LA STATION I.S.S

 

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THOMAS PESQUET, 10eme FRANÇAIS DANS L'ESPACE

LA MISSION

Samedi 19 novembre, après 2 jours de poursuite, de manoeuvre en orbite, le Soyouz MS 03 est en vue d'ISS. A 21h58 TU, l'amarrage est confirmé. Après 2 heures 30 de vérification, Oleg, Thomas et Peggy peuvent pénétrer dans la station, accueillit par Shane Kimbrough et les cosmonautes Andreï Borissenko et Sergueï Ryjhikov.
Thomas conduira une cinquantaine d'expériences scientifiques pour le compte de l'ESA et du CNES et participera à de nombreuses activités de recherche pour les autres partenaires de la Station. La mission Proxima est la 9e mission de longue durée d'un astronaute de l'ESA. Thomas Pesquet est le dernier de la promotion de 2009 à participer à un vol. Ancien pilote de ligne, il est le premier Français à se rendre sur l'ISS depuis la mission de Léopold Eyharts en 2008, lequel avait contribué à installer le module européen Columbus.

"Welcome onboard !

Séance de dialogue avec la famille dans le Tsoup à Moscou, Baptiste, son frère au téléphone, entouré de sa mère et son père et Anne Mottet. "A la question de Laurent des Proximan, si Thomas allait pouvoir jouer aux dés comme il l'avait prévu, Thomas répond "Jouer aux dès ou aux cartes dans l'espace, c'est difficile. Pour les cartes, c'est pas facile, ça volent partout, on peut les coller sous des petits élastiques. Pour les dés, ca ne marche carrément pas, j'ai pensé à mettre des petits bouts de Velcro sur les faces du dès, mais là on ne voit plus les faces du dès on a, donc, c'est un échec total. Les cartes, c'est une semi réussite, mais les dès, J'ai 6 mois pour étudier la question, je ne me laisserai pas arrêter par les lois de la physique ! »

   

La première photo de Thomas dans ISS le 20 novembre, dans la coupole "Space is amazing. L’ISS est géniale, encore mieux que dans mes rêves ! J’aimerais que tout le monde ait la chance d'aller dans l'espace !" En pleine adaptation à la vie en impesanteur : je gère mes décollages, mais pas encore mes atterrissages… ni les virages serrés !
 

VISITE D'ISS AVEC THOMAS PESQUET

21 novembre: Le premier jour de la mission Proxima et déjà des expériences de lancées ! Avec MATISS je teste des surfaces innovantes dans l'espace.

21 novembre: Merci Cygnus pour la livraison ! Une photo du bras robotique manœuvrant le véhicule ravitailleur pour son départ de l’ISS.

23 novembre, première conférence de presse française depuis Columbus. Thomas s'adresse aux journalistes présents au centre AEC de Cologne (France Infos, TF1, RFI, la cité de l'espace). "Je me suis très bien adapté à l'apesanteur, je me déplace facilement à travers la station. Je dors bien, comme un bébé." A la question, comment l'astronaute à trouver la station, il répond " C'est encore mieux que ce que j'espérais, c'est une nouvelle façon de travailler plus confortable que sur terre." Thomas n'a pas eu beaucoup de temps pour regarder la terre, mais ce WE, il le fera de la coupole.
La journée de travail commence avec le réveil à 6 heures du matin, habillage, toilette, le petit déjeuner en commun et à 7h30, la grande conférence avec le sol pour le planning du jour.
"Hier, j'ai fait quelques travaux d'entretien à bord avec le contrôle de l'eau et mis en route 2 expériences dans Columbus et installer des dosimètres. J'ai aussi réparer les toilettes de bord !"

Thomas parle souvent avec ses proches grâce à un téléphone sous IP. "Je peux les appeler tous les jours et le WE, je  les contacte par vidéo conférence. Dès samedi, je leur ferais visiter la station."

Les cérémonies précédent le décollage sont très importantes pour les Russes. "Après le dernier repas, la visite médicale, on est désinfecté de la tête au pied pour éviter amener sur ISS des microbes et des bactéries. Dans le building d'assemblage du Soyouz, on enfile nos scaphandres, on les teste." Une dernière conversation avec la famille derrière la vitre, le passage devant les autorités et l'équipage prend le bus pour le pad: "la monté dans l'ascenseur est interminable, c'est haut un Soyouz. On s'installe dans la cabine, on teste tous les systèmes. Vue qu'on avait un peu de temps avant le décollage, on a écouté de la musique." Dernier serrage de main en attendant le décompte final. Puis c'est le décollage. "L'accélération qui augmente peu à peu jusqu'à nous écraser au siège, puis les boosters qui se séparent, l'impression de tomber avant d'accélérer à nouveau progressivement une deuxième fois, puis une troisième fois. Et puis c'est la mise en orbite, comme un coup de pied aux fesses et on est dans l'espace, on se met à flotter. Et tout de suite, il faut commencer à bosser et faire les premières manoeuvre pour rejoindre la station, on ne dormira que 6-7 heures après." 2 jours de poursuite pour rejoindre la station, "Quand elle apparaît à travers le hublot de la capsule, c'est une vraie gifle. Cette gigantesque base qui flotte dans l'espace, c'est de la science-fiction. Cela fait pourtant sept ans que je prépare cette mission. Je connais le moindre recoin, le moindre boulon, mais ce qui frappe, c'est la sensation de liberté.» Amarrage, le sas s'ouvre et "on retrouve les amis."

A la question d'un journaliste de RFI sur le désordre apparent dans la station, Thomas répond "C'est extrêmement bien rangé. On n'a pas l'impression comme ça, avec les câbles et les ordinateurs partout, mais c'est extrêmement bien rangée ! Tout est suivi grâce à une immense base de données au sol. Quand j'ai voulu trouver le drapeau ESA, ils m'ont donné un code pour retrouver le tiroir où il se trouvait."

"Voler sur le Soyouz a été comme un long voyage dans une petite voiture avec 3 personnes, une sorte de tétris vivant en 3D. "

Jeu de questions réponses rondement mené avec la presse durant 20 minutes, Thomas mettant l'accent sur la vie quotidienne à bord, et l'importance de l'apprentissage de la personnalité par l'école certes mais aussi le sport et les activités péri.   Thomas explique l'importance du sport, individuel ou en équipe dans son parcours. Un point sera longuement abordé pendant la mission selon Thomas.
"Deux jours de travail et déjà deux expériences ESA/CNES ! Aquapad devrait grandement simplifier l’analyse de la qualité de l’eau, dans la Station comme sur Terre, grâce à une utilisation facile et un diagnostic plus rapide qu’avec les dispositifs actuels. L’eau que l’on boit sur l’ISS est en majorité recyclée et il nous faut donc vérifier sa potabilité. Le temps gagné avec Aquapad permettra d’accorder une plus grande place aux expériences scientifiques dans l’emploi du temps des astronautes. Sur Terre, un tel outil serait évidemment précieux partout où l’accès à l’eau potable est problématique, y compris après des catastrophes naturelles."

La cuisine de la station: "Très spacieuse, avec toute la place qu’on a pour flotter au-dessus! À part la couleur au mur, je ne pourrais pas rêver mieux"

24 novembre, on fête Thanksgiving Day dans ISS avec la traditionnelle dinde farcie avec pommes de terre et légumes, le tout réhydraté.

La nouvelle maison de Thomas, le module Columbus, lancé en février 2008 par Atlantis STS 122 et mis en service par l'astronaute Français Leopold Eyarts. "Ça y est, le drapeau tricolore flotte dans le labo Colombus, mon nouveau bureau et digne représentant de l’Europe dans l’espace."

Pas toujours simple le rangement en orbite, mais au moins on peut utiliser toutes les faces de l’ISS ! On utilise des sacs de taille standard et on les retient par des élastiques pour éviter qu'ils flottent dans la Station.

25 novembre: "Voici les premiers résultats d’AquaPad, l’expérience qui me permettra de contrôler ponctuellement la qualité de notre eau tout au long de ma mission Proxima. Il s’agit d’un dispositif très facile d’utilisation : il me suffit d’injecter un peu d’eau sur un coton absorbant et d’attendre de voir combien de points colorés apparaissent. Ces derniers correspondent à des bactéries et leur nombre détermine la potabilité de notre eau. Quand on sait que celle-ci est recyclée à 80% à partir de notre sueur et nos urines, il y a intérêt à ce que la technique marche ! L’image sur la tablette correspond à EveryWear, une application créée sur mesure pour faciliter le quotidien des astronautes et donc accroître le temps passer à faire de la science. Une sorte d’assistant personnel « connecté » et développé par le CNES à Toulouse. Dans le cadre d’AquaPad, l’appli EveryWear m’aide à analyser le nombre de points colorés pour contrôler la qualité de notre eau."

Panneaux solaire sur fond de Terre le 25 novembre

27 novembre: Bravo Tanguy de Lamotte. Skipper Initiatives Cœur d’avoir réussi à rentrer à bon port malgré les avaries pendant ton Vendée Globe ; je t’ai suivi depuis l’ISS et tu as fait tout ce qui était humainement possible ! Et puis, regarde : ton bateau a résisté à un décollage de fusée, et il en a déjà fait pas mal depuis, des tours du monde ! À bientôt pour tes nouvelles aventures.

28 novembre: Mise en route de l'expérience MARES, Thomas est installé dans un fauteuil muni de capteurs.  Le but : étudier l'atrophie des muscles en apesanteur. Ces résultats aideront à la réadaptation des personnes alitées. Mais il prépare aussi les futures missions sur Mars. Thomas Pesquet renouvellera l'expérience deux fois avant son retour sur Terre prévue dans six mois. Samantha Cristoforetti, Andreas Mogensen et Timothy Peake l'avaient préparé lors de leur mission. Thomas sera le premier sujet dont les résultats vont pouvoir être analysés par les chercheurs sur Terre.

Photo de France le 28 novembre: "Un sentiment étrange : je me demande ce que mes proches sont en train de faire sur Terre au moment même où je les prends en photo… Salut Paris et la France : vous êtes magnifiques ce soir !"

Thomas Pesquet en interview avec Gilles Bouleau de TF1 au journal de 20 h, le 30 novembre.

1er décembre, l'agence spatiale Russe Roscosmos annonce la perte du Progress MS 04 qui n'ayant pu se sépare du 3e étage du lanceur est retombé sur terre. il apportait plus de 2 tonnes d'équipements, vivres matériels de rechange aux occupants d'ISS. Bien que les astronautes aient des vivres jusqu'en avril 2017, Thomas a tenu a rassurer ses proches: "On est une équipe ici donc on partage la nourriture, on partage l'air qu'on respire, on partage l'eau, on partage tout. Dire que ce sont des collègues russes qui perdent leur ravitaillement, ce n'est pas vrai, parce qu'on va tout partager, donc ça nous impacte quand même indirectement." L'astronaute a en plus du "stock de nourriture quotidienne des plats élaborés par les plus grands chefs cuisinier Français, 17 menus spéciaux sont prévus pour les grandes occasions, anniversaires, Noel, jour de l'An. "Heureusement, il n'y avait pas de collègues, il n'y avait pas d'amis dedans, c'est ça qui compte en premier lieu" a conclut Thomas.

