LE SALON DU BOURGET

 

LES CRASH AU SALON DU BOURGET

 

1961 sera l'année du premier accident grave au Bourget. Ce samedi 3 juin à 17h00, le plafond est bas et le ciel chargé de gros nuages. Le B-58 Hustler est déjà bien loin au nord du terrain lorsqu'il entame un tonneau en montant. On ne saura jamais très bien le pourquoi de cette manoeuvre, loin du terrain et du public. Lorsque l'avion ressort de la couche nuageuse, il est en demi-piqué sur la tranche et beaucoup trop bas pour pouvoir redresser. Il s'écrase près de Louvres (ville située aujourd'hui au bout des pistes de Roissy), dans une zone heureusement inhabitée.

Les trois membres d'équipage sont tués dans l'accident :

  • Le pilote Elmer E. Murphy.
  • Le navigateur Eugene Moses.
  • Le radariste David Dickenson

1963

Dimanche 16 juin, dernier jour des présentations en vol, l'appareil expérimental P.1127 (ancêtre du Harrier) doit exécuter un vol stationnaire au cours de son programme de démonstration. Après avoir présenté une manoeuvre en marche arrière, l'avion (immatriculé alors XP831) repart en avant. A ce momment, le P.1127 qui est proche du sol, souléve beaucoup de poussières et un caillou ingeré vient pertuber le fonctionnement du moteur. Celui-ci s'étouffe partiellement, puis les tuyères, sans avoir été commandées s'orientent à l'horizontale et l'avion chute lourdement au sol. Les secours interviennent immédiatement et arrosent copieusement l'épave de mousse carbonique. Heureusement l'appareil n'a pas pris feu et la chute n'était que de quelques mètres.

Cet incident ne fait pas de victime :

  • Le pilote A.W. 'Bill' Bedford sort indemne de l'accident.

L'appareil sera par la suite réparé et poursuivra son programme d'essai, il donnera naissance plus tard au Harrier. Jusqu'a une date récente, ce prototype était encore visible au RAF Museum à Hendon

Cette année le salon sera endeuillé par deux accidents graves dont l'un se produira dans l'enceinte même du salon et touchera pour la première fois le public.

1965

Le premier accident se produit le mardi 15 juin et implique comme en 1961 un B-58A Hustler. L'appareil qui est lourdement chargé arrive de Madrid et se présente par l'est pour atterrir sur la piste 25. Il exécute alors son approche finale à basse altitude. Mais cette approche s'éternise, elle est longue, très longue, trop longue... pour le Hustler qui est un appareil au pilotage très exigeant. L'avion s'enfonce, et malgré une remise des gaz, touche le sol environ 200 mètres avant le seuil de piste. L'appareil heurte alors avec les roues les rampes des feux de balisage, rebondit et puis commence à rouler sur la piste, mais finalement sa voilure se brise et s'embrase.

Cet accident fait trois victimes :

  • Le lieutenant-colonel Tubbs est tué dans l'accident.
  • Les deux autres membres d'équipage blessés sont évacués sur Paris par hélicoptère.

Le B58-A était un excellent appareil pour l'époque, mais il était notoire qu'il supportait très mal le vent de travers et d'ailleurs plusieurs incidents à l'atterrissage avaient déjà eu lieu. Sans doute ce mardi 15 juin, était-ce le cas. Cet accident passera relativement inaperçu car ayant eu lieu un jour de semaine, loin du public et en dehors d'une véritable présentation en vol.

Ce ne sera pas le cas du second accident de 1965 qui sera beaucoup plus spectaculaire, mais qui fera aussi beaucoup plus victimes.

Samedi 19 juin, 17h49. Alors que le programme des présentations en vol touche à sa fin, le Fiat G91 italien qui achève sa démonstration se présente en finale de la piste 03. A cet instant, il est fort probable que l'appareil était à court de carburant (il faut préciser qu'a cette époque les appareils embarquaient le strict minimum de pétrole pour la durée de leur démonstration).
L'appareil perd alors rapidement de l'altitude au cours de cette approche, son pilote ne pouvant remettre les gaz. Le G91 s'enfonce irrémédiablement et finalement explose sur le parking situé à peine à 300 mètres du seuil de piste.

Cet accident fait au total neuf morts :

  • Le pilote du Fiat G91, Italo Tonati.
  • Huit spectateurs qui se trouvaient sur le parking.

1967

Le 4 juin, c'est à la patrouille de France sur Fouga Magister que revient l'honneur de faire la clôture du meeting aérien. A la sortie du traditionnel éclatement final, l'un des neuf appareils ne parvient pas à redresser et s'écrase à proximité de la tribune officielle. De nombreux débris sont projetés vers la foule, dont une partie du réacteur qui termine sa course dans les barrières séparant le public de la piste. Malgré cela et la panique qui s'ensuit, personne ne sera bléssé dans la foule et seul le pilote du Fouga trouvera la mort dans l'accident. L'enquête déterminera ultérieurement que l'accident a sans doute été causé par la défaillance d'un compensateur de profondeur (petit volet situé sur le bord de fuite des gouvernes de profondeur).

