BAIKONOUR TOUR 2008
Assister à un lancement de fusée spatiale est un évènement que beaucoup d'entre nous rêvait depuis plusieurs années. Après STS 122 en février dernier, je me lançait avec quelques camarades du forum astronautique français, Thomas "buran" et André "RD107" dans le Baikonour Tour 2008 en compagnie de trois autres Français, Philippe, Hugo, Raymond et le portugais Ruy pour assister au lancement du Soyouz TMA 12 vers ISS. Depuis quelques années, nombreux sont les "tours opérator" qui propose ce type de voyage original pour assister à un lancement de Baikonour ou vivre l'entraînement des cosmonautes à la Cité des Étoiles de Moscou. Certes le prix pourra décourager, mais ce voyage là ne se fait qu'une fois dans sa vie. Alors qu'il est facile d'aller de l'autre coté de l'Atlantique aux USA, le voyage vers Baikonour est un parcours semé d'embûches et d'incertitudes tant le système manque d'huile. Pour 4000 euro environ, on peut s'offrir 10 jours la-bas pour un lancement avec en plus visite des installations et le suivit des cosmonautes. Notre Baikonour Tour commencent avec un départ de Paris le jeudi 3 avril par un vol régulier de l'Aeroflot à bord d'un Airbus A321. Nous arrivons en fin d'après midi à notre hôtel, le Cosmos, au centre de Moscou devant le musée de la cosmonautique malheureusement fermé pour travaux de rénovation. L'hôtel "Cosmos" à Moscou avec vue sur la ville VENDREDI 4 AVRIL Le musée d'Energia avec les archives du constructeur Korolev et le hall d'exposition Après le musée d'Energia, direction le Tsoup, le centre de contrôle des vols habités dans la banlieue de Moscou. Crée dans les années 1960, le Tsoup abrite 2 grandes de contrôles et 8 petites. 4 équipes y travaillent pour contrôler les vaisseaux habités 24 heures sur 24. Nous arrivons en pleine retransmission avec la station ISS. La journée se termine à la Cité des Etoiles, une ville de 7000 habitants a une quarantaine de kilomètres de Moscou. Depuis les années 1960, le site entièrement autonome est chargé de l'entraînement des équipages en partance pour l'espace. Après un rapide déjeuner sur place, notre guide nous propose de visiter la piscine d'entraînement des cosmonautes, l'hydrolab. Dans un bassin de 23 m de diamètre et 12 m de profondeur remplie de 5000 m3 d'eau filtré, on simule les activités EVA des cosmonautes autour de maquette grandeur nature des éléments de la station ISS; D'ailleurs au dehors, sur le parking, on aperçoit les "restes" des éléments de MIR. Le bâtiment TsF 18 abrite la centrifugeuse, la plus grande du monde. Elle sert à éprouver des équipements mais aussi les cosmonautes aux surcharges du vol spatial, comme les accélérations du lancement et du retour sur terre. La cabine peut accueillir jusqu'à 2 personnes. L'ensemble pèse 300 tonnes et mesure 18 m de long. La salle quand à elle mesure 20 m de haut pour 52 m de diamètre. A la vitesse maximale, la centrifugeuse peut aller jusqu'à 30g d'accélération. la visite se termine avec le bâtiment destiné à l'entraînement des cosmonautes sur des maquettes de vaisseaux habités MIR, ISS et Soyouz.