1er décembre: Les câbles, un vrai cauchemar pour les astronautes. Détachez-les 2 secondes et un serpent se met à flotter en liberté dans toute l’ISS

Très photogénique cette manipulation de Shane avec des sphères ! La NASA a trouvé un acronyme malin pour désigner cette expérience : SPHERES, soit "Synchronized Position Hold, Engage, Reorient, Experimental Satellites". Pas facile à traduire en français… Pour résumer, il s’agit d’améliorer les programmes informatiques destinés à dégager les débris spatiaux qui encombrent l’orbite terrestre. Quel lien avec nos sphères ? L’expérience étudie les dynamiques entre un objet capturé et un engin spatial "chasseur" qui joue le rôle d’un remorqueur. En agrandissant la photo, vous pouvez voir que les deux sphères sont reliées par une ficelle. Les débris spatiaux, que j’ai déjà évoqués sur mon blog, représentent un danger pour les satellites en activité ou l’ISS et nous cherchons donc une solution pour les capturer et les éliminer. C’est un vrai défi technologique et observer le comportement de ces petites sphères en impesanteur dans la Station est un excellent moyen de se rendre compte de la faisabilité d’une méthode.

3 décembre: Aujourd’hui dans l’ISS, c’était rangement ! Quasiment tout l’approvisionnement arrive dans des sacs de différentes tailles, en Nomex (matériau ignifugé). L’ISS n’avait pas assez d’espace de rangement lors de sa conception et il y a maintenant deux petits modules qui servent à stocker la nourriture, les pièces de rechange, nos vêtements, des équipements scientifiques, etc. Le centre de contrôle nous aide (comme toujours) avec une base de contrôle qui recense 71903 objets… Finalement, nos collègues au sol connaissent mieux que nous la localisation exacte des objets dans notre propre maison !

7 décembre: Longue journée de travail sur le sas du module Japonais hier. C’est la seule « porte de sortie » pour installer des équipements et des expériences à l’extérieur de la Station spatiale internationale sans sortir en scaphandre. D’abord, on prépare et place les installations que l’on a besoin de sortir sur une table à rails coulissants dans le module Kibo, aussi connu sous le nom de JEM (pour Japanese Experiment Module, le laboratoire japonais en français). On ferme ensuite le sas et l’équipement coulisse dans l’espace ; il est ensuite récupéré et installé par le bras robotique. Cette semaine, on a testé le détecteur de fuites externes (Robotics External Leak Locator) qui a été manipulé à l’extérieur pour détecter des changements anormaux de pression aux abords du système de contrôle thermique de la Station. Le système coulissant du sas JEM nous permet également de lancer depuis l’ISS des mini satellites, qui sont parfois des projets universitaires !

Cette semaine, j’ai également été bien occupé par une manipulation française, EveryWear. Il s’agit d’un dispositif suivi depuis Toulouse par le MEDES (la clinique spatiale du @CNES) et qui vise à faire gagner du temps aux astronautes, afin de pouvoir en consacrer plus à la science. Malgré nos 16 couchers de soleil quotidiens, nos journées sont organisées sur 24 heures, comme sur Terre, mais cela reste peu quand on sait tout ce qu’il y a à faire sur la Station, entre la maintenance, le sport obligatoire, le rangement et bien sûr les expériences scientifiques. Même si le centre de contrôle nous aide constamment à nous y retrouver et à travailler, un assistant virtuel ne serait pas de trop pour gagner en autonomie et en temps... Dans cette perspective, une application sur tablette a été mise au point pour collecter des données médicales et physiologiques grâce à trois capteurs portatifs et connectés. Par exemple, j’ai travaillé ces derniers jours sur le tonomètre et le patch. Le premier enregistre directement l’évolution de mes artères en impesanteur et le deuxième prend ma température pour surveiller mon rythme du sommeil. C’est ce que j’étais en train d’utiliser quand la photo a été prise. Il y a également un… smartshirt (sic), un T-shirt innovant qui effectue un électrocardiogramme pendant que je fais de l’exercice ! EveryWear est une expérience inédite sur la Station : je suis le premier à tester ce dispositif et ses nombreuses applications ; je serai sans doute amener à vous en reparler au cours de ma mission.

12 décembre, notre vaisseau vu de côté. Sous les panneaux solaires, quelques boîtes blanches : ce sont les batteries qu’on devra remplacer en janvier. Quelques sorties extravéhiculaires sont prévues l’an prochain pour assurer le bon fonctionnement de la Station spatiale.

Content de pouvoir barrer mon nom et ainsi de quitter le « Club des astronautes sans vol spatial » (League of Unflown Astronauts en VO) ! Ses membres ont tous été sélectionnés pour partir dans l’espace mais n’en ont pas encore eu l’occasion. C’est désormais chose faite pour moi ! Sur l’écusson, les noms de mes bons amis et collègues de ma génération d’astronautes, issus de tous les pays partenaires du programme ISS à travers le monde. Tous les membres de la promotion 2009 de l’ESA ont eu le privilège de résilier leur adhésion.

13 décembre, les japonais ont lancé leur cargo HTV et il s'amarre à ISS sur le Node Harmony. "C’était vraiment impressionnant de voir un véhicule d’une taille pareille s’approcher peu à peu, et le tout gracieusement, malgré ses presque 6000 kg. Le commandant Shane a parfaitement piloté et attrapé le bras robotique ! Félicitations à nouveau à toutes les équipes au sol pour une mission jusqu’à présent très réussie. Il nous reste maintenant à transférer 2,6 tonnes de cargaison… de la nourriture, des vêtements, des expériences scientifiques et deux nouvelles batteries externes C’est dans ces moments-là qu’on apprécie tout particulièrement l’impesanteur

16 décembre, "comme tous les vendredi soirs, on se retrouve tous ensemble dans le segment russe pour partager nos meilleurs plats. Au menu cette fois-ci ? Laitue romaine fraîchement cultivée dans la Station, accompagnée de son homard à la mayonnaise-wasabi. Le mérite revient à notre chef étoilé du jour, Peggy.

18 décembre, Thomas réalisera 2 EVA en janvier pour changer les batteries des panneaux solaires de la station. Ce sera la 11e astronaute européen à sortir dans l'espace. "Nos scaphandres semblent en pleine discussion enflammée dans le sas aujourd’hui… à moins qu'ils ne s’apprêtent à danser le flamenco ? On commence bien à l’avance notre préparation en vue des sorties extravéhiculaires (EVA) de janvier. L’entretien et la préparation des combinaisons demandent beaucoup de travail, sans compter le reste des préparatifs : révision de la chorégraphie et des gestes qu’il faudra effectuer à l’extérieur, organisation des instruments et équipements à manipuler le jour J, etc… auquel il faut évidemment ajouter les milliers d’heures de travail pour tout le personnel au sol. La prochaine fois que vous verrez un acteur sauter dans un scaphandre et se ruer dehors en moins de deux… souvenez-vous que c'est du cinéma.

Au salon de coiffure de Shane ! vous devez être un homme avec plusieurs compétences pour réussir en tant qu'astronaute....ou plutôt : ne vous en faites pas trop d'une coupe approximative

ISS survole le sud de Gap (05) le 19 décembre.

21 décembre: Joyeux anniversaire, MELFI ! Cela fait 10 ans que ce congélateur conçu par Air Liquide pour l'ESA fonctionne dans la Station spatiale internationale. On s’en sert pour stocker toute sorte de choses, principalement des échantillons biologiques que les chercheurs pourront alors analyser sur Terre. Il peut s’agir aussi bien de cellules animales et végétales étudiées dans le cadre d’expériences en biologie, que de sang, de salive, d’urine d’astronautes, entre autres... Il fonctionne au nitrogène et selon notre programme d'expériences, on est parfois amenés à s'en servir quotidiennement. On a trois MELFI à bord de la Station : un dans le laboratoire américain Destiny et deux dans le module japonais Kibo. Ils sont essentiels à la bonne conduite de nos expériences en biologie. En fait, sans MELFI, on ne pourrait quasiment pas faire de recherche sur le corps humain, par exemple. Les équipes de contrôle au sol suivent scrupuleusement le stockage des échantillons et attendent avec impatience le retour d'un véhicule cargo sur Terre pour récupérer le contenu des congélateurs. En ce moment, ces derniers sont presque pleins, en attente d'un vaisseau capable de les rapporter. En anglais, MELFI signifie "Minus Eighty-degree Laboratory Freezer for ISS", soit Congélateur de laboratoire à – 80 °C pour l’ISS. Les ingénieurs spatiaux ont donc réussi à caser dans l'acronyme lui-même le sigle de la Station spatiale… Je vous ai déjà dit qu'ils adoraient les acronymes ?

24 décembre, même dans l'espace, on fête Noel. Pour le réveillon, Thomas et ses coéquipier vont partager un repas festif préparé pour l'astronaute par le chef français Thierry Marx. Au menu, langue de boeuf, façon Lucullus, poulet au vin jaune et aux morilles en plat de résistance, traditionnel du jura et pain d'épices aux pommes en guise de dessert.

31 décembre, l'équipage d'ISS fête le passage de la nouvelle année sur 3 fuseaux horaires différents (Russie, France et États-Unis). "Comme la Station spatiale n’a besoin que de 90 minutes pour faire le tour de la Terre, on va en quelque sorte pouvoir célébrer 16 fois la nouvelle année aujourd’hui… ! En quelques minutes, on fera le grand écart entre des pays qui auront déjà un pied en 2017 et d’autres qui entameront à peine l’après-midi. Ça n’a rien de spécial pour nous et je me suis déjà habitué à ce rythme : aujourd’hui, c’est simplement le jour du ménage sur l’ISS, comme tous les samedis." Depuis 17 ans, les hommes et femmes de l'espace travaillant sur ISS, les Américains, les Russes, les Japonais, les Italien, les Hollandais, les canadiens, les Anglais et maintenant les français sont témoins du passage de la nouvelle année depuis les fenêtres de la station. Thomas est aussi le premier français à passer le réveillon en orbite. Le premier équipage a passer Noel et le 31 décembre en orbite fut celui de Skylab 4 en 1973-74. En décembre 1968, les astronautes d'Apollo 8 ont passé Noel en orbite autour de la lune. En 1978, un équipage soviétique passe Noel dans Saliout 6 et depuis jusqu'en 1999, des hommes et des femmes ont passés le 31 décembre en orbite dans MIR. Aucun astronautes ou cosmonautes ne fut témoin du passage en l'an 2000.

Pendant la semaine entre Noel et le jour de l'an, les astronautes ont vérifié l'ensemble de leur équipements EVA en vue de leur sortie dans l'espace du 6 janvier.