Cet accident fait un mort :

Le capitaine Didier Duthois, pilote du Fouga Magister et commandant en second de la PAF.

1973

1973 sera une année noire pour le Bourget et marquera un tournant pour les démonstrations en vol. Après une série d'accidents et d'incident, la sécurité sera profondément revue et de nombreuses restrictions seront mises en place. Ce sera également l'année du plus grave accident survenu à ce jour lors du salon, avec le crash sur Goussainville du supersonique civil TU-144.

Samedi 2 juin, la famille des avions Dassault est alignée sur la piste. Un Mystère-20, un Falcon-30 et un Falcon-10 doivent faire une présentation groupée. Le Falcon-10, piloté par Hervé Leprince-Ringuet, s'élance sur la piste. Au moment même où il décolle, les deux moteurs s'arrêtent net : la montée a été si brusque que les pompes d'alimentation en carburant se sont désamorcées. L'avion perd de l'altitude, mais alors qu'il n'est plus qu'à quelques mètres du sol, le pilote parvient à relancer les moteurs et le Falcon-10 remonte. L'accident est évité de justesse grâce au sang froid et à l'expérience du pilote.

Dimanche 3 juin, il fait beau et c'est la fête au Bourget. Les supersoniques Concorde et TU-144 sont les vedettes du salon, le premier vient de terminer une spectaculaire évolution quand le second décolle de la piste 03. L'avion piloté par le chef-pilote d'essai Edouard Elyan, évolue normalement et termine par un passage à basse vitesse devant le public. Le TU-144 s'aligne alors sur la piste 07 pour atterrir, mais la tour lui indique que la piste en service est la 25 (la même, mais en sens opposé). L'avion fait alors un virage sur la droite pour revenir faire un deuxième passage à basse vitesse, "moustaches" déployées, au-dessus de la piste 03. Ceci fait, leTU-144 remonte pleins gaz en direction du nord. La montée semble alors se prolonger anormalement, soudain l'avion bascule, part en piqué, puis semble vouloir faire une ressource. Mais les contraintes sont trop importantes pour l'appareil, une vapeur blanche enveloppe l'appareil, signe que la cellule se crique et que du carburant fuit. Le TU-144 explose à basse altitude et s'abat sur la ville de Goussainville. Les causes de l'accident ne seront jamais clairement établies, plusieurs hypothèses seront avancées, mais la plus probable serait que le pilote du TU-144 a été à un moment donné, surpris par l'apparition d'un autre appareil sur sa trajectoire. Ceci est fort probable, car lors de la montée très cabrée le champ de vision dans le TU-144 était très réduit. Le pilote a sans doute aperçu un bref instant et sans pouvoir en apprécier réellement la distance, un autre avion (peut être un chasseur français "Mirage" regagnant sa base, mais l'information n'a jamais été confirmée). Pour éviter la collision, il aurait alors volontairement provoqué le piqué mais n'aurait pas pu par la suite contrôler la manoeuvre.

Cet accident fera plusieurs morts et de nombreux blessés :

Les six membres d'équipage. Sept habitants de Goussainville. Vingt huit autres habitants sont blessés.

1977

Le 3 juin 1977, il est 15h30 quand le Fairchild A10-A exécute une boucle. Malgré le temps maussade et un plafond très bas, le programme des démonstrations en vol continue. Le A10-A qui est un avion d'appui des troupes au sol, "un tueur de chars" peut évoluer à très basse altitude et à vitesse réduite. Le pilote d'essai, Howard W. Nelson, qui est aux commandes n'est pas un débutant : c'est lui qui a conduit tout le programme d'essais de l'appareil. Une première boucle avait amené l'appareil dans les nuages, hors de vue du public. Le pilote voulant renouveler celle-ci, exécute alors une nouvelle manoeuvre plus serrée. L'avion passe bien en dessous du plafond nuageux et à la sortie de cette boucle se retrouve aligné dans l'axe de la piste 03. Il ne manque pourtant pas grand chose pour que ça passe, mais l'appareil est trop bas et il percute le sol par l'arrière. Immédiatement la queue se détache ainsi que le cockpit qui part vers l'avant en tournoyant, le reste de l'appareil se disloque et prend feu.

Cet accident fait un mort :

Le pilote d'essai du A10-A, Howard W. Nelson.

1981

Deux incidents, sans grandes conséquences, se produisent cette année là. Désolé pour les dates imprécises, mais si quelqu'un les connaît, je suis preneur !

Ce jour là (désolé, mais je n'ai pas la date exacte, ça devait être un jour de week-end), deux avions de transport C-160D Transall larguent des parachutistes et exécutent ensuite une démonstration jumelée. Le premier appareil revient se poser, puis c'est au tour du second. Celui-ci, un appareil allemand peint aux couleurs de MBB veut sans doute faire plus court, fait alors une approche très rapide. Dans la précipitation, le train qui est bien sorti n'a pas été vérrouillé. Evidement, il se rétracte au moment du toucher des roues et l'appareil termine sa course sur le ventre. L'avion n'a subit que peu de dégâts, et l'équipage indemne, s'engueule sur le bord de la piste...