Nous sommes très tôt sur l'aéroport de Tchkalovsky pour partir vers Baikonour. L'endroit est militaire, donc pas de photos nous dit un gars au cheveu blanc; pas de déplacement inutile cela va de soit ! D'un autre coté, lorsque débarquera le groupe de "russe" avec leur trois "petit diable", les règles seront vite transgresser. Il faut attendre avant d'embarquer, du moins avant de passer les premiers contrôles." Attendre", "wait a moment", ce mots, cette phrase, nous ne cesserons pas de l'entendre tout au long de notre voyage. Finalement, on rentre dans le bâtiment de l'aéroport. Première surprise, il n'est pas prévu de plateau repas sur le vol vers Baikonour. Les autres groupes ont avec eux des sandwich, nous on a rien ! Et pas de distributeur dans le coin. Si j'avais su, j'aurais récupérer mon pain du petit déjeuner... Seul André a une petite boite de biscuit "LU". Contrôle des bagages, passeport, on passe dans une autre salle et on attend. Dehors, on prépare notre avion, un TU 134. Il a l'air vieux, le voyage promet d'être folklorique ! L'embarquement se fait sur la piste directement. Nous sommes les seuls à partir pour Baikonour mais nous avons quand même nos billets, c'est l'administration. En première "classe", devant sur des fauteuil lit, nous retrouvons nos "amis russe" avec leur charmants bambins, déguisés en soldat, ce sont les futurs cosmonautes pour Mars ! Le voyage à bord du TU restera mémorable. On critique beaucoup les avions russes mais il faut le dire, celui là était très bien. Certes, pas le confort d'un Airbus ou d'un Boeing, mais nous sommes relativement bien assis avec nos bagages au fond de la carlingue. Il y a même des toilettes et un coin cuisine, qui sert principalement pour fumer. Nous sommes au fond en classe économique. Il fait chaud, très chaud, mais bon, on s'y fait. Le temps passe à se photographier, à parler avec les gars des autres groupes. Il y a des allemand amenés par Andreas, notre groupe de français, des américains de "Mir Coporation" et nos "amis" russes. Désormais nous serons presque inséparables ! Il faut 3 heures pour rallier
Baikonour depuis Moscou. L'atterrissage se fait en douceur sous un soleil de plomb sur
l'aéroport de Kainiy. Premier constat, c'est tout plat, rien à
l'horizon, pas un arbre, pas une maison, cela me change des montagnes
Alpines. On descend avec nos bagages sur la piste, on monte dans le bus
et on se dirige vers la sortie. Les gardes ne veulent pas ouvrir le
portail. Il va falloir attendre le temps de "négocier".
Finalement tout le monde descend, on va aller à pied à la douane et
aux contrôles. Passé les contrôles, on nous présente notre guide, Victor. il ne parle pas français mais un peu anglais. Avant de partir dans le bus, il faut remplir un nouveau papier d'entrée au pays. Et oui, nous ne sommes plus en Russie mais au Kazakstan. Nom, prénom, date de naissance, numéro de passeport, date de séjour, combien a t'on d'argent ? qu'avons nous avec nous comme matériel électronique ? Je me demande a quoi cela peut bien servir, la moitié des cases ne seront pas à remplir. Certains comptent leur argent, d'autres recensent leur matériel photos. Je me vois mal en faire autant avec tout ce que je trimballe ! On ramasse les copies et c'est le départ vers Baikonour ville ex Leninsk. Il fait très chaud et les cars ne sont climatisés. C'est plat avec quelques maisons ici et là et juste à l'entrée de la ville des immeubles, la plupart désaffectés, murés et laisser à l'abandon. Depuis les temps héroïques de l'URSS, le nombre d'habitant a diminué. Nous sommes logés à l'hôtel Central, au centre de la ville devant la place Lenine. Il a été modernisé depuis la dernière visite d'André en 2006, avec une boutique souvenir, un bar et une salle Internet monopolisée par les Coréens. Victor, notre guide nous fait signer un dernier papier, un de plus. On s'engage à ne pas sortir seul dans la ville sans notre guide. On se demande bien pourquoi. Y a t'il du danger pour nous à circuler dans la ville ? Ou bien est on un danger pour les habitants ? De toute façon, la ville n'est pas très grande et entièrement murée. Les sorties ne se sont que par l'Ouest, vers l'aéroport et le Nord vers le cosmodrome, on irait pas bien loin. Petite révolution, André constate que les "baboushka" qui réglaient la circulation dans les couloirs et les chambres ne sont plus là (licenciement économique) et ont laissé place