   

"Avant de sortir dans l’espace, on s’assure que tout marche à 100 %. Cela représente beaucoup de travail pour nous et encore plus pour toutes les équipes impliquées au sol. Ils ont réalisé une préparation impeccable et nous sommes presque prêts à effectuer les deux sorties extravéhiculaires (EVA) programmées. Demain, Peggy effectuera la première EVA aux côtés de Shane. Ce sera mon tour une semaine plus tard pour le seconde, en compagnie de mon collègue américain qui sortira donc à deux reprises en une semaine ! On doit essayer les scaphandres à bord de l’ISS, parce qu’il faut bien sûr effectuer une dernière vérification pour être absolument sûr que tout fonctionne … mais aussi parce que vivre en impesanteur nous fait gagner quelques centimètres !

Shane en combinaison de refroidissement et de ventilation par circulation liquide, qu’on appelle simplement LCVG (pour « Liquid Cooling and Ventilation Garment » en anglais). Cette sorte de sous-vêtement long en tissu extensible (élasthanne) sert à évacuer et recycler la chaleur excessive produite par les astronautes durant les sorties extravéhiculaires (EVA). Des tubes fins en plastique sont dispersés sur l’ensemble de la combinaison et font office de conduites dans lesquelles coulent de l’eau froide pour maintenir le corps des astronautes à une température tolérable. Certes, il fait très froid dans le vide de l’espace, mais entre les efforts à réaliser au cours d’une sortie dans l’espace et toutes les couches du scaphandre, la chaleur peut-être excessive. Les petites ouvertures permettent l’évacuation de la transpiration vers le système de refroidissement situé au dos et où elle sera recyclée pour ensuite rejoindre le circuit de tubes. Pour faciliter la circulation à l’intérieur du scaphandre, l’oxygène entre au niveau des chevilles et des poignets.

Depuis l'espace, les "Enfoirés" sortent le premier single de la nouvelle campagne 2017 avec une chanson signée Grégoire", intitulée "Juste une p'tite chanson". Parmi les 30 chanteurs présents pour le clip, Thomas Pesquet qui a enregistré cette séquence 2 semaines avant. De la station orbitale ISS, il délivre son message : "ce n’est pas parce qu’on est en haut qu’on ne s’intéresse pas à ce qui se passe en bas". L'idée de faire participer Thomas vient de Bénabar.
Le 18 janvier a lieu la première représentation du spectacle des "Enfoirés" à Toulouse, intitulée "Mision Enfoirés". Avec les 6 autres, ils serviront de base pour le futur DVD. La chaine TF1 diffusera le spectacle le 4 mars 2017. L’astronaute français a enregistré plusieurs phrases depuis la Station Spatiale Internationale.

6 janvier, Peggy et Shane sortent dans l'espace pour changer un premier "set" de batteries sur la station. A chaque passage "jour" donc direct au soleil, les panneaux solaires d'ISS fournissent de l'électricité qui sert à alimenter la station et charge en même temps des batteries. L'énergie électrique emmagasinée sert à alimenter la station lors des passages "nuit" dans l'ombre de la terre; Cela toutes les 45 minutes.

La station possède 8 canaux de puissance séparées, 2 sur chaque IEA, les poutres P6, P4, S4 et S6. Sur chaque canal se trouvent 6 batteries, soit un total de 48 sur l'ensemble de la station. Le but est de les remplacer par 24 autres batteries plus performantes. Les batteries alimentant chaque canal sont du type Nickel-Hydrogène ou Ni-H2, utilisées depuis le début de l'exploration spatiale avec de nombreux cycle de charge et décharge sans le moindre problème et dégradations majeures. Un de leurs inconvénients est l'effet de "mémoire" qui persiste lorsque les cycles de charge-décharge ne sont pas complets et qui diminue les performances de ces batteries. Une procédure régulière est donc menée dans la station pour minimiser cet effet de mémoire. Les batteries de la poutre S6, la plus vielle, ont été lancées en 2000 et remplacées par de nouvelles batteries Ni-H2 en 2009 et 2010. P4 et S4 lancés en 2006-2007 puis S6 lancé en 2009 ont toujours leurs batteries d'origine garanties pour 10 ans. La NASA a décidé de changer les batteries NI-H2 par des batteries Lithium-Ion (Li-Ion). Plus légère et plus petites que les Ni-H2, elles n'ont pas d'effet "mémoire", pas besoin de réservoirs pour y stocker l'hydrogène gazeux et sont plus puissante. Les batteries Ni-H2 sont montés en série 2 par 2 avec un câble les reliant. Comme une batterie Li-Ion remplacera 2 batteries Ni-H2 , les 48 batteries d'ISS seront à remplacer par 24 nouvelles. Les nouvelles batteries Lithium ont été amené dans l'espace par le cargo Japonais HTV. 6 batteries peuvent être amenées à chaque voyage. Il faudra 4 ans pour remplacer les 48 batteries classiques par les 24 au Lithium. Pour ces premières sortie EVA de l'année, les astronautes vont mettre en place des batteries Lithium sur les canaux 3A et 1A, sur la poutre S4.

Les batteries Li-Ion avant leur mise en place dans le HTV

C'est la 38e EVA américaine depuis 1999, la 3e pour Shane et la 7e pour Peggy. Dans un premier temps, la puissance électrique de la poutre S4 a été basculée sur d'autres canaux afin de décharger complètement les batteries. Les 6 batteries apportées par le cargo HTV ont été placées sur une palette, nommée EP Exposed Pallet, logée dans la partie non pressurisée du cargo. La palette EP peut en contenir 9. Chacune est montée sur sur une plaque adaptatrice pendant le lancement, mais qui sera séparée pendant les opérations d'installation. Comme une batterie Li-Ion doit remplacer 2 batteries Ni-H2, un adaptateur sera fixé à la place de la seconde batterie qui fera office de "pont" pour le passage du courant lorsque le câble sera connecté.

 

Les nouvelles batteries Lithium installées sur ISS sont du même technologie que celle installées sur les voitures tesla S d'Elon Munsk (85 kW/h, 540 kg, 7104 cellules Ion et rayon d'action de 426 km).

. Comme chaque palette EP n'a que 9 emplacements et que 12 batteries doivent être changées, 3 batteries Ni-H2 resteront sur place. Elles seront fixés sur les poutres au dessus des plaques adaptateur mais ne seront pas branchées.

Afin de réduire les sorties dans le vide, le bras robot Dextre a réalisé quelques jours avant différentes manoeuvres pour faciliter le travail des astronautes. Le bras a extrait la palette EP avec les batteries du cargo et l'a positionné sur le POA Payload ORU Accommodation, l'endroit où sont stocké les pièces de rechange de la station, près du système de transport mobile MBS. Le Dextre a ensuite enlevé 4 batteries Ni-H2 du canal 3A sur la poutre S4 (batterie 0040, 0044, 0043 et 0038) et les a rangé (3 dans les places vides de la palette EP et la dernière près du canal 1A sur un support du bras). Le Dextre a ensuite placé 3 nouvelles batteries Li-Ion (0010, 0006 et 0008) sur les 3 emplacements vides du canal 3A, laissant le soin de placer les 3 adaptateurs (0005, 0006 et 0007) par les astronautes.

"Aujourd’hui, c’est EVA (sortie extravéhiculaire) ! "On a travaillé dur depuis 6h30 ce matin (c’est-à-dire 7h30 heure de Paris) pour que la sortie de Robert S. Kimbrough et Peggy Whitson se fasse à l’heure prévue. On a suivi toute une série de procédures pour mettre le scaphandre, réaliser de nouvelles vérifications, préparer tout le matériel et enfin procéder à un long protocole, qui consiste à respirer au préalable de l’oxygène pur et à décompresser progressivement : en terme de pression, une EVA est l’inverse d’une séance de plongée. Tout s’est bien déroulé : Shane et Peggy sont à l’extérieur de la Station en ce moment même ! Je les ai aidés au cours de toutes ces étapes avant que mon collègue de l’ESA Luca Parmitano prenne le relais pour les guider dans l’espace depuis le centre JSC de la NASA à Houston à exécuter la procédure. Je suis en charge de l’ISS jusqu’à leur retour et je vais également tout préparer pour leur rentrée."

 

Bilan de la sortie: l'adaptateur 0005 déplacé du "slot" A de la palette EP vers le "slot" 6 de la poutre S4. La batterir Ni-He 0039 est déplacée du "slot" 4 de S4 vers le "slot" 6. L'adaptateur 0006 est déplacé du "slot" B de la palette EP vers les "slot" 4 de S4. La batterie 0042 est déplacée du "slot" 2 vers le "slot" 4 de S4. L'adaptateur 0007 est déplacé du "slot" C de la palette EP vers le "slot" 2 de S4.

Shane sort le premier et se dirige vers le CETA positionné sur S1 où il récupère une plateforme outil articulée pour y installer sa mallette à outil. Il suit la poutre S4 vers le lieu où sont installées les batteries. Peggy suit et rejoint la palette EP pour commencer à enlever 2 plaques adaptateurs. Shane la rejoint et chacun repart ensuite vers S4 avec sa plaque adaptateur. Elle est ensuite installée dans un emplacement vide occupé par une batterie Ni-H2 (précédemment enlevé par le bras Dextre). Un câble est connecté pour relier la nouvelle batterie à l'adaptateur, créant un seul circuit. Shane enlève une des 3 batteries Ni-H2 restantes sur S4 (0039), la déconnecte et la place sur l'adaptateur de la batterie Li-In 0010 pour un stockage définitif. Même chose pour la batterie Ni-H2 0042 déplacée sur l'adaptateur 0006 de la batterie Li-Io 0006. La batterie Li-Io 0006 reste avec le 3e adaptateur 0007.

La sortie dure 6h 32 mn. Le travail terminé, le canal 3A est testé avant sa remise en route. Peggy totalise 46h 18 mn dans l'espace en EVA et Shane 19h 24 mn. 196 EVA ont été réalisé en 18 ans, cumulant 51 jours, 5 minutes en durée pour construire la station. La NASA indique que la 3e batterie Ni-H2 (0068) sera stocké sur le coté 1A de la poutre S4, car elle ne peut pas rentrer dans le cargo HTV. Seulement 2 batteries seront désorbitées cette fois. 9 batteries Ni-H2 peuvent être désorbités dans chaque HTV et brûlées dans l'atmosphère.

Thomas sortira la semaine prochaine avec Shane pour connecter 3 nouvelles batteries Li-Ion sur le canal 1A, toujours sur S4. Quelques ours avant, le bras Dextre aura enlevé 5 batteries Ni-H2 du canal 1A, placé 3 sur la palette EP et les 2 autres en un endroit où là aussi elles ne gêneront personnes. Le bras mettra en place 3 batteries Li-Ion sur le canal 1A de la poutre S4 en vue de la sortie 39. Thomas sera ainsi le 4e astronaute Français à sortir dans l'espace, après Jean Loup Chrétien (mission Aragatz en 1998), Jean Pierre Haigneré (Perséus en 1999) et Philippe Perrin (STS 111 en 2002).

