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L'ESPACE SOVIETIQUE

L'ORGANISATION DE L'ESPACE SOVIETIQUE

La structure du système spatial soviétique n'a jamais été officiellement présenté au reste du monde car intimement lié au complexe militaro-industriel. Avec la chute du régime en 1989 et la "pérestroika, on peut maintenant retracer l'histoire des activités spatiale et préciser les principales étapes de son organisation.
Le ministère de la Construction de machines générales dispose d'un certain nombre d'instituts de recherches, de bureaux de construction, les OKB (Opytnoe Konstrouktzioskoe Biouro) et d'usines pour produire des fusées et des satellites.
Si dans l'aéronautique, les constructeurs sont bien connu (Tupolev, Lliouchine, Antonov), ils le sont moins en astronautique.

Serguei Pavlovitch Korolev (1907-1966), constructeur général des lanceurs et systèmes spatiaux. Il est le père de l'espace soviétique. En 1946, il reconstruit un V2 avec le matériel récupéré en Allemagne. Ces fusées sont de plus en plus performante avec 1200 km de portée. En 1954, il développe la fusée R7, le premier missile ICBM soviétique qui deviendra un lanceur dès 1958. Korolev réalise aussi les satellites Luna, les vaisseaux Vostok, Electron, Molnya, Venera, Mars, Zond. Korolev dirige aussi le conseil des constructeurs des moteurs avec V Glouchko, S Kosberg et A Isaiev, celui des systèmes de direction automatique, de la plateforme de lancement, des gyroscopes, et des appareils radio-télémétriques.

Valentin Petrovitch Clouchko (1908-1989), constructeur général des moteurs fusées à ergols liquides des lanceurs et systèmes spatiaux.

Vladimir Nikolaievitch Tchelomei (1914-1984), constructeur général des missiles, lanceurs et systèmes spatiaux.
Constructeur général et directeur du bureau d'études OKB 52, dirige le développement des missiles UR200, UR 100 et RS-18. A partir de 1970, Tchélomei assure le développement des stations militaire Saliout 2, 3, 5 puis des Saliout civils, MIR et les modules Kvant, Krystal.

Mikhail Kouzmitch Yangel (1911-1971), constructeur général des missiles stratégiques sol-sol, des lanceurs et systèmes spatiaux. Il assure le développement des lanceurs et satellites Cosmos, Cyclonne et Zenith.

Vassily Pavlovitch Michine (1917), constructeur général des lanceurs et systèmes spatiaux. Premier adjoint de Korolev, il participe aux développement des lanceurs R7, Luna et Vostok.

 

1917, au début du régime bolchevique, les premiers grands laboratoires sont crées. Constantin Tsiolkovsky est élu à l'Académie des Sciences. En 1928, cette dernière est charger de développer ses recherches dans le domaine de la technologie. L'arrivée de Staline au pouvoir permet de structurer ses activités, Korolev et Glouchko dirige chacun de leur coté des équipes travaillant sur les missiles.  

1946, août, création du département n°3 chapoté par le bureau NII-88. Le but est de développer des missiles à partir des éléments de V2 récupérés en Allemagne.

A la mort de Staline, Khrouchtchev prend le pouvoir. Les satellites font maintenant partie des études menées par les OKB. L'académie des sciences annonce sa participation à l'année géodésique internationale de 1957.
L'espace intéresse les politique et carte blanche est donné à Korolev pour tester ses missiles.

1950, le département n°3 devient l'OKB 1 chargé de développer des missiles balistiques.

1956, l''OKB est extrait du NII-88 et devient indépendant. Outre le développement de missiles, il reçoit pour mission de fabriquer le premier satellite artificiel .

 

1961, mai, Khrouchtchev confie à Tchélomei le programme de survol de la lune et à Korolev celui du débarquement de cosmonautes.

1965, Tchélomei commence le développement du lanceur UR 500 Proton.

1966, mars, l'OKB 1 devient le TsKBEM Central Design Bureau of Experimental Machine-building avec pour domaines d'activité les vols spatiaux, mission de reconnaissance photographique et mission scientifiques.

1966, 14 janvier, Korlev meurt sur la table d'opération suite à l'ablation d'un polype au colon. Membre du parti depuis 1953, membre de l'académie des sciences en 1958, héros du travail en 1956 et 1961, il reçoit le prix Lenine en 1957, la médaille Tsiolkovsky en 1958 et par deux fois l'ordre de Lénine. Il dirigea l'OKB 1, TsKBEM de 1946 à sa mort.

1966, 11 mai, Michine prend la direction de l'OKB 1. Il dirigera les programmes Voskhod, Soyouz et Saliout ainsi que le programme N1 jusqu'en 1974.


1974, une restructuration a lieu après l'échec du programme lunaire. En mai Valentin P Glouchko prend la direction de NPO Energia, fusion de NPO EnergoMach responsable des moteurs de grande puissance et le TsKBEM de Korolev-Michine.