à de charmants petits salons. On gardera nos clef sur nous, personne ne contrôlera nos déplacements et le contenu de nos affaires. Les chambres sont très classes, spacieuses avec salle de bain, TV et frigo. Un petite terrasse donne une agréable vue de la ville. Nous avons une petite heure de libre avant de dîner. Avec Thomas, nous en profitons pour faire une rapide visite de la rue piétonne adjacent la place. Tout est calme, paisible, c'est un des plus beau endroit de la ville avec l'avenue principale bordée de jardins, parc et statues commémorative. La place de Lenine, l'hôtel "Central" et les rues de Baikonour Pour notre premier dîner, nous sommes invité dans une yourte, en fait une "private room" dans le restaurant décoré dans le style Kazak. On veillera à bien séparer les différents groupes ! La nourriture est grasse, et c'est la même au petit déjeuner, déjeuner (à 15h) et au dîner (à 20h), çà fait drôle ! Heureusement, une petite bière du pays rafraîchit notre palais. DIMANCHE 5 AVRIL Lever au aurore pour assister au rollout de la Soyouz vers son pad de tir. Traditionnellement, il y a lieu pour les vols habités le matin à 7h 30. Il fait encore nuit lorsque nous arrivons devant le MIK 112, le même qui abritait les lanceurs Energia. Les portes sont ouvertes, on aperçoit la Semiorka moteurs devant prête à partir. Il y a beaucoup de monde de part et d'autre de la voie ferrée. Ca y est le convoie se met en route. Les flashs crépitent. La Sémiorka passe devant moi. Elle est à 5 m de distance. Couchée sur son wagon transporteur, elle parait plus imposante. Au fur et à mesure que la clarté du jour monte, on aperçoit mieux les détails, le groupement des moteurs à sa base, les entretoises reliant les étages, la coiffe toute blanche. Semiorka s'éloigne au loin alors que le soleil se lève sur le désert du Kazakstan. Avant de remonter dans le bus, on s'attarde sur les deux transporteurs de la fusée Energia garés depuis près de 10 ans devant le MIK. On s'en approche à quelques mètres pour en apprécier la masse. C'est moins gros qu'un crawler de la NASA mais très impressionnant quand même. Le transporteur d'Energia On reprend le bus pour suivre le convoi de la Semiorka à un croisement situé à 1300 m du pad de tir. Il est de tradition de mettre des pièces de monnaie sur la voie ferrée au passage de la fusée. Quand nous évoquons cette possibilité avec notre guide, il nous répond que c'est une tradition que pour les "enfants", mais nous sommes des grands enfants ! Bref c'est "niet". Tans pis, on le fera quand même mais sans rien dire à personne. Avec Thomas, on s'éloigne sur la voie ferrée et simulant une séance photo, il pose délicatement quelques pièces russes sur la voie ferrée. On verra bien si elle tienne jusqu'à l'arrivée du convoi. De son coté Hugo a fait de même avec 5 ou 6 pièces. Le jour est maintenant levé, il commence à faire meilleur. Le convoi est au loin; il arrivera quelques une grosse demi heure. Depuis que le MIK 112 est utilisé, la Semiorka est obligée de faire un circuit complexe pour arriver jusqu'au pad, alors que sur le pad 6, le trajet est direct. Quelques cosmonautes sont présents pour saluer le passage de la Soyouz. Branle bas de combat, les gardes s'affolent, le convoi arrive. Éclairé par la lumière du jour, la fusée arrive, moteur en avant. Des soldats la précédent, ils vérifient l'état de la voie, Aie, nos pièces !! La fusée passe devant moi, ça grince et encore plus impressionnant qu'à la sortie du MIK. Sitôt le convoi passé, la foule reprend la route pour le pad de tir. Avec Thomas, on va voir si nos pièces sont toujours là. Une est restée sur la voie, l'autre est tombée sur le ballast, mais elles sont plates de chez plates !! Les pièces de monnaie sur le rail avant et après le passage de la Semiorka Direction le pad de tir où la fusée nous attend toujours couché sur son wagon à l'horizontale. Le pad est le n° 1, le pad qui lança Spoutnik en 1957, Gagarine et presque tous les vaisseaux habités soviétiques. Contrairement aux américains et aux Européens, l'assemblage des lanceurs se fait à l'horizontale dans des bâtiments. Arrivé au pad, un puissant système de vérin relève la fusée sur sa table de tir. Les techniciens tout autour commencent les manœuvres pour préparer la Semiorka. Il faut détacher la locomotive, enlever les cales et les divers supports. Cela prend une bonne demi heure. Il y a toujours autant de