Vérification des scaphandres EMU

Vendredi 13 janvier, Thomas ne jouera pas au "millionnaire" mais réalisera un second rêve de gosse, sortir dans l'espace ! (le rêve dans le rêve!) A quelques jours de fêter ses 39 ans, l'astronaute va terminer la tache débuté par Shane et Peggy une semaine avant, changer les dernière batteries sur la poutre S4. Thomas Pesquet est le 4e astronaute Français à sortir en EVA et le 11e Européen. La dernière sortie d'un astronaute ESA fut celle de Luca Parmitano en 2013, qui sera le Capcom EVA à Houston avec Anne Mc Cain. Thomas, identifiant EV2 est vêtu du scaphandre EMU 3006 ou 3008, retaillé à sa taille, Shane sera EV1. Dimanche dernier, le bras robot de la station a commencé ses manoeuvres, enlever les vieilles batterie Ni-H2 du canal 1A. 3 ont été placé sur la palette EP du HTV et 2 sur les bras de Dextre. Mercredi matin, 3 nouvelles batteries Ni-Ion ont été installé sur S4. Les 6 batteries du canal 3A sont pleinement opérationnelles, le canal 1A sera activé à l'issue de la sortie, après que les astronautes est mis en place les plaques adaptateurs sur S4. Dextre servira pour serrer les boulons sur 2 batteries Lithium placées précédemment. Les opérations de pré-EVA débute par 60 minutes de respiration sous masque, pendant le temps que le sas soit dépressurisé de 14 à 10 psi. Suivra la purge de leur tenue, après que l'atmosphère ait été remis à 14 psi et 50 minutes dans le ISLE in Suit Light Exercice pour retirer l'aote présent dans le sang. Une fois les astronautes et leurs outils mis dans le sas, commencera la dépressurisation jusqu'à l'ouverture de l'écoutille à 7 h du matin, temps local EST. Leur tache terminée, si le temps le permet, les 2 hommes réaliseront quelques taches "techniques" sur ISS (changement d'une caméra sur le MT, récupération d'une barrière, photographier une zone près de Z1 où se mélange pas mal de câbles et ombilicales).
Les batteries "stockées" sur les bras de Dextre seront remis sur la palette EP et transféré dans le cargo HTV le 17 janvier. Il partira avec 9 batteries à bord qui seront détruites lors de la rentrée du cargo en fin de mois. Les HTV 7, 8 et 9 livreront le reste des batteries en 2018, 2019 et 2020.

   

L'aile droite de la station, "starboard". Sous les panneaux solaires, l'emplacement des batteries et un panneau radiateur. Le sas Quest par lequel les astronautes sortent dans l'espace. L'écoutille s'ouvre vers le bas, vers la terre à 450 km au dessous !

Les astronautes sortent du sas Quest avec 45 minutes d'avance à 11h22 GMT. Au sol, les capcom Luca Parmitano et Anne Mc Clain sont devant leur console. Thomas suit le protocole de vérification de leur scaphandres respectifs et de ses gants (ce qui sera fait périodiquement lors de l'EVA) avant de rejoindre leur lieu de travail sur S4 pour Shane et la palette EP pour Thomas. L'astronaute règle ensuite le couple de sa visseuse-dévisseuse électrique (PGT: Pistol Grip Tool). Les travaux de remplacement commencent. Shane rejoint Thomas et les deux travaillent chacun sur une plaque d'adaptation différente: Thomas est sur la plaque F et Shane sur le E. Au sol, Luca leur conseille de se "calmer" un peu et de respirer !

       

Shane a vraiment assuré dehors et m’a fait profiter de son expérience au maximum. Peggy s’est montrée très efficace pour gérer les millions de procédures à suivre pour nous faire sortir puis nous ramener. Oleg nous a été d’une grande aide dans le sas et a pris de super photos (depuis les petits hublots du Soyouz en plus : c’était pas gagné !)…
Au sol,
Luca nous a guidé tout au long de notre sortie dans l’espace (EVA) depuis le centre de contrôle de Houston. J’ai énormément de respect pour toutes les équipes impliquées dans la conception, la construction et le lancement des équipements, la planification, les tests et le déroulement des EVA… Sans compter les instructeurs qui ont fait en sorte qu’on ne fasse pas de gaffes le jour J ! Chapeau bas à tous.

Thomas a fini le démontage en premier. Chacun attache les plaques à son scaphandre pour pouvoir les trimballer. Les 2 astronautes se séparent et pendant que Thomas, resté sur la batterie, ferme le sac où sont rangées les pièces détachés, Shane passe à l'arrière et procède à son tour à l'inspection de ses gants. Thomas rejoint Shane sur S4.
Une nouvelle inspection des gants est demandée à Thomas et Luca lui demande également de ne pas trop approcher ses pieds du radiateur derrière eux. Petite coupure de transmission le temps de changer de TDRS.
La première plaque F est installée. Un vieille batterie NI-H est placée au dessus, elle servira de secours dans le futur. Les astronautes ont une heure d'avance sur le programme, la sortie dure depuis presque 2 heures. Suivent la plaque E et la plaque D sur la dernière batterie Li-Io pour finir complètement l'installation et vérifier l'alimentation du canal 1A. PET + 3 heures, le changement des 6 batteries est réalisé plus vite que prévu (1h et demi). Le sol transmet de nouvelles directives pour terminer leur sortie, notamment réalise des photos de certaines parties de la station, comme le "trou à rat" que constitue le sac de noeuds de câbles entre Z1, Destiny et S0), réparer la lumière d'une caméra du bras stockée sur le CETA, le retrait de mains courantes sur Destiny pour faire de la place à de nouvelles antennes de guidage pour les futurs vaisseaux commerciaux et l'installation d'une protection thermique sur le Node 3. A près 5h58 dans le vide, les astronautes rejoignent le sas, avec 30 minutes d'avance à 17h20.

Photo de Thomas prise par Peggy à l'intérieur du sas

Thomas Pesquet: "Le selfie de l’espace, passage obligé! À part ça je vous assure, c’est un sentiment inoubliable d’être son propre vaisseau spatial!"


 

17 janvier: Un exemple d’un emploi du temps journalier sur la Station spatiale internationale. Il est constamment actualisé et, tout au long de la journée, on marque comme terminée chaque tâche effectuée. Au sol, des planificateurs sont spécialement chargés de gérer notre programme d’activités de manière à ce que l’on travaille le plus possible, et ce en tenant compte de différents critères. Chaque matin, avant de commencer le travail, on passe en revue avec le centre de contrôle l’emploi du temps du jour : c’est le « DPC » (pour « Daily Planning Conference », soit Conférence quotidienne de planification).

Les planificateurs, qui travaillent à plein temps, doivent faire face à de nombreuses contraintes pour établir des plannings cohérents pour chaque journée. Par exemple, certaines opérations requièrent la participation d’un binôme, lequel doit alors lui-même être disponible à ce moment-là. Il faut parfois que la Station soit la plus calme possible : pas question qu’un collègue utilise le tapis de course au même moment. Des vibrations intempestives pourraient en effet fausser toutes les données de l’expérience en cours ! Le sport, justement, constitue une autre contrainte : nous sommes tous tenus de faire au moins 2h30 d’exercice, mais il n’y a que quatre machines pour six astronautes... Même problème pour l’utilisation des trois modules laboratoires, où l’on peur rarement travailler à plusieurs sur différentes expériences. Et pour le couronner le tout, quand le satellite de communication n’est pas en phase avec l’orbite de la Station, le contact radio est coupé entre l’ISS et les équipes au sol.

La barre tout en haut en noir et blanc indique s’il fait jour ou nuit sur la portion de Terre que l’on est en train de survoler. C’est important pour toutes les tâches d’observation de la Terre (et pour nos photos personnelles prises pendant notre temps libre ;) ). Beaucoup d’acronymes barbares sur cet emploi du temps… Je crois bien avoir déjà souligné l’obsession des différentes Agences spatiales pour ces derniers. Mais c’est facile de s’y retrouver : il nous suffit de cliquer sur la case correspondante pour obtenir le nom complet, des informations supplémentaires et la procédure à suivre, écrite par des spécialistes du sujet.

18 janvier, les astronautes déploient 6 CubeSats depuis le module Japonais Kibo: "Ils ont alors volé quelques minutes en formation au-dessus de la Terre, plutôt sympa à voir ! Les photos sont de Peggy et Shane a filmé les opérations. Un travail d’équipe, comme souvent sur l’ISS, mais du coup on était un peu serrés dans la Cupola"
Le système de déploiement d
e satellites se trouve à l’extrémité du bras robotique japonais JEMRMS. Thomas a d'abord installé le déployeur et les mini-satellites il y a trois semaines dans le mini sas du module japonais Kibo, grâce à sa table à rails coulissants, utilisée pour transférer des équipements à l’extérieur de la Station. Ensuite, ce lundi, le JEMRMS a été manipulé pour saisir le matériel.

Les six nano-satellites sont très petits (10 centimètres de côté, par exemple), ce qui explique qu’on ait pu en lancer autant et qu’il s’agisse souvent de projets étudiants. Leur format est également optimal pour tester de nouvelles technologies. Cette fois-ci, on a déployé (en résumant grossièrement) : le FREEDOM, qui devrait montrer comment désorbiter les satellites et ainsi aider à dépolluer l’espace des débris spatiaux, WASEDA-SAT3, qui teste notamment des structures de satellites très légères, ITF-2 destiné à la radio amateur, EGG, un satellite de plus grande taille et qui comporte une enveloppe protectrice qui se déploiera pour mieux contrôler la rentrée de l’engin, l’AOBA-Velox-III qui utilisera des moteurs à plasma pulsé pour son système de propulsion, et le TuPOD, qui déploiera lui-même en orbite deux nano-satellites cylindriques (appelés Tubesats) d’ici à quelques jours. Et tous ces engins viennent du Brésil, du Japon, de Singapour et des États-Unis…

Hervé Stevenin, le chef des Eurocom au centre EAC de Cologne! "Content d'aider ThomasPesquet , Shane and Peggy en temps que Eurocom pendant leur travail dans l'ISS. Cool de parler à Thomas dans l'espace depuis le Centre Européen des astronautes de l'ESA" L'Eurocom est au centre de contrôle de Columbus la personne qui parle aux astronautes dans Columbus, l'équivalent du Capcom de Houston et du PCom (Payload Com) de Huntsville. Les Eurocom sont basés à Munich au centre de contrôle Columbus le COL CC et à l'EAC. Contrairement aux Capcom, les Eurocom sont aussi bien des astronautes que des ingénieurs instructeurs. Ils assurent par rotation le suivie des activités dans le module Columbus du matin jusqu'au soir 24 heures sur 24.
Avant le lancement de Columbus en 2008, les Capcom européens étaient des CIC Crew Interface Coordinator. Comme les Capcom ils assuraient les communications avec les astronautes en mission dans le Shuttle ou dans la station MIR.

En 2008, on comptait 7 Eurocom, des astronautes, des "crew support", des entraîneurs Columbus ou Payload ou des représentants de l’ESA et de la DLR travaillant à l'EAC. Depuis, on est passé à une douzaine travaillant à temps partiel ou a temps complet. Le chef des Eurocom, c'est Hervé Stevenin de l'ESA. Après sa participation en CIC à la mission Spacelab IML-1 depuis le centre de Houston en 1992, il a été responsable “ Systèmes, Entraînement Equipages et Opérations en vol ” et CIC pour les missions Altaïr, Cassiopée et Pégase. Il a dirigé l'équipe responsable de l'entraînement des équipages d'ISS pour l'ensemble des charges utiles européennes. Aujourd'hui, en tant que plongeur il assure l'entraînement des astronautes au NBL.