1988, selon le président de l'Académie des sciences le budget de l'institut est de 1,6 milliards de Roubles. Le coût d'un lancement de satellites et de sondes spatiales serait inférieur de 10 à 20 fois le coût des fusées américaine ou européenne. Un vaisseau Soyouz coûte 80 MF plus 20 pour l'intendance. Le vol d'un astronautes coûte 70 MF pour 8 jours.
L'URSS semble changer. Une porte est entre-ouverte. L'URSS annonce qu'elle invite les TV du monde à visiter le cosmodrome de Baikonour et à assister au lancement des sondes Phobos vers Mars et de la navette spatiale. Les occidentaux peuvent assister au lancement de Cosmos 1944 le 18 mai et visiter le complexe des lanceurs Protons. Les 7 et 12 juillet, ils assistent au lancement de Proton porteuse des sondes martiennes Phobos. Pour la première fois des représentants de l'USAF sont présent à Baikonour. Le cosmodrome avait ouvert ses portes à la presse étrangère en 1982 pour le lancement du spationaute français vers Saliout 7. 
Les journalistes ont ainsi pu voir les Soyouz TM6 et Progress 37 et le lanceur Proton dans son hangar d'assemblage.      

1989, 10 janvier la Pravda annonce la mort de Valentin Glouchko, le motoristes des fusées soviétiques. Né en 1908, Glouchko se passionne pour l'espace très jeune. A 15 ans, il entretient une correspondance avec Tsiolkovsky et à 19 ans, il commence sa carrière de motoriste au GDL. Là durant de nombreuses années, il va fabriquer et essayer des moteurs, la série des ORM 1 à 102. En 1933, il rencontre Korolev qui travaille pour le GIRD. Ensemble ils associeront les moteurs de Glouchko aux planeurs de Korolev. En 1941, il est à la tête de son propre bureau et fabrique les premiers moteurs de la série RD. En 1947, après avoir récupéré le reste des fusées V2 en Allemagne, les deux hommes commence le développement d'une fusée intercontinentale.
La R7 née propulsée par les RD 107 et 108 de Glouchko. Le constructeur développera aussi les RD 210 et 216 (kérosène et acide nitrique) pour les fusées de Yangel et le RD 219 (UDMH et acide nitrique). Pour le rival de Korolev, Michine, il cré le RD 253 qui équipe le lanceur Proton. 
Glouchko avait succédé à Michine en 1974 à la tête du bureau d'étude devenant le grand patron de l'astronautique soviétique. 
Dernière création, la fusée Energia équipé de moteurs RD 170 un quadri-chambre de 800 tonnes de poussée.

NPO Energia est dirigé par Yuri P Semenov. 

1991, 12 août, coup d’Etat en Union soviétique : le président Gorbatchev est démis de ses fonctions et remplacé par un “comité d’urgence”. Au cours d’une réunion extraordinaire, le Conseil de l’Atlantique Nord met en garde l’Union soviétique contre les graves conséquences d’un éventuel abandon des réformes en cours. Les programmes d’aide occidentaux sont suspendus. M. Boris Eltsine élue démocratiquement le 12 juin dernier appelle à la grève générale, tandis que des chars d’unités loyalistes arborant le drapeau russe prennent position près du Parlement russe

Le 21, M. Gorbatchev rentre à Moscou après l’échec de la tentative de coup d’Etat du 19 août et l’arrestation de ses auteurs. Les dirigeants occidentaux rendent hommage à M. Boris Eltsine pour la résistance qu’il a opposée aux auteurs du coup d’Etat et débloquent l’aide à l’Union soviétique

Le 25, l’Union soviétique annonce une épuration de grande envergure dans les rangs du haut commandement militaire. Le président Gorbatchev propose la dissolution du parti communiste et démissionne de son poste de Secrétaire général.

26 août, le président Gorbatchev déclare qu’il n’est plus possible de s’opposer aux exigences des républiques qui souhaitent obtenir leur indépendance. Les pays de la Communauté européenne décident d’établir des relations diplomatiques avec les trois Etats baltes.

Le 6 septembre, l'URSS reconnaît l'indépendance des trois républiques baltes. Leningrad redevient Saint-Pétersbou

Le 21 décembre, au sommet d'Alma-Ata (Kazakstan), les dirigeants de huit Républiques soviétiques rejoignent la Communauté d'Etats indépendants. Cet accord met fin à l'existence de l'Union Soviétique créée le 3 décembre 1922. Le 23, la Russie succède à l'Union soviétique comme membre permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies. Enfin le 25 décembre, le président Mikhaïl Gorbatchev démissionne. Il fut le chef de file des réformateurs au Comité central du Parti, devenu en 1985 septième secrétaire général. il impose la La perestroïka (restructuration). Gorbatchev ne se contente pas de remplacer quelques personnalités au sein de la nomenklatura comme le faisaient ses prédécesseurs. Il y introduit des changements significatifs qui se poursuivront durant les cinq années de son mandat, affaiblissant ainsi le système. La nomenklatura, monolithe depuis toujours comprend désormais deux groupes, les libéraux et les conservateurs. En même temps l'élite politique se trouve considérablement rajeunie. 