Un appareil français Dewoitine 520, avion de collection datant de la seconde guerre mondiale et restauré par le musée de l'air, termine son atterrissage par un "cheval de bois". Incident sans gravité ni pour le pilote, ni pour l'avion. Ce superbe appareil sera malheureusement, plusieurs années plus tard, à nouveau victime d'un accident. Le crash (qui n'a pas eut lieu au Bourget) entrainera cette fois là, la destruction de l'appareil et la mort de son pilote.

1983

Lors de sa présentation, l'avion d'entraînement yougoslave SOKO Super Galeb connaît un problème avec son train d'atterrissage qui refuse obstinément de sortir. Le pilote réussit quand même à poser l'appareil sur deux roues.

1985

Sa présentation en vol étant terminée, l'Hydravion "Seastar" de DORNIER revient se poser. Mais l'approche est trop raide et le toucher des roues se fait très durement. Sous le choc la voilure se brise et l'appareil termine sa course en traînant derrière lui un morceau d'aile.

L'accident ne fait pas de bléssé, mais occasionne beaucoup de dégâts à ce petit appareil.

1989

Le vendredi 9 juin 1989, ce sont les Russes qui assurent le spectacle au Bourget. Ils sont en effet venus au salon avec plusieurs appareils remarquables comme l'AN-225 (Héxa-réacteurs, le plus gros avion du monde, porteur de la navette Bourrane) ou les chasseurs SU-27 et MIG-29. Ces deux derniers rivalisent de maniabilité, chacun présentant des manoeuvres acrobatiques absolument révolutionnaires car jamais encore réalisées sur des appareils à réaction. Ainsi le SU-27 exécute un "cobra", manoeuvre amenant l'incidence de vol à 110°, tandis que le MIG-29 se contente d'une cloche, manoeuvre qui amène l'appareil à redescendre sur sa queue, dans les gaz brûlés du moteur. Après le vol du SU-27, c'est au tour du MIG-29 de prendre l'air. Sa présentation se déroule normalement, jusqu'à la séquence de vol "basse vitesse à grande incidence". Le MIG-29 est alors dans l'axe de la piste 03, très cabré et à très basse vitesse. Au moment de remettre les gaz (et pour une raison qui restera indéterminée, certains parleront de foudre ?), l'un des réacteurs s'étouffe. Le MIG-29 qui était déjà dans une configuration "limite" est alors totalement déséquilibré par la poussée dissymétrique (le second moteur étant lui à fond). L'avion part en piqué tout en basculant sur le dos par la droite. Le pilote actionne son siège éjectable dans cette configuration tout à fait défavorable, et se retrouve entraîné dans sa chute à proximité de l'appareil. Le MIG-29 s'enfonce dans le sol situé à coté de la piste et explose, alors que le parachute du pilote tout proche, n'a qu'à peine le temps de s'ouvrir. C'est incroyable, mais cela a réussit à le freiner suffisamment pour qu'il s'en sorte sans trop de mal. Paradoxalement, cet accident fera un super coup de pub (bien involontaire il est vrai) pour le constructeur du siège éjectable.

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L'accident ne fait pas de victime :

Le pilote Anatoli Kvotchour s'en sort avec quelques contusions et un oeil au beurre noir.

1999

En ce milieu d'après-midi du samedi 12 juin 1999, le programme des démonstrations en vol est déjà bien entamé. Vient le tour du tout dernier prototype de Sukhoï, le SU30-MK, "Blue one". L'avion commence alors une impressionnante démonstration, faisant pleinement usage de sa manoeuvrabilité exceptionnelle. Au cours de l'évolution (ce jour là réduite à 6 minutes, au lieu des 8 initialement prévues et pour lesquelles l'équipage s'était entraîné), l'avion semble soudain bien bas. Alors sur le dos, le pilote exécute quand même une demi-boucle devant le ramener dans l'axe de la piste 03. Malgré toute sa puissance le SU30 ne parvient pas à redresser suffisamment et touche la piste par l'arrière. Les tuyères des réacteurs sont détruites et un incendie se déclare aussitôt. L'équipage fait alors preuve d'un sang froid extraordinaire et réussit à garder le contrôle de l'appareil qui commence à regagner un peu d'altitude (évidement ça pousse moins fort avec les tuyères dans cet état). Le SU30 étant orienté vers une zone dégagée, le navigateur puis le pilote s'éjectent et retombent loin de l'appareil qui s'écrase à proximité de l'intersection des pistes 03/21 et 07/25. L'équipage qui a sans doute été perturbé par la modification du programme initial (raccourci de deux minutes) reconnaîtra avoir effectivement commis une erreur d'appréciation de l'altitude au cours de l'évolution.

Grâce à l'utilisation du siège éjectable, l'équipage sort indemne de cet accident :

Le pilote, Viacheslav Averianov. Le navigateur, Vladimir Shrendrikh.

http://aerofan.free.fr/crashes.html