Alors que l'ESA s'aprête à annoncer la nomination d'un nouvel astronaute pour étoffer son effectif, En orbite thomas fait le compte: La boucle est bouclée : content d’apporter la touche finale à la tradition des « Shenanigans » (le surnom de la promotion 2009 des astronautes de l’ESA) ! La mise en abyme spatiale a commencé avec la mission de Luca et se termine aujourd’hui avec ma contribution. Dans l’ordre, ça donne : Luca Parmitano en 2013, avec une photo de Tim Peake tenant un cliché d'Andreas Mogensen, Luca et moi dans le bassin où l’on simule des sorties dans l’espace, puis Alex Gerst (2014), Samantha Cristoforetti (2014-2015), Andy (2015), Tim à nouveau, mais dans l’espace cette fois (2016) et… moi.



Matthais Maurer, diplôme en sciences des matériaux faisait partie de la sélection de 2009. Ce jeune allemand de 53 ans sera officiellement présenté le 2 février prochain.

       

27 janvier, le HTV 6 quitte la station: "Nous avons donc fait nos adieux au véhicule ravitailleur japonais HTV-6 vendredi dernier. J’étais cette fois-ci aux commandes, épaulé par Shane. Le vaisseau cargo, en plus d’apporter du ravitaillement, a fait office de module supplémentaire pendant les 46 jours qu’il est resté attaché à la Station spatiale. Et maintenant, il flotte seul dans l’espace, avant de brûler sans risque à la rentrée atmosphérique. Une fin... flamboyante ;) Même en ce moment, l’HTV a un rôle à jouer :... l’Agence spatiale japonaise, JAXA, profite du départ de son vaisseau cargo pour tester le « KITE » (Kounotori Integrated Tether Experiment), une attache électrodynamique expérimentale de 700 mètres de long. Son but est de tirer le véhicule en direction de la Terre plus rapidement et avec plus de précision. Ce genre de technologie devrait nous être très utile pour les satellites du futur : on pourra s’assurer qu’ils ne restent pas en orbite autour de la planète une fois devenus obsolètes, mais qu’ils se désintégreront plutôt à la rentrée dans l’atmosphère en retombant sur Terre.

29 janvier, grand sportif Thomas annonce depuis l'espace le début du tournoi des 5 nations.

2 février, le cargo russe Progress 64 quitte la station, 6 mois après son arrivée. Du fait que le vaisseau est amarré en "dessous" la station", il a fallu réorienter la station en la penchant de 90°. "La nouvelle orientation permet alors au véhicule de rejoindre à son départ une orbite plus haute et donc de voler à une vitesse moindre. De cette manière, le cargo ne croise pas la Station après avoir effectué une orbite complète et tout risque de collision est évité. "

Deux activités scientifiques en une photo : Skinsuit, que je porte régulièrement en ce moment, pendant l’expérience VERTIGO. Celle-ci implique les sphères de la NASA dont je vous ai déjà parlé, qui ont l’avantage d’être polyvalentes. Ces satellites d’intérieur fonctionnent avec des cartouches de gaz comprimé qui leur permettent de manœuvrer dans la Station, dans le cadre de différentes expériences. Pour VERTIGO, il s’agit de valider les algorithmes d’approche et d’amarrage entre deux objets mobiles et indépendants. Les résultats serviront aux satellites du futur pour réaliser des manœuvres complexes et autonomes, voire à des systèmes de récupération des débris spatiaux. À la manière des voitures sans chauffeur, mais dans l’espace… ! 

Thomas Pesquet à la "une" du Figaro Magasine" du 3 février

3 février: La vie est toujours plus belle en musique ! La musique que j’écoute m’accompagne en orbite, me connecte avec mes proches, mes souvenirs de la Terre, mes émotions. L’idée de cette vidéo est venue d’une rencontre avec #Yuksek à Paris avant mon départ. On a réussi à trouver le temps de concrétiser ce projet pour créer un clip en partie tourné dans l’espace – ce n’est quand même pas tous les jours. Je trouve le résultat assez poétique, évidemment en grande partie grâce au talent de compositeur de Yuksek.

5 février, après le rugby, le Super Bowl pour les astronautes américains.

9 février: Peggy et moi-même dans le module gonflable BEAM (Bigelow Expandable Activity Module). Je porte le « Skinsuit » dans le cadre d’une expérience européenne. Il s’agit d’une combinaison sur mesure conçue pour garder ma colonne vertébrale compressée (et donc bien en place). Skinsuit pourrait aider à soulager les problèmes de dos inhérents au métier d’astronaute…Chez certains d’entre nous, la colonne vertébrale s’étire jusqu’à 7 cm en impesanteur ! Un problème auquel j’ai la chance d’échapper… dommage pour ma carrière de basketteur ;)

Un mot sur les modules gonflables, technologie qui peut surprendre : le principe est de les envoyer dans l’espace sous forme compressée et les déployer une fois en orbite. Cette méthode fait gagner de la place et permet d’alléger les charges utiles. BEAM est ici pour valider cette technologie complexe, et le module est fermé la plupart du temps : je ne l’avais jamais visité avant d’ouvrir l’écoutille la semaine dernière pour y installer de nouveaux capteurs. Les modules gonflables constituent sans doute la technologie du futur pour construire une base sur Mars !

 

9 février, c'est l'anniversaire de Peggy Whitson, 57 ans, c'est l'astronaute femme la plus agée de l'histoire des vols spatiaux habités devant Barbara Morgan (55 ans en 2007). Astronaute depuis 1996, groupe 16 de la NASA, elle n'a volé que 3 fois seulement mais a accumule plus d'une année en orbite. Elle a volé avec 2 astronautes ESA, Philippe Perrin en 2002 expédition 5 (STS 111) et Leopold Eyharts en 2008 expédition 16 (STS 122. Avec l'expédition 50, Peggy pourrait pulvériser le record de durée dans l'espace. En effet, il était prévu qu'elle reviennent avec Thomas et Oleg en juin prochain. Profitant du siège libre du Soyouz MS 04 qui sera lancé en avril, elle resterait dans ISS jusqu'en septembre, totalisant ainsi 667 jours en orbite, battant Jeff Williams (534 jours) et Samantha Cristoforetti (199 jours).

"Deux mois dans la station et je n’ai rencontré que récemment le dernier colocataire ! Robonaut, développé par la NASA - National Aeronautics and Space Administration est destiné à épauler les astronautes pour des activités dangereuses ou tout simplement fastidieuses. Il est pour l’instant toujours en test et nous l’avons activé la semaine dernière pour tester sa consommation d’énergie et réparer un câble défectueux. À long terme, on aura recours à des robots de ce type pour explorer d’autres planètes, le tout sous contrôle (strict !) d’astronautes. L’expérience en télérobotique Haptics-2 d’il y a quelques jours explore la même thématique."

Le tournevis spatial, visseuse-dévisseuse programmable utilisée pendant les EVA

22 février, les Hautes Alpes vue par thomas: "Pas de raison que je ne favorise pas les lieux que j’aime, et même ceux… où j’aime skier ! La vallée de Serre-chevalier (en haut), du Col du Lautaret à Briançon." Page "Briançon" du Dauphiné Libéré du 7 mars.

   

23 février: Dragon apporte quelques objets personnels de Thomas, mais surtout, tout un tas d’équipements scientifiques, de quoi notamment réaliser l’expérience française Fluidics du CNES ! Il s’agira d’étudier le comportement des liquides dans l’espace, d’une part pour mieux comprendre celui des courants océaniques, et d’autre part afin d’optimiser la consommation du carburant des satellites.
 

25 février, les élèves de l'école de Boissières et St Dionisy dans le Gard conversent une dizaine de minutes avec Thomas Pesquet grâce au club radioamteur de la Vaunage. Dans le cadre d'un programme pédagogique européen, 20 élèves ont pu s'entretenir en vidéo avec Thomas Pesquet. Parmi les 56 candidatures européennes, le regroupement pédagogique intercommunal de Boissières et Saint-Dionisy a su mettre quelques étoiles dans les yeux des sélectionneurs. C'est la première fois en France que des enfants aussi jeunes, (âgés de 4 à 10 ans), peuvent discuter avec la Station Spatiale Internationale en direct vidéo. Les 20 élèves choisis sont en file indienne et défilent à la manière d'un ballet télévisuel millimétré avec un timing proche de celui d'une horloge atomique.
Le 13 février, la liaison avec les 20 collégiens de Chatelaillon Plage fut l'occasion d'avoir en France, en plus du son l'image de l'astronaute en direct alors que la station survolait la Corogne en Espagne et continué au dessus de la Bretagne avant de s'éloigner vers la Pologne. Depuis son lancement en novembre, l'astronaute a pu établir 10 contacts avec les collèges de France, le 11e est prévu le 1er mars avec les élèves de Rueil-Malmaison.

C’est une des missions que la NASA fixe aux astronautes : effectuer en moyenne une fois par semaine un contact radio avec des élèves d’un établissement d’enseignement et ce, au niveau mondial. Le but est l’éveil de l’intérêt des jeunes pour l’es
pace et les sciences et technologies associées, et la promotion des activités de recherche spatiale auprès du public qui les finance, en Europe par l’intermédiaire de l’Agence spatiale européenne. C'est l'association radioamateur, ARISS International
Amateur Radio on International Space Station qui est en charge du financement des équipements radio spécifiques embarqués à bord de l’ISS (émetteurs-récepteurs, informatique,antennes…) et des contacts avec la NASA et les associations locales pour la programmation et l’organisation des rendez-vous. ARISS est source de proposition et d’échange auprès de la NASA. ARISS France est l’association radioamateur qui, en France, est en charge de l’organisation de ces contacts. Elle apporte son concours aux associations de radioamateurs désirant établir, avec un établissement scolaire, une liaison avec ISS. Le lancement du cargo Dragon 10 a permit d'apporter aux astronautes une nouvelle radio Ericson en bande VHF. Elle remplacera la radio défaillante dans Columbus.

Les astronautes, cosmonautes, spationautes qui font un séjour dans ISS peuvent exploiter les équipements radioamateur à condition qu’ils aient leur licence.  C’est bien sur le cas pour Thomas Pesquet qui lors de son entraînement a obtenu sa licence aux USA : KG5FYG. Le matériel ayant été mis dans des secteurs différents de la station spatiale, les Etats Unis et la Russie et pays européen  ont alloué des indicatifs. Les indicatifs suivant été assignés à la Stations Spatiale Internationale pour les USA: NA1SS, pour la Russie: RS0ISS, pour l'Allemagne: DP0ISS, pour la Belgique: OR4ISS et pour l'Italie: IR0ISS. D’autres indicatifs peuvent être utilisées en fonction de l’équipage, par exemple PI9ISS exploité par le néerlandais André Kuipers, ou les indicatifs propres aux occupants de la station.