monde. Les Coréens sont partout. On se bouscule, on essaie de se prendre en photo avec la fusée en fond, mais le soleil est en contre jour, ce n'est pas évident ! La mise en place du lanceur sur la plate forme ne prend que quelques minutes. Hugo en profite pour s'échapper et prendre la fusée sous un autre angle près du carneau. On le suit même si, apparemment c'est interdit. C'est vrai que la vue est grandiose. On s'approche du carneau, on prend de la terre comme si on récoltait des échantillons sur une planète inconnue. Un garde nous rappelle à l'ordre, on est trop près, OK, on s'éloigne. On marche pour se mettre en face du carneau. Il est immense ! Je distingue au fond des débris, des cailloux, des morceaux de métal. La vue est superbe, en plus le ciel est bleu et le soleil éclaire le lanceur de face. Nouvelle pose avec la Semiorka en fond pour dire "j'y étais". Les bras de service sont mis en place, c'est finit, il faut déjà s'en aller. Dernière photos et on remonte dans le bus. Le soleil maintenant très haut dans le ciel commence à chauffer le désert. Il est presque 12 heures. Nous visitons le MIK 254, ancien
bâtiment d'intégration de la navette Buran, le MIK OK. Construit non
pas en béton comme les autres MIK, il sert à l'intégration des
vaisseaux Soyouz et Progress. Fraîchement repeint en 2004 en bleu et
blanc, il est visible de loin. L'intérieur du bâtiment a été
modifié pour s'adapter aux différents programmes russes après
l'abandon de Buran. Ainsi une baie sert pour le processing de charges
utiles destinées au lanceurs Proton comme les éléments des stations
orbitales MIR et ISS. On y intègre aussi depuis 1998 les vaisseaux
Soyouz et Progress. Le vaisseaux Soyouz arrive d'Energia par train pour
être préparé à son vol. Les cosmonautes le visitent une dernière
fois avant son envol. Il est ensuite transporté sur le site 31 pour le
remplissage en ergols puis revient au MIK 254 pour être assemblé avec
l'adaptateur et la coiffe. Enfin, le composite est amené dans le MIK
112 pour être assemblé au lanceur R7. Les deux autres baies du MIK
servent pour les tests du système de radio et les essais en chambre à
vide. Avant d'aller déjeuner, direction le site 41, à l'autre bout du cosmodrome. Le site 41 a été le théâtre d'un drame le 23 octobre 1960 lorsque un missile R16 plein de carburant hypergolique a explosé sur le pad tuant plus de 90 personnes dont plusieurs têtes pensante de l'URSS. Longtemps caché à l'occident, le désastre de Nedeline, nom du concepteur de la fusée mort dans l'explosion ne fut révélé au public qu'après l'effondrement de l'Union Soviétique. Un monument commémoratif décore le site qui a depuis été abandonné après l'arrêt des essais du missile R16. Le site est tout près du site 45 des lanceurs Zenith, avec ses deux pads. Le Zenith est en fait un lanceur dérivé d'un boosters d'Energia avec un étage supérieur. Le Zenith est aussi lancé depuis la plate forme Odyssey, au milieu du Pacifique dans le cadre du programme Sea Launch. Au retour du pad 41, nous faisons un arrêt juste après le MIK d'assemblage des Zenith pour photographier les pads de tir au loin à 2,5 km. L'arrêt sera de courte durée, les gardes du complexe commençant à sérieusement s'affoler. Retour à Baikonour pour déjeuner, il est 15 heures. Le temps est lourd, des nuages arrivent, le ciel se fait menaçant. un orage est à prévoir. En sortant du restaurant, nous faisons un rapide tour non autorisé au marché situé juste à coté. Comme il n'y a aucune grande surface commerciale, tout se qu'achète les habitants de la ville se trouve sur ce marchée. Nous avons une heure de libre avant de commencer à visiter la ville. Rapide douche et je suis près dans le hall de l'hôtel. L'orage a éclaté, le sol est mouillé. Cela n'a pas duré mais le ciel est très nuageux ce qui ne facilitera pas les photos dans la ville. La visite de Baikonour nous permet de voir quelques uns des nombreux monuments qui ornent la ville et de voir les "vrais gens". De jeunes enfants s'amusent au pied du monument Gagarine, ils se prêtent volontiers à une pose photo. On immortalisera aussi des mariés et leur invités. ils n'auront jamais eu autant de photographes à leur mariage ! LUNDI 7 AVRIL L'équipage ISS 17, la coréenne So-Yeon Yi, Sergei Volkov, Oleg Kononenko et l'équipage de réserve Départ pour le cosmodrome. Le MIK 112 que nous avons entre aperçu lors du rollout de la Semiorka, nous