth en devient le secrétaire général.
Le 28 avril, une lettre du général Aubinière est envoyé aux personnels de la base BEC de l'ELDO précisant la liquidation des programmes ELDO et l'arrêt des activités en Guyane. Les opérations sur le lanceur F12 sont arrêtées, y compris celle de l'usine LOX, la base va être mis en sommeil prolongé et le personnel rapatriés en métropole.

ELE Ensemble de Lancement ELDO

L'ensemble de lancement ELDO comprend un pas de tir en forme de T dont l'axe de symétrie est orienté Nord-Sud. C'est une plateforme de 45 m x 27 m, située à 5 m au-dessus du sol dont la partie supérieure forme la table de lancement flanquée des deux déflecteurs de jet, et prolongée vers l'arrière par une série de locaux techniques dont la toiture sert de chemin de roulement à la tour de montage et qui se termine par un rampe d'accès des véhicules.

Les locaux techniques, situes sous la plate-forme, renferment les systèmes de contrôle de propulsion et de pressurisation, les unités de production d'air chaud et froid, la distribution d'énergie, les équipements de contrôle de l'engin et la climatisation.

La tour mobile mesure 43 m de hauteur pèse 800 tonnes et peut s'écarter de 50 m de la plate-forme de tir; elle est équipée de sept passerelles, du dispositif de mise en tension du premier étage et d'un pont roulant de 10 t.

Le mât ombilical est un pylône fixe de 30,5 m de haut, situé à 10 m de l'engin. Il est relié notamment aux installations de stockage du kérosène, oxygène liquide, azote liquide et gazeux et au château d'eau.

       

 

Vue des crochets retenant le lanceur Europa. Ils sont au nombre de 4, 2 de chaque coté du lanceur (axe Y et Yn) avec au milieu les 2 ombilicaux amenant coté Y (vers le mat) le carburant et coté Yn le comburant d'une part et les connections électriques.

   

Vue aérienne de la zone de lancement avec le stockage en carburant et comburant.

L'ELDO imposait pour Europa de grandes quantités de fluides, ce qui obligea le CNES à produire sur place le comburant et carburant du lanceur, notamment azote et oxygène. Il a été installé en zone portuaire à Kourou, une usine de production d'azote et d'oxygène liquide capable de produire 376 tonnes d'oxygène liquide et 166 tonnes d'azote liquide en 2 mois. Les fluides étaient transportés par remorque d'avitaillement, jusqu'à l'ensemble de lancement ELDO (ELE). Le CNES était apparemment les seuls dans la région du Nord-est de l'Amérique du Sud à disposer de ces capacités de production industrielle. Pour le kérosène, la trop grosse quantité empêchait d'en importer de métropole. A quelques mois du lancement d'Europa, le CNES découvrit qu'il était produit à Trindad, la grande île caraïbe proche, et donc disponible à l'aéroport Rochambeau chez Shell livrable directement dans les installations de transfert vers le lanceur.

Le premier étage Europa 2 comportait une phase opérationnelle particulière : il fallait tester à chaud les moteurs du Blue Streak avant lancement. Pour cela, un tir statique d'une dizaine de secondes était réalisé, pour mesurer la poussée des moteurs et assurer de leur fonctionnement nominal. Lors de l'essai VRME en mai 1971, les ingénieurs se sont rendus compte qu'avec les ergols locaux c'était mieux qu'à Woomera. Pour l'étage Astris qui brulait de l'aérozine, mélange d'UDMH et hydrazine, il fallait l'acheter aux USA. L'unique transport d'aérozine américaine, produit très toxique et inflammable, s'est fait paradoxalement par des chalutiers pêcheurs de crevettes du port de Tampa, en Floride, qui livrèrent au port du Larivot à Cayenne, les quelques futs nécessaire.

Le Centre de lancement est un bâtiment circulaire en béton armé, situé à 250 m du lanceur. Il renferme sur deux niveaux la salle de contrôle, la salle d'examen des enregistrements, les bureaux, les laboratoires électroniques, etc.