Dés lors que les spationautes Français sont resté suffisamment longtemps à bord d'ISS pour leur permettre de faire des contacts radioamateur, sous l’impulsion de l’AMSAT-F et du REF, l’association Réseau des Émetteurs Français, l'administration française a attribué un indicatif pouvant être utilisé durant leur mission. Le premier spationaute Français a en bénéficier fut Jean Pierre Haigneré. Il bénéficia de l’indicatif : FX0STB alors qu’il était dans la station MIR. Claudie André-Deshays bénéficia de l’indicatif FX0STA. L’indicatif FX0STD fut utilisé par Léopold EYHARTS en 2008 lors de son séjour à bord de l’ISS. Pour Thomas Pesquet, comme pour les précédents spationautes français qui avaient des contacts radioamateur à réaliser, le groupe de travail ARISS-F, le REF et l’AMSAT-F ont sensibilisé l’administration Française. Ainsi, après de nombreux échanges entre F1TE, président du REF, Thomas Pesquet et l’ANFR, l’indicatif FX0ISS a été attribué à la Station Spatiale Internationale, d’une manière plus pérenne. Thomas Pesquet peut donc utiliser cet indicatif durant sa mission, de mi novembre 2016 à mi mai 2017. Cet indicatif est répertorié dans l’annuaire ANFR.

"Ici FX0ISS, Thomas Pesquet depuis l'ISS. Je vous entends, bonjour à tous». Visioconférence avec l'astronaute Français en direct d'ISS. L'image en plus du son est apparu aux radio amateur en 2013. L'équipement, Ham Vidéo a été monté à bord en août et installé en octobre. (Photo A Maurin)

26 février, 100 jours dans l'espace pour Thomas.

27 février, Thomas fête ses 39 ans. Pour l'occasion, une surprise a été apporté par le cargo Dragon, 2 boites de 7 macarons framboise, préparés par

   

Autre surprise arrivée dans le dragon pour l'anniversaire de Thomas, son saxophone, bien caché par ses co équipiers jusqu'au jour J.

Le jour où Thomas fête ses 39 ans, on apprend que le professeur Fabrice Diot du lycée Charles de gaule de Dijon qui avait initié un projet avec l'astronaute est décédé à l'age de 43 ans. Les élèves de Fabrice Diot travaillaient avec leur professeur sur un projet autour de la moutarde. Ils ont fait parvenir à Thomas Pesquet des graines de moutarde. L’objectif est d’observer comment se comporte la moutarde dans un environnement sans pesanteur et plus particulièrement de comprendre « pourquoi les racines poussent en général vers le bas." L’expérience est réalisée, parallèlement, à terre, par les élèves, pour comparer les résultats. Les élèves ont envoyé un message à l'astronaute afin qu'il lui rende hommage. Thomas Pesquet se joint "à l'hommage et réagira plus personnellement et non publiquement en temps venu" en adressant une lettre aux élèves et à la famille de Fabrice Diot. Par ailleurs, un hommage public devrait être rendu au professeur lors de la publication des résultats de l'expérience sur les graines de moutarde courant mars.

C'est Mardi Gras et carnaval dans ISS aussi. Thomas Pesquet  pour l'occasion décidé de déguiser ses co équipiers en astronautes ESA. "Voici mes 5 collègues de la promotion d'astronautes de 2009, Gerst, Parmitano, Mogensen, Cristoforetti et Peake, une belle équipe. Habituellement, on vole l'un après l'autre, mais aujourd'hui j'ai changé la règle.

 

Ces petits sacs renferment 1,2 millions de… graines de tomates ! Il s’agit du projet Tomatosphere (sic) lancé par l’ Agence spatiale canadienne / Canadian Space Agency. 20 000 classes de maternelles et de primaire dans toute l’Amérique du nord recevront ces pépins après leur séjour dans la Station spatiale. Les enfants pourront alors les cultiver à l’école et comparer la croissance de ces tomates avec celles qui ne sont jamais parties dans l’espace. Ils seront donc aux premières loges pour observer l'effet du rayonnement spatial sur les légumes. C’est un exemple sympa de vulgarisation scientifique et j’espère que le projet inspirera les écoliers !

O. Chaudenson, F. d'Agay, C.Haigneré, C. Autheman, C. Dorland, A. Borschberg
J.B Desbois et T. de Fombelle

16 mars, le Jury du premier concours d'écriture lancé depuis l'espace, par Thomas Pesquet le 2 janvier dernier, en a terminé avec ses délibérés et a donc sélectionné les 10 textes finalistes parmi lesquels Thomas devra choisir ses deux coups de coeur. Rendez vous le 6 avril.

Ce dernier délibéré s'est déroulé au Ministère de la Culture et de la Communication avec la présence physique de la quasi-totalité du Jury. C'est Thomas en personne qui avait lancé le concours depuis l'ISS. Le concours est destiné aux jeunes entre 8 et 25 ans et il consistait à écrire ''une suite'' en français au Petit Prince en narrant sur une page la prochaine rencontre de celui-ci sur un nouveau monde.

Le succès a été au rendez-vous ! En effet, plus de 8 500 textes ont été transmis par des jeunes de 78 pays. Tous les envois devaient se faire par internet, mais il y a eu aussi quelques envois ''en papier'' par la poste, dont certains avec, pour en avoir vu quelques uns, beaucoup d'originalité (en version pop-up par exemple).
Le Jury, présidé par Thomas Pesquet, était composé des astronautes Claudie Haigneré et Jean-François Clervoy, d'André Borschberg et de Bertrand Piccard, tous deux pilotes du Solar Impulse, de François d'Agay, neveu et filleul d'Antoine Saint-Exupéry et Président de la Fondation Saint-Exupéry pour la Jeunesse, de Marie-Vincente Latécoère, Présidente de la Fondation Latécoère, de Jean-Baptiste Desbois, directeur de la Cité de l'Espace à Toulouse, de Camille Dorland, laborantine et lauréate d'un coucours d'écriture, d'Olivier Chaudenson, directeur de la Maison de la Poésie, de Timothée de Fombelle, auteur jeunesse, et de Charles Autheman, délégué général du Labo des Histoire.
Chaque ''écrivain'' devait respecter des critères précis et deux d'entre eux auront la joie de voir leur écrit lu dans l'espace par Thomas Pesquet lui-même le 6 avril prochain normalement. Les dix finalistes dont les textes ont été envoyés à Thomas se répartissent en 5 venant de la France et les 5 autres des cinq continents (un par continent). Il y aura un texte de France et un texte du monde dans les deux sélectionnés par Thomas.
 
Catégorie "Internationale"
 - Selena BIJLENGA-KELMACHTER (16 ans, Buenos-Aires - Argentine)
- Hélène BIRAGNET (14 ans, Londres - Royaume-Uni)
- Manon CHARLES (23 ans, Clayton - Australie)
- Paul-Louis DROUFFE (13 ans, Hong-Kong - RP Chine)
- Meiya GUJJALU (13 ans, Tamarin - Île Maurice)
Catégorie "France"
- Ilona DECAESTECKER (14 ans - Levallois-Perret)
 
- Diego GERNAIS (23 ans - Le Poinçonnet)
- Elina LAPORTE (10 ans - Toulouse)
- Manon TENDIL (24 ans - Strasbourg)
- Antoine PUIG (24 ans - Saint-Maur-des-Fossés)
 


Le Jury a été frappé par la beauté et la maturité de certains textes, par l'actualité de ceux-ci, par le parallèle  avec la vie dans ce qu'elle a de joyeux ou de triste, etc...
Pour André Borschberg, Le Petit Prince <<
me replonge dans l'enfance, où l'impossible, le rêve devient possible. Le Petit Prince m'a inspiré quand j'étais petit, m'a inspiré plus tard, m'a inspiré dans l'aventure Solar Impulse, et continuera de m'inspirer. Quand je vois tous ces jeunes d'aujourd'hui qui ont été inspirés aussi par Le Petit Prince, cela est très émouvant ! Eux aussi rêve que l'impossible peut devenir possible ! Cela me touche beaucoup ! >> Stephane Sebile, Space Quotes

19 mars, "aujourd’hui nous avons fait nos adieux au véhicule ravitailleur SpaceX Dragon. Il retourne sur Terre en emportant un peu de nous à son bord… littéralement ! Nous y avons en effet placé des échantillons scientifiques importants, dont des prélèvements biologiques obtenus sur nous-mêmes !"

20 mars, à l'occasion de la "semaine de l'eau" avec l'UNICEF, Thomas répond à une dizaine de questions en Live depuis ISS avec plus de 10 000 écoles, essentiellement francophone et 200 000 élèves de CP à la 3e.

Du fromage dans ISS ! Du Comté pour l'anniversaire de l'astronaute amené dans le Dragon de la coopérative de Plasne dans le Jura, 4 morceaux de 250 grames, affiné depuis 6 à 12 mois. Cette idée originale est venue de la compagne de Thomas Pesquet, dont la famille est originaire de la commune de Plasne, dans le Jura (39). Son oncle, le maire du village, Hubert Mottet a relayé en toute discrétion cette volonté de faire une surprise au spationaute, qui adore le Comté. Le fromage envoyé au Cnes à toulouse fin octobre 2016 a passé toutes les épreuves de sélection avant son embarquement dans l'espace auprès de l'ESA et la NASA.

 24 mars, seconde EVA pour Thomas. Avec Shane, l'astronaute sort d'ISS pour 6h34 de travail. Les 2 hommes travaillent chacun de leur coté sur des taches indépendantes. Shane rejoint le segment S0 pour installer le nouveau multiplexeur-démultiplexeur EPIC (Enhanced Processor & Integrated Communications). Il rejoint ensuite l'adaptateur PMA 3, placé à l'extrémité du Node 3 tranquility. L'astronaute a pour mission de le débrancher afin que la bras SSRMS puisse le saisir pour le déplacer sur le Node Harmony le 30 mars. Après un rapide retour au sas pour changer de matériel, l'astronaute récupère 2 unités de caméra extérieure pour  le module Kibo.

"Une sortie dans l’espace, c’est un après-midi à l’extérieur mais des semaines de préparation en amont, au sol comme sur la Station, notamment pour nos outils et équipements. ici, emballage de la caméra que Shane remplacera sur Kibo."

Thomas, de son côté, se déplace vers S1 pour y inspecter une légère fuite du système de refroidissement de la Station. Depuis quelques temps, une légère fuite d'ammoniaque a été détecté sur un radiateur mais sans gravité. Thomas inspecte minutieusement les divers éléments, boites de jonctions, lignes, tubes, rien ne fuit. Seconde tache pour thomas, l'entretien de l'extrémité du bras robot RMS, le manipulateur SPM et l'effecteur de verrouillage LEE.

"Pas beaucoup de photos de la sortie dans l’espace à partager cette fois-ci : j’avais les mains prises la plupart du temps, et quand j’avais la caméra, c’était pour photographier ma zone de travail pour analyse au sol. J’ai été bien occupé entre une opération de maintenance sur l’extrémité du bras robotique et l’inspection d’un radiateur, sur laquelle nous soupçonnions une fuite potentielle. Au final il n’y en avait pas : tout le monde est soulagé !"