allons le visiter. C'est un gigantesque bâtiment construit en béton et acier de 190 m sur 240, découpé en 5 baie de montage. La petite baie 1 servait pour les boosters d'Energia, la petite baie 2 et la grande baie 3 pour l'assemble du corps central et les grandes baies 4 et 5 pour assembler le lanceur Energia et Buran au dessus. Lorsque le programme Energia Buran est abandonné, le bâtiment sert à stocker ce qui reste du matériel utilisé, que ce soit les maquettes ou les exemplaires de vol du lanceur. En juillet 1998, la navette Buran, qui a volé 1988 est assemblé dans la grande baie 4 sur un stack Energia (corps central du lanceur 5S1 et boosters du lanceur 4M-KS). Le montage fait la joie des premiers occidentaux à débarquer à Baikonour après l'effondrement de l'URSS. En mai 2002, le toit des trois grandes baies s'écroule, détruisant Buran. Dans le bâtiment se trouvaient 3 étage central d'Energia, 2 Block Y, interface avec le pad de tir dans la baie 3, 8 boosters dans la baie 4 et 8 autres dans la baie 5. En 2004, des financements sont trouvés pour restauré le toit de la baie 3. Depuis 2003, la petite baie n°1 est utilisée pour l'assemblage du lanceur R7 Soyouz des vaisseaux Soyouz et Progress vers ISS. Pour les autres charges utiles, c'est le "vieux" MIK 2 qui est utilisé. Du fait de son éloignement, le rollout vers le pad est plus long et complexe avec de nombreux changements de voie, il prend 2 heures contre 30 minutes depuis le MIK 2. La baie n°2 sert à la société Starsem pour ces satellites qui sont eux exclusivement lancé du complexe 31. dans cet immense bâtiment, on découvre la prochaine Semiorka destinée au vaisseau cargo progress. La journée se poursuit avec la visite du pad de tir 250 du lanceur Energia juste à coté de la zone 1. On nous avait promis le pad 110 un peu plus au Nord mais cela n'a pas été possible. Tout au plus, nous nous sommes arrêté sur la route pour le photographier de loin à moins de 1 km. De toute façon, les deux pad du site 110 sont dans un piteux état depuis leur abandon en 1993. Les niveaux en sous sol sont complètement inondés par 50 000 m3 d'eau de pluie. Le site est seulement gardé afin qu'un de ces éléments ne soient réutilisé sur d'autres programmes. Pad 110 Energia Buran Le 250 est en relative condition encore aujourd'hui. Même si la structure a vieillit, l'ensemble n'a pas trop souffert du temps. Le climat du Kazakstan n'a rien de comparable à celui de Floride. 110 personnes sont chargés de le surveiller. Les énormes sphères à carburant sont aujourd'hui utilisées pour stocker de l'oxygène, de l'hydrogène liquide, de l'azote et de l'hélium pour d'autres lanceurs. On notera que une partie de la voie ferrée reliant le pad au MIK 112 a été enlevé pour connecter le pad 31 (Soyouz) au MIK pour les opérations Starsem. La journée se termine avec la fin de la visite de la ville de Baikonour. Le lancement étant pour le lendemain, il faut passer à la poste pour envoyer nos enveloppe "premier jour". Après beaucoup de négociations, nous arrivons enfin à convaincre notre guide Victor de l'utilité de notre démarche. Si vous pestez contre la poste en France, sachez qu'à Baikonour, c'est pire ! MARDI 8 AVRIL C'est le grand jour ! Nous avons rendez vous sur le site 254 pour voir l'équipage du TMA 12 se préparer. Devant le MIK 254 où sont assemblé les Soyouz et Progress nous attendons notre tour. Nous ne resterons que 3 minutes, montre en main. De toute façon, il y a tellement de monde, que cela me suffit. Nous ressortons et on se dirige vers les tribunes pour suivre le "Walkout" des cosmonautes. Cette cérémonie se passe devant le MIK dans une petite cour. Des marques au sol permettent aux trois cosmonautes de se positionner pour recevoir l'ordre de partir pour l'espace d'un haut gradé. Attention, cela va très vite; l'équipage sort, çà crie dans tous les sens, il arrive aux marques; quelques secondes après, c'est le départ vers le car et le pad. J'aurais pensé que cela dure un peu plus. Devant le nombre impressionnant de gens, j'ai du mal à voir et photographier quelque chose. Vers midi, direction le musée de Baikonour à quelques kilomètres du site d'observation 18. Le musée accueille depuis 2007 la navette "Buran" OK M, parqué auparavant en zone 254 non loin de là. Cet exemplaire de navette soviétique a été construit en 1982 pour être assemblé avec le lanceur Energia dans le bâtiment dynamique et sur le pad 