Blockhaus en construction mars 1970

 

L'intérieur du CDL1, avec à l'extrêmeme gauche, les pupitres du 3e étage "Astris", à gauche, "Blue Streak" et à droite" Coralie". Au fond, les pupitres "sol" et devant les pupitressauvegarde sol et responsable lancement ELDO ..

 

La zone d'assemblage du lanceur, située à environ un kilomètre de la plate-forme de tir, se compose d'un hall d'assemblage pour un lanceur complet et en stocker un autre, de tous les locaux annexes, et d'un bâtiment d'assemblage de l'étage de périgée. Le stockage des ergols toxiques (péroxide d'azote N2O4 et UDMH) pour l'étage Coralie, l'aérozine 50 pour Astris avec les avitailleurs en N2O4 et UDMH et un laboratoire d'analyse se trouvent à proximité.

       

La zone d'assemblage et de préparation du lanceur à 1,2 km de la zone de lancement avec au centre à gauche le hall de préparation.

L'étage Blue Streak d'Europa VRME dans le hall d'assemblage en 1971

L'étage Coralie du VRME

Vue du hall d'assemblage Europa

La zone de stockage des ergols toxiques (peroxyde d'azote N204, UDMH) pour le 2eme étage, aérozine 50 pour le 3ème, avec des avitailleurs en N204 et en UDMH par les équipes réseaux Fluides de la COMSIP-AUTOMATION et un labo d'analyse.

L'entré du pad en 1971

 

Plan du CSG en 1971

LES MOYENS DE MESURE

Le CSG possède un ensemble de moyens permettant d'assurer la localisation, l'observation, la réception des télémesures et les fonctions de servitudes comme la synchronisation, la transmission des données et les télécommandes. Le CSG couvre 3 zones géographiques distinctes, à Kourou sur une bande côtière de 25 km sur 5 regroupant les 3 îles du Salut, à Cayenne sur le site Montabo, à 55 km de la zone des fusées sondes et Fortaleza, au Brésil (3° latitude S) pour les équipements aval trajectoires et visibilité des lanceurs.

   

Du Nord au Sud se trouvent la station Diane pour les télémesures TM et la station météo avec 2 radars "Adour" et "Cotal" entre l'ensemble de lancement Europa. Le centre technique abrite le centre de contrôle "Jupiter" et de sauvegarde, le dépouillement des télémesures, le prédicteur, la base de temps et la télécommande "sauvegarde". Au Sud de Kourou, sur la montagne des pères se trouve le premier radar "Bretagne", un cinéthéodolite IR et les télémesures TM. Le second radar "Bretagne" est à Montabo, Cayenne et prend le relais du CSG 80 secondes après le décollage du lanceur avec la aussi les télémesures TM. Le second cinéthéodolite est installé sur les îles du Salut, en face l'ELE à 18 km de distance. Les 2 appareils ont une vue directes du pad, donc une acquisition dès la mise à feu.

   

Autour du pad de tir sont disposées 12 caméras en plus de celle du centre technique, du mont Pariacabo, du site météo, la station Diane. Ce sont des caméras de 35 mm défilant à 360 i-s ou à 3000 i-s qui servent pour l'observation à posteriori d'évènements survenus au cours du vol ou la restitution du déroulement du vol.

       

Pour la réception des télémesures, le CNES a implantés 6 équipements distincts dans 4 sites dans Ia gamme 216-230 MHz (fréquence II) et la gamme 136-138 MHz (fréquences I). Les stations de la montagne des pères reçoivent les gamme I et II, celle de Montabo la gamme I et celle du site Diane la gamme II. la station aval de Forteza reçoit dans les gammes I et II.

Pour la sauvegarde des biens et des personnes est assuré par la salle de sauvegarde au centre technique dans le bâtiment "Jupiter". Le signal de destruction du lanceur est émis depuis 2 antennes sur 406-450 MHz, une fixe et une autre orientable selon les données fournies par le système de localisation.