   

"Shane avait une meilleure vue que moi la plupart du temps… mais nos zones de travail respectives étaient tellement éloignées que nous ne nous sommes vus que deux fois : au début et à la fin ! Ici, je transportais un cale-pied portable articulé dont j’ai eu besoin pour travailler avec mes deux mains libres."
 

"Peggy était aux commandes du bras robotique depuis l’intérieur de la Station spatiale, pendant que je travaillais dessus à l’extérieur. Un vrai travail d’équipe ! "

Une seconde EVA est prévu le 30 mars pour finaliser le branchement du PMA 3 sur le Node 2. Les astronautes Kimbrough et Whitson devront aussi installer de nouveaux ordinateurs sur les poutrres externes et couvrir le système d'amarrage du PMA 3 devenu inutile. La 3e EVA , le 6 avril permettra à Thomas et Peggy de remplacer des boites d'avioniques sur les palettes de stockage EXpress apportées par le cargo Cygnus 7.

Les astronautes devraient aussi en profiter pour inspecter l'AMS installé sur une poutre de la station depuis 2011. Depuis quelques mois, les scientifiques ont remarqué une augmentation de la « dégradation » de l'une des multiples pompes qui permettent le fonctionnement de son système de refroidissement. Dans le but d'éviter une dégradation plus importante de l'AMS, les scientifiques ont demandé à la NASA de profiter d'une des 2 EVA de T. Pesquet pour qu'il s'y rende et, à l'aide d'un petit outils, devra déterminer si une « terminaison 1553 » (qui se trouve à l'extrémité du bus transportant les données vers et à partir de l'instrument AMS) est fonctionnelle. Cela devra permettre de savoir si le défaut de la pompe est réel ou si les données qui en émanent son faussées par cette "terminaison 1553".

26 mars, mariage dans les étoiles ? Les alliances pour un couple d'amis de thomas qui se marieront sur terre cet été, l'astronaute sera leur témoin.

30 mars, EVA 41 pour Peggy Withson et Shane Kimbrough. Pendant 7h et 4 minutes les astronautes terminent la connexion du PMA 3 sur le Node . Shane remplace un second multiplexeur-démultiplexeur sur la poutre S0, comme lors de la précédente sortie. Au cours de cette sortie, un morceau de la couverture de protection thermique pour la pièce d'amarrage CBM du Node 3 est perdue. Elle est remplacée par celle recouvrant le PMA 3 récupérée juste avant par Peggy. Un montage est réalisé aidé par le "sol" pour recouvrir parfaitement la pièce d'amarrage. Avant de rentrer dans le sas, les astronautes terminent l'installation de couverture protectrice sur la base du PMA 3. Thomas et Peggy devraient réaliser l'EVA 42 le 24 avril après l'arrivée du Cygnus le 20.

"La question la plus mignonne qu’on m’ait posée : la fille d’amis (qui m’a vu flotter en impesanteur) voulait savoir… à quel âge j’avais eu mes super-pouvoirs ! Elle s’inquiétait sans doute de ne pas encore voler elle-même ;)"

5 avril, Thomas Pesquet redescendra sur terre le 2 juin prochain après un vol de 196 jours. Initialement, l'astronaute devait revenir entre le 10 et le 15 mai, il gagne ainsi 15 jours supplémentaires. Thomas doit réaliser une EVA avec peggy le 24 avril. Parallèlement, la NASA et Roskosmos viennent de décider de prolonger la mission de Peggy Whitson jusqu’à début septembre, donc s’étendre à 9,5 mois, ce qui lui garantira un record personnel pour le plus long vol unique jamais entrepris par une femme, (199 jours pour l'Italienne Samantha Cristoforetti en juin 2015). Peggy Whitson est déjà l'astronaute féminine la plus expérimentée au monde.
En comptant ses deux derniers incréments ISS de longue durée, ainsi que son expédition en cours, elle deviendra la première femme à passer 500 jours cumulatifs dans l'espace le 21 avril. À la fin du mois, elle aura dépassé Scott Kelly et Jeff Williams pour devenir l'astronaute le plus expérimenté des États-Unis.
Si Whitson atterrit le 3 septembre, en revenant à la Terre avec les membres d'équipage Soyouz-MS-04, Fyodor Yurchikhin et Jack Fischer, elle aura marqué un record de mission de 290 jours et un total de carrière de 667 jours en 3 expéditions ISS. Cela positionnera l'ancienne astronaute en chef de la NASA en tant que huitième astronaute les plus aguerris du monde.

Le 9 avril, Peggy prend pour la seconde fis fois le commandement de la station, à la place de Shane qui redescend le 10 sur terre en compagnie de Ryzhikov et Borisenko à bord du Soyouz MS 02. Jack Fisher et Fyodor Lourtchikhine rejoindront la station le 20 avril pour compléter l'expédition 51.

Fermeture de l'écoutille du Soyouz avec Shane, Sergei et Andrei

13 avril, Thomas dévoile le résultat du concours d'écriture sur le "petit Prince", "faites voyager vos histoires dans l'espace": deux coups de cœur parmi les très nombreux textes proposés (8400 participants), celui de Paul-Louis Drouffe, 13 ans de Hong-Kong, en Chine "son texte décrit avec beaucoup de sensibilité la rencontre du Petit Prince et d'un grand jardinier cultivateur d'étoiles" et Manon Tendil, 24 ans de Strasbourg "Dans son texte, le petit prince rencontre un larmoilleur dont le travail consiste à s'occuper des chagrins du monde. Il se dégage du texte une profonde poésie, entre mélancolie et espoir."

15 avril, Thomas ne sortira pas dans l'espace avec Peggy lors de la prochaine EVA. C'est l'astronaute Américain Jack Fisher qui le remplacera le 12 mai. Ce sera la 200e EVA depuis ISS.

19 avril, Thomas , ancien membre de la fanfare de Supaero lance la Pitxuli depuis ISS.

20 avril, Fyodor Lourtchikhine, dont c'est le 5e vol et le "bleu" Jack Fisher rejoindront la station pour compléter l'expédition 51.

22 avril, Thomas accueille les membres de l'expédition 51 Lourtchkhine et Fisher et le cargo Cygnus 7. Jack Fischer, alias 2fish (son indicatif radio) ! Colonel de l’Air Force, pilote d’essai hors pair, génie de l’informatique : "il a plus d’une corde à son arc. Il a été sélectionné en 2009 et séjourne pour la première fois sur la Station, tout comme moi."

   

24 avril, "le kit CERES qui m’a servi à faire pousser des plantes dans le laboratoire européen Colombus, pendant que des centaines de jeunes du primaire au lycée participaient à la même expérience sur Terre. Au programme de cette coopération entre le CNES et l'ESA - European Space Agency : radis et graines de moutarde et de lentilles. L’activité a eu beau s’adresser à des jeunes, elle ressemble sur le principe à de nombreuses expériences menées quotidiennement sur la Station et dont le protocole demande un suivi simultané entre la Terre et l’espace, pour révéler les phénomènes masqués par la gravité."

3 mai, vérification des scaphandres Sokol par Oleg Novitski. Ils seront utiliser par thomas et le cosmonaute pour rentrer le 2 juin. "En préparation de notre retour sur Terre, nous avons ajouté nos patchs sur nos scaphandres Sokol (qu’on portera dans le Soyouz). Mais pas d’inquiétude : on ne risque pas de percer la combinaison - et tant mieux : elle nous protègera en cas d’incendie ou de dépressurisation soudaine. Le scaphandre et le patch comportent des boucles pour que l’on puisse enfiler ce dernier sans avoir à percer de trous. Une aiguille non émoussée, c’est la dernière chose qui doit se retrouver près d’un scaphandre ! J’anticipe les questions : le jouet derrière, c’est un mini saxophone offert par Oleg pour mon anniversaire…"

6 mai, Séance de vélo dans le cadre de nos deux heures de sport quotidiennes, l’occasion de tester un T-shirt… « intelligent ». Équipé de capteurs, il enregistre le rythme cardiaque à distance et l’envoie à l’application du CNES EveryWear, qui peut alors transmettre les données correspondantes aux médecins au sol. Plutôt que de se dépêtrer avec des capteurs à fil et de perdre du temps à envoyer manuellement des informations, il nous suffit d’enfiler le smartshirt – une technologie qui se révèlera utile sur Terre également !

   

9 mai, badge des Shenighan: Cette photo tombe à pic pour la journée de l’Europe : voilà le patch officiel de la promotion 2009 des astronautes de l’ESA (« shenanigans » autoproclamés) ! Au-delà de notre profession, ce qui nous unit, c’est définitivement notre attachement et notre confiance en l’Europe. C’est elle aussi que je représente, en même temps que la France. Il y aurait beaucoup à dire sur la conception de ce patch ; je vais me contenter de quelques détails : il a la forme de la Cupola (qui est une contribution européenne à la Station ;)), a autant d’étoiles que de membres et porte notre devise. Merci à mon ami Vincent Gibaud pour le design, d’après nos idées et les conseils de l’équipe derrière.

Thomas Pesquet, en direct vidéo depuis ISS le 9 mai avec la Cité de l'espace. Les enfants et des internautes ont pu poser des questions à l'astronaute durant 30 minutes.

10 mai, Ce n’est pas tous les jours qu’on voit un astronaute dans un scaphandre DANS la Station ! Dans la perspective de la sortie extravéhiculaire de Peggy et Jack vendredi prochain, nous avons procédé à une vérification des combinaisons… Et mon coéquipier en a profité pour explorer un peu la Station vêtu tel quel ! Probablement la première activité « intravéhiculaire » de l’histoire du programme ISS.

12 mai, 200e EVA du programme ISS. "Peggy et Jack étaient de sortie pendant que j’étais en charge de manipuler le bras robotique de l’intérieur."

13 mai, Ce poster regroupe des dizaines de mes amis et membres de ma famille, chacun s’étant pris en photo avec l’écusson Proxima ! Ils ont été combinés en mosaïque. Chaque véhicule cargo amène, parmi ses tonnes de matériel, quelques centaines de grammes pour l’équipage : lettres, photos, dessins d’enfants. Cygnus m’a fait cette surprise. Merci à tous… et surtout à ceux qui se sont donné du mal pour assembler le tout !

23 mai, 200e VA depuis ISS.