110. A l'intérieur du musée beaucoup de planches photos expliquant le programme spatial russe depuis 1957, quelques maquettes et objets mythique du spatial. L'endroit dispose d'un espace détente avec bar et d'une petite boutique souvenir. Pause pique nique dans le car avant d'aller sur le site d'observation 18. Au fur et à mesure que nous approchons de la zone, je réalise qu'on est prêt, très prêt du pad de tir. Si çà devait mal se passer, je me demande comment çà finirait. Nous sommes en fait à 1500 m de distance. Par comparaison, au KSC j'étais à 6 km, au plus près autorisé, à Kourou on est encore plus loin. Sur le site d'observation, il n'y a pas grand monde, nous sommes à 1 heure du lancement. Rapidement, les gens arrivent. Chacun se place où il peut trouver de la place. Des caméraman arrivent. Avec Thomas je me place à coté de la tribune de droite, sous un petit arbre. Un groupe de russes et d'américains s'installent à coté. Ils nous servirons d'horloge pour le compte à rebours. Contrairement au KSC, pas d'horloge visuelle pour décompter les dernières minutes et secondes du compte à rebours. Un voix à travers un mauvais haut parleur annonce de temps en temps que tout va bien et ce qui se passe la bas sur le pad. Je règle mes APN, tout est OK. Avec mon 400 mm, la Semiorka rempli l'écran du viseur. Il y a du vent, je commence à avoir froid, mais je résiste. Au brouhaha du lieu succède un silence de mort sur la tribune, le moment est solennel ! Il reste 2 minutes avant le lancement. Le bras de service du premier étage s'écarte et c'est la mise à feu. Comme nous sommes à 1500 m de distance, le bruit arrive rapidement en quelques secondes. Le grondement s'amplifie et devient presque trop fort. Ca crépite comme sur le Shuttle, l'air est tellement comprimé. L'œil rivé à mon APN, je shoote ce moment, le décollage, l'ascension du TMA 12. Les branches de l'arbre à coté de moi me gène, je pars sur l'arrière pour avoir un endroit dégagé et je continue à suivre la fusée jusqu'à la séparation des 4 boosters du premier étage. Ca y est je l'ai eu !! Les gens quittent les tribunes, tout le monde est joyeux. J'aperçois les officiels ainsi que Alexis Leonov, Valentina Tereskova, la première femme dans l'espace et nos guides; tout le monde s'embrasse "great launch" " good job"!! L'équipage de réserve avec le Coréen est là aussi. ils se prêtent aux interviews et au photos. Il ont l'air triste, mais cela fait partie du jeu. Drôle de jeu être équipage de réserve, on s'entraîne pour partir tout en sachant qu'on ne partira pas. Dommage pour Ko San qui s'est fait remplacé un mois avant le tir par sa doublure féminine Yi Soyeon. Le cocktail qui suit le tir est un moment unique. Dans une grande salle sont regroupés ingénieurs, techniciens, officiels et cosmonautes pour célébrer le succès. On y rencontre outre Leonov et Tereskova de nombreux autres légendes de l'astronautique soviétique. On porte des toast pour tout le monde avec pour chacune un verre de Vodka. L'ambiance est bon enfant, chacun discute avec tout le monde, on prend des photos de l'équipage de doublure avec les anciens et on mange. Valentina Tereshkova et
Alexis Leonov Mardi soir, c'est le retour à Moscou. L'embarquement sera lui aussi digne d'un épisode de "Benny Hill". Le vol pour Moscou sera le pire que j'ai fait dans ma vie et dans un TU 154 archis complet, où la température ne descendait pas en dessous de 30°C. Malgré plus de 3 heures de retard, notre chauffeur est à l'aéroport pour nous ramener à l'Hôtel où nous prenons nos chambres pour un repos bien mérité. MERCREDI 9 AVRIL C'est la dernière journée libre à Moscou, demain on part pour l'aéroport via Paris. Dernière visite de la ville, avec le parc qui fit la fierté de l'URSS jadis, aujourd'hui transformer en galerie marchande. On y retrouve la R7 version Vostok à la verticale. Notre tentative avec Thomas et Hugo pour voir la navette "Buran" exposée au parc Gorky sera vaine. On se consolera avec la visite très émouvante de la maison de Korolev non loin de l'hôtel Cosmos. Jeudi matin, c'est l'heure des
"au revoir"; Thomas reste encore quelques jours à Moscou et
Ruy ne part que le lendemain. Le retour vers Paris se fera aussi bien
qu'aller, ils sont décidément bien ces Airbus !! Dernier coucher de soleil à Moscou La fine équipe du Baikonour Tour 2008 avec le groupe des allemands
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