A bord de MIR, Krikaliev monté en orbite en tant que citoyen soviétique devient un citoyen russe.
L'éclatement de l'URSS va poser d'énormes problèmes à l'industrie soviétique. Le budget a d'ailleurs baissé de 30% cette année. Les nouvelles "coopératives" crée sur le modèle occidental attirent de plus en plus les travailleurs qui quittent ainsi les administrations traditionnelles comme l'armée. La production a été réduite et la qualité s'en ressent. Certains lanceurs jusqu'ici réputés fiable voit leur taux baissé (deux explosion du lanceur Zenith en 1990 et 1991 ont ruiné sa carrière). L'industrie du spatial est situé en Russie principalement. D'autre sont en Ukraine (fabrication des Zenith et Cyclones) ou au Kazakstan comme le cosmodrome de Baikonour. Il est fort à craindre que le développement de l'économie de marché mettra une épée de Damoclès au dessus du spatial soviétique.    

Depuis plus de 30 ans l'URSS a produit et lancer des satellites autour de la terre représentant près de 68% des 3400 lancements réalisés de part le monde. La transformation des infrastructures spatiales de l'union soviétique au sein de la nouvelle communauté d'état indépendant CEI ne ce fait pas du jour au lendemain. Un premier accord est signé avec les états indépendants, sauf l'Ukraine dans lequel la Russie garde la gestion des activités spatiales. Cette dernière détenant près de 80% du potentiel spatial, elle remplace l'Union Soviétique dans les instances internationale au titre d'état successeur. De plus elle garde la totalité des dépenses militaires.

La découverte rapide du réel coût de l'espace et la disparition de bénéfice rapide empêche les nombreux états de revendiquer la mise en place d'un espace communautaire. La base de Baikonour est loué par la Russie, les "troupes spatiales" chargées des lancements de satellite passent sous la coupe des militaires. 

1992, neuf des onze chefs d'état des républiques souveraines de la CEI réunit à Minsk, capitale de la Biélorussie signent un accord de coopération et de coordination de leur activité spatiale. Cet accord en 12 points prévoit la création d'un "conseil inter-états commun de l'espace". Le financement sera assuré par les contributions versées et la réalisation au travers les installations déjà existantes et futures. Bien entendu, chaque états est libre de développer ses propres programmes.

Le 25 février, une agence spatiale russe voit le jour. RKA Rousskoyé Kosmitcheskoyé Agenstvo a pour président Youri Koptev, ancien du ministères des de construction générales de machines le MOM. La mission de la RKA est de garder le potentiel des forces spatiales disponible dans le pays pour poursuivre un programme spatial cohérent. La répartition géographique des OKB et NPO est très inégale sur le territoire de l'ex URSS. La plupart des entreprises se trouve en Russie. Le centre de lancement de Baikonour est maintenant au Kazakstan, état indépendant. Le Kazakstan revendique sa qualité de puissance spatiale en demandant une location pour les installations sol du cosmodrome.

Pratiquement tous les programmes sont conservés malgré un budget en régression. Certains secteurs seront basculés vers le civil (météorologie, navigation et observation de la terre). Les engagements avec les partenaires étrangers concernant la station MIR seront honorés (vols de cosmonautes allemand et français). Le lanceur Energia et la navette Bouran sont mis en "sommeil" en attente d'une mission. 

En fait, la nouvelle organisation de l'espace russe essaie de ressembler à celle des pays occidentaux. la faiblesse du secteur dénoncé par tous est du à un manque d'argent et à une nouvelle adaptation des entreprises brutalement privées de leurs débouchés nationaux. 

Le second souffle de l'espace russe vient au milieu des années 1990 avec les "Joint Ventures", association avec les états internationaux. En 1992, un accord est signé avec les américains limitant le nombre de lancement d'ici à l'an 2000 à des tarifs excluant le dumping.
En 1993, l'Amérique s'allie à la Russie pour la commercialisation des lanceurs Proton en créant LKE Lockheed-Khrunichev-Energia.
En 1995, LKE devient ILS International Launch System par la fusion de Lockheed et Martin Marietta et propose aussi bien des Protons que des lanceurs Atlas. 

1994, juillet NPO Energia devient S P Korolev Rocket & Space Corporation Energia RSCE. Elle est dirigé par Y P Semenov.

1996, le marché mondial est en pleine mutation: à la pénurie de lanceurs des années 1980 succède une croissance régulière. L'Europe s'associe avec le centre de Samara (TsSKB) pour la commercialisation des lanceurs Soyouz dans le cadre de la société Starsem (Aerospatiale, Arianespace, TsSKVB et la RKA). Le but de Starsem est la mise en orbite de petit satellite en complément des lanceurs Ariane.