26 mai, 201e EVA du programme ISS. Un nombre incroyable qui fait honneur au professionnalisme de toutes les équipes impliquées. Peggy et Jack étaient de sortie pendant que j’étais en charge de manipuler le bras robotique de l’intérieur. Tout ne s’est pas passé exactement comme prévu, mais nous avons surmonter les difficultés tous ensemble avec l’aide du centre de contrôle de Houston nous a parfaitement guidé. Jack et Peggy sont sortis rapidement pour remplacer un ordinateur qui contrôle tous les aspects des systèmes informatiques de la station défectueux

14 mai, « La gravité, ça craint » - surtout quand il s’agit de manger : c’est tellement plus simple de faire flotter son repas…

23 mai, visite du module BEAM

À mon humble avis le plus bel écusson de mission spatiale jamais créé…

29 mai, dans 4 jours, ce sera le retour sur terre pour Thomas et son co équipier Oleg Novitsky. La mission initialement prévue pour se terminer le 17 mai, après 182 jours de vol) a été allongé suite à la perte du vaisseau Progress MS 04 le 1er décembre dernier. Thomas a rempilé pour 3 semaines de plus. L'équipage atterrira à bord de la cabine du Soyouz MS 03 (le même que celui qui l'avait amené) à 14h09 TU dans les steppes du Kazanstan. Le Français sera rapidement transféré à Cologne (Allemagne), comme ce fut le cas pour ses collègues Alexander Gerst, Andreas Mogensen et Tim Peake. Il passera sa première nuit sur Terre dans le laboratoire Envihab du DLR, le centre aérospatial allemand, où l'équipe médicale de l'ESA pourra surveillera sa réadaptation à la pesanteur. Le 6 juin au matin, l'astronaute donnera sa première conférence de presse.

L’heure du retour approche ! Nous avons testé nos scaphandres et le vaisseau spatial : tout est OK. Peggy Whitson restera quelques mois de plus et reviendra avec Jack “2fish” Fischer et Fiodor. On pourrait croire qu’avec un coéquipier de moins dans le Soyouz, il y a plus de place… mais en fait, j’ai l’impression que c’est encore plus serré qu'à l’aller !

1er juin, cérémonie de passation de commandement sur ISS, Pegy Whitson laissant les commandes au Russe Fyodor Yurchitkin de l'expédition 52.

Dernier passage visible de nuit d'ISS au dessus de la France avec Thomas à bord, le 2 juin à 0h35.

2 juin, c'est le retour pour de bon cette fois ci. A 9h du matin, heure de Paris, les 2 cosmonautes pénètrent dans le Soyouz, le commandant Oleg au centre et Thomas à gauche. L'écoutille est verrouillée à 9h 32. Après de longues heures de vérifications et de contrôle, le vaisseau se détache du module Rassvett à 12h48 pour un atterrissage prévu à 16h10, soit 20 h10 locale, horaire inhabituel pour un retour de Soyouz car ces derniers atterrissent plutôt le matin. Ce sera la première fois qu'un Soyouz revient sur terre avec un équipage à 2 depuis 2010 (Soyouz TMA 16).

   

Le Soyouz est poussé d'ISS par 4 ressorts alors que la Mongolie est survolée. Le vaisseau s'éloigne de 20 mètres avant d'allumer ses moteurs pour un premier "burn" de 8 secondes afin d'accélérer sa vitesse. Une manoeuvre de roulis est réalisé juste avant un second "burn" de 30 secondes 1 mn et demi après. Soyouz est placé sur sa trajectoire de départ.
Après une orbite et demi, la distance entre le Soyouz et ISS est de 12 km. La désorbitation intervient une orbite avant l'atterrissage. Le moteur du vaisseau est allumé pendant 4 mn et demi au dessus des stations de contrôle Russe à 15h17, il plonge dans l'atmosphère.

Le freinage commence à 400 km au dessus de l'Atlantique, le vaisseau s'oriente ensuite de façon à séparer ses 3 modules, celui de service et l'orbital à 140 km d'altitude (vers 15h44). Seul le module de descente en forme de cloche revient sur terre avec les cosmonautes. Passage au dessus du continent Africain, la cabine aborde les steppes du Kazakhstan par le Sud-Ouest. A 15h47, la cabine rencontre les couches denses de l'atmosphère, à 100 km au dessus de l'Irak. Le black out du à l'ionisation de l'air (1600 °C) commence à 80 km d'altitude, au dessus de la mer caspienne. A 34 km d'altitude, la décélération est de 4G. Le parachute extracteur se déploie à 10 km d'altitude et à 35 km de la cible d'atterrissage, le parachute principal suit à 7500 m d'altitude. La cabine descend vers le sol, larguant son bouclier thermique à 5000 m et vidangeant ses réservoirs de peroxyde d'hydrogène. A 12 mètres d'altitude, les cosmonautes se préparent pour l'atterrissage en douceur grâce aux rétro fusées de la cabine mis à feu à 1 mètre du sol. Le toucher a lieu à 16h10, à 147 km au S-E de Dzhezkagan; 70 minutes avant le coucher du soleil. A 16h19, les équipes de récupération Russes sont à pied d'oeuvre pour ouvrir l'écoutille. Plus de 150 militaires, 12 hélicoptères Mi-8, trois avions (AN-12 et AN-26) et 14 véhicules, dont six véhicules de recherche et d'évacuation tout terrain ont assuré l'atterrissage. Photos, poignés de main, récupération de quelques documentations et paquets, puis à 16h29, les 2 cosmonautes sont sortie de leur cabine.

 

   

Atterrissage du Soyouz MS03, après 3136 orbites autour de la terre, soit 133414617,6 km parcourus. C'est le 49e Soyouz à voler vers ISS. Thomas a passé 196 jours, 17 heures et 49 minutes dans l'espace.

   

Premier coup de fils à Anne, sa compagne puis un appel du président Macron depuis le CNES à Paris

   

Comme il est de tradition, les cosmonautes astronautes et spationautes signent leur cabine au retour à la craie (photo Romain Charles, Mars 500)

35 ans entre ces deux images: 24 juin 1982 – Jean-Loup Chrétien après le premier vol d’un français à bord de Soyouz T6 vers Saliout 7 et le 2 juin 2017 – Thomas Pesquet, 10ème français, astronaute européen au retour de 6,5 mois à bord d’ISS via le Soyouz MS-03. Deux hommes et 2 cabines qui représentent parfaitement tout le travail accompli par la France dans l’Europe Spatiale.

Après la traditionnelle cérémonie avec le peuple Kazak, à l'aéroport de Karaganda, à 21 heure, Thomas quitte par avion le Kazakhstan pour rallier Cologne en Allemagne où il arrive vers 3h du matin. Après une rapide visite de sa compagne Anne, Thomas parle quelques minutes aux médias avant quelques prises de sang et suivis scientifiques pour finalement aller rejoindre sa chambre à coucher à l'EAC à 6h20 pour un sommeil bien mérité. Thomas ne devrait rester que quelques nuits dans cette chambre et retrouver une vie normale dans les jours qui suivront avec un suivi médical. Premières impressions de Thomas du "soft landing", ça fait plutôt accident de voiture vécu de l'intérieur! La gravité, c'est nul".
Thomas va subir durant au moins 6 mois une batterie d'examen et réapprendre à vivre avec la gravité. L’astronaute souffre d’une perte musculaire (d’environ 20%) qui inclut le cœur, d'une diminution de la densité osseuse (6 à 10%), de l'acuité visuelle et auditive, du vieillissement de son système veineux, de désorientation et d’un grand affaiblissement du système immunitaire.

Arrivée de Thomas à Cologne. Première nuit terrestre, dans un vrai lit, au sein du laboratoire Envihab (contraction des mots "Environnement" et "Habitat"). Ce bâtiment de recherche médicale ultra design, ultra technique du centre aérospatial allemand (DLR), camp de base des astronautes européens, l'a accueilli dans un décor de roches et de plantes. Il est le quatrième astronaute européen à rentrer directement à Cologne, après Alexander Gerst, Andreas Mogensen et Tim Peake.

L'appartement de Thomas à Cologne EAC

Les examens médicaux et scientifiques ont déjà commencé : au menu aujourd'hui biopsies, densimétrie osseuse, prise de sang, de salive, d'urine... Ça me rappelle l'International Space Station

L'équipe médicale du centre effectuera des analyses urinaires et sanguines et pratiquera une biopsie, le prélèvement d'une petite partie des muscles de sa jambe. Par ailleurs, sa forme sera scrutée ; dans l'espace, Thomas Pesquet a perdu de la masse musculaire et une partie de son aptitude à résister à l'effort. «On peut comparer un séjour spatial à un vieillissement accéléré», souligne le docteur Bernard Comet, médecin à l'Institut de médecine et physiologie spatiales (Medes) à Toulouse. Une fois son check-up effectué, le Normand va naturellement profiter des semaines à venir pour retrouver ses proches, sa «vraie vie» et tous les petits détails du quotidien dont le manque s'est fait ressentir dans l'ISS. «Le fait de pouvoir se promener en liberté, d'aller dehors, de faire des sports de plein air. Et de pouvoir ressentir le vent, la pluie», énumère-t-il. Mais après une si longue mission, l'astronaute a aussi envie de vacances. Il espère ainsi prendre une semaine de repos fin juin, avant de partir dans les derniers jours du mois d'août visiter l'Australie ou la Nouvelle-Zélande.

4 juin, Retour à la maison, pour la première fois depuis sept mois! La gravité a parfois du bon : ravi de retrouver mon lit longue journée après un petit détour par le bureau de vote de Cologne législatives (les Français de l'étranger votent une semaine en avance)

7 juin, Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu autant de monde d’un coup ! Conférence de presse à l’ESA

10 juin, Le quotidien d’un astronaute, c’est aussi 6 mois de courrier à ouvrir…!

12 juin, Plusieurs IRM (Imageries par résonance magnétique) sont au programme au retour sur Terre des astronautes. Cette fois-ci, c’était une IRM s’intéressant à mes performances cognitives post-vol. C’est moins facile que cela en a l’air de ne pas bouger pendant toute la durée d’une session… Le moindre mouvement imprévu risque de fausser les résultats de la séance en cours.

16 juin, "Le footing en plein air, ça attendra encore un peu : c’est sur non pas un mais deux tapis roulant que je cours pour l’instant au Centre européen des astronautes. D’un côté, il est essentiel de continuer le sport et la kiné pour récupérer totalement du vol spatial. De l’autre, couplé à d’autres équipements, le tapis roulant constitue un excellent moyen d’enregistrer des données sur ma condition physique post-vol." La salle de sport du Centre européen des astronautes a tout d'une gym normale... si ce n'est qu'elle est équipée d'un tapis roulant... anti-gravité ! Un compartiment étanche se remplit d’air en quelques secondes jusqu’à la taille et permet de réduire sensiblement le poids du corps par pression. Pas tout à fait comme en impesanteur, mais presque… Ces séances sur le tapis roulant font partie de la phase de réadaptation physique à la Terre. Deux heures de sport par jour, comme sur la Station !
Même si j’ai déjà récupéré de mon séjour spatial à 95%, j’ai encore l’impression de peser une tonne en courant sur le tapis roulant – en impesanteur, on ne porte pas son poids ! Pour cette séance, le Centre européen des astronautes avait préparé de courtes (mais intenses) sessions de course chronométrées afin de prendre toute sorte de mesures (rythme cardiaque, respiratoire, etc). D’où l’armada de capteurs, le filet de pêche et le masque..

19 juin, ouverture du 52e salon du Bourget à Paris. Thomas Pesquet y fait une halte salué par le président Emmanuel macron et le directeur général de l'ESA, Jan Woerner.

 

 

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