L'ESPACE CHINOIS

UN CHINOIS DANS L'ESPACE, LES PREMIERS PROJETS  

L'intérêt des chinois pour les vols habités naît alors que les premiers cosmonautes soviétiques s'envolent dans l'espace.
En parallèle aux études de satellites, les chinois commencent eux aussi à étudier la possibilité d'envoyer des hommes dans l'espace. Un comité vols spatiaux est ainsi crée en 1965. 
A la même époque, les chinois commencent à lancer des fusées sondes pour des expériences biologiques. Entre 1964 et 1966, cinq fusées sondes sont lancées avec à leur bord des centaines de spécimens biologiques et d'animaux, dont le chien Xiao Bao et Shanshan.

La révolution culturelle en 1966 amène de nombreux troubles dans le programme d'exploration spatiale. 

1969, une première sélection de cosmonautes est proposée auprès des pilotes de chasses. Elle démarre en octobre 1970.
Mars 1971, un groupe de 20 personnes est nommé (Dong Xiaohai, Fang Guojun, Lu Xiangxiao et Wang Zhiyue). Suit l'entraînement en avril pour un vol prévu en 1973 à bord du vaisseau Shuguang 1 (Aube). Ce vaisseau (4,6 m de long, 2,2 m de diamètre et 1800 kg) est en fait dérivé du satellite de reconnaissance FSW 0, la charge militaire étant remplacée par le cosmonaute. Lancé par un CZ 2, le pilote encaissait près de 10 g au lancement et 20 au retour. 

Le manque de ressource après des années de luttes sociales font que le projet 714 est abandonné. La récupération du satellite FSW 0 en novembre 1975 fera craindre aux occidentaux l'approche iminant d'un vol habité mais il ne sera que une "simple" récupération de capsule militaire porteuse de photos. Les nombreux lancements de ce type qui suivront à la fin des années 1970 n'auront cesse d'attirer l'attention sur l'envoie de chinois dans l'espace.

Fin des années 1970, Deng Xiaoping arrive au pouvoir et entend réformer le pays en le modernisant. Les vols spatiaux habités sont mis en sommeil. Les premiers détails sur le projet 741 apparaissent. des photos montrant des cosmonautes en scaphandre et à l'entraînement sont publié au début des années 1980 dans des revues chinoises.

Alors que du coté américains on attend avec impatience l'envol de la navette Columbia, les spécialistes de la Chine attendent le premier vol d'un chinois. 1981 se termine avec deux vols de la navette, mais aucun chinois n'a volé dans l'espace, le projet est apparemment abandonné.

Un rapprochement sino-américain est tenté au début des années 1980 avec la visite d'une délégation US , dont l'astronautes Jack Lousma en Chine. De son coté, le centre de Houston ouvre ses portes aux étrangers, comme le font les soviétiques avec les vols "Intercosmos" depuis 1978. La NASA prévoit des chinois dans le Shuttle, un accord est même signé en 1984 avec le Pt reagan. 

La catastrophe de Challenger en janvier 1986 mettra fin au projet. Dès lors, les chinois se retourne vers l'URSS de Gorbatchev, en pleine période de Perestroika et Glasnot après l'aire de Brejnev.. Des accords sont signé en octobre 1986 entre les deux pays pour faire voler un chinois dans la station MIR

L'évolution de l'URSS n'allant pas dans le sens promut par la Chine, le projet de vols en coopération est abandonné. 

La Chine veut désormais réalisé seule son projet de vol habité.    

 

LE  PROGRAMME SHENZHOU

Alors que l'URSS s'effondre, la Chine se sent pousser des ailes et adopte définitivement un programme destiné à envoyer un de leur ressortissant dans l'espace. 
L''année 1989 est marquée par de profond rebondissements, les plus important depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Le communisme est partie d'Europe et la Chine compte bien qu'il s'en aille du pays aussi. Mais le printemps 1989 se sera pas celui de la Pologne ou la Hongrie. La révolte populaire chinoise ne parvient pas à faire tomber parterre le pouvoir politique qui écrase avec brutalité les contestataires dans la nuit du 3 au 4 juin. La Chine s'est remise sur ces rails...

1990, l'arme nucléaire n'est plus une priorité pour la Chine, l'homme dans l'espace oui. Le projet 921 est adopté officiellement en 1992 alors que quelques mois auparavant, la fusée CZ 2E a réalisé son premier lancement. Capable de placer 8 tonnes en orbite basse, elle sera  le moteur du projet. Coincidence, un satellite FSW 3 est récupéré avec des cobayes et des échantillons de plantes 10 ans après l'annonce de l'abandon des vols habités.

Pour mener à bien le projet 921, la Chine a besoin de coopérer afin de gagner du temps. Elle se tourne alors vers la Russie, qui en quête d'argent solde sa technologie spatiale. L'utilisation du lanceur CZ 2E implique un vaisseau balistique donc l'utilisation d'une cabine spatiale de type Soyouz s'impose logiquement. Des accords sont signés, des visites sont réalisées à la Cité des Etoiles, au centre de contrôle Tsoup.

En 1995, la Chine recherche du matériel russe comme le système de sauvetage, le contrôle thermique, les dispositifs d'amarrage, le système de support vie du Soyouz. l'accord pour l'achat de ces équipements est signé en avril 1996 avec la RKA.

L'enthousiasme pour le programme délie les langues et favorise les fuites d'information. Le nom du projet est révélé ainsi que l'entraînement de deux cosmonautes à la Cité des Etoiles en 1996 au congrès de la Fédération internationale d'astronautique IAF.

Décembre 1996, les pilotes Wu Tse et Li Tsinlung arrivent à la Cité des Etoiles afin de subir un entraînement d'un an. ils seront chargés de former d'autres cosmonautes en Chine.   

1997, un centre de contrôle est inauguré à Pékin. 

1998, le 17 mars à l'occasion du salon Space 98, le vaisseau spatial habité Shenzhou (vaisseau divin) est révélé au public. Il sera lancé par une fusée CZ 3.

Shenzhou est né d'une coopération de la Chine avec la Russie. C'est pourquoi le vaisseau chinois ressemble tant aux Soyouz russes. Ainsi, Shenzhou comporte 27 éléments majeurs du Soyouz, dont la tour de sauvetage, les volets aérodynamiques, le contrôle thermique, le système de survie, le système d'amarrage...
Si Shenzhou ressemble à Soyouz, ce n'en est toutefois pas un jumeau. En effet, leurs dimensions et masses sont différentes.
Shenzhou pèse 8.4 tonnes, mesure 2.8 mètres de diamètre au maximum pour une longueur totale de 8.8 mètres. Il est composé de trois parties.

A la base du vaisseau se trouve le module de service de forme cylindrique où sont fixés les panneaux solaires (surface totale de 24 m²). Il abrite le quartier habité et l'espace de travail pour les taikonautes (= yuhangyuans) aussi bien que les équipement divers et l'espace de stockage.

Au dessus du module de service se trouve la capsule de rentrée avec un équipage de trois personnes qui retourne sur terre avec un parachute.

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Le module orbital comporte des moteurs et des panneaux solaires, ce qui le rend autonome et lui permet d'être un élément de station spatiale. Ce dernier peut recevoir à son extrémité un module additionnel encore inexistant.
Seule la capsule retourne sur Terre, le module orbital demeurant plus longtemps en orbite et finissant sa vie dans l'océan

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Les photos de l'atterrissage du Shenzhou présentent de nombreuses similitudes avec la capsule russe Soyouz. En fait, les Chinois admettent d'avoir acheté une capsule Soyouz en 1990 aux Russes. Il s'en suit que plusieurs observateurs en ont conclu que toute la capsule Shenzhou n'est qu'une copie.
"Non, ce n'est pas le cas", rétorque l'ingénieur d'espace Andrew Lepage, un consultant indépendant. "Tous les systèmes vitaux et la plupart des matériels sont conçus par les Chinois". La plupart des experts indépendants sont d'accord ainsi que les rapports parvenus ultérieurement. Apparemment, les Chinois se sont procuré un Soyouz en état de marche pour étudier, mais le prix demandé par les Russes est tellement élevé que l'affaire n'a jamais pu être concrétisé. La capsule qu'ils ont reçue était dépouillée de tout équipement spatial.

Le module de rentrée chinois est environ 13 % plus large en dimension que son homologue russe. L'arrangement intérieur reste similaire. Il y a trois sièges inclinés placés côte à côte, aussi bien le tableau de bord monté sur les parois de la capsule et placé aux pieds de l'équipage. Il y a aussi des contrôles manuels et un appareil optique de guidage, indispensable pour les rencontres dans l'espace.

Mais les deux autres modules utilisés par les Chinois sont assez différents de leurs homologues américains ou russes. Le module de propulsion a quatre moteurs principaux, tandis que le module de servitude d'Apollo n'en a qu'un et le russe Soyouz n'en possède qu'un principal et qu'un de secours. Le module de service porte ses propres panneaux solaires et son système de contrôle de vol est indépendant, et il peut donc continuer sur son orbite librement et longtemps comme un mini laboratoire après que le module de descente a ramené l'équipage vers la Terre.

Au moins deux des particularités du Shenzhou sont copiées directement de l'architecture du Soyouz. Dans les années 1960, les Soviétiques ont adapté le design des lanceurs tractés, originalement utilisés par la NASA sur les capsules Mercury et qui consistait en une fusée montée au sommet de la capsule pour l'extraire loin du lanceur en difficulté. Mais pendant et après 20 essais intensifs, des problèmes de stabilité ont rendu très incertaine cette séparation entre le module de rentrée avec son lanceur. Comme remède, les Russes ont ajouté quatre réflecteurs carrés pour améliorer l'aérodynamique de l'engin. Ceux-ci sont ouverts lors du démarrage de la tour de secours et corrige la trajectoire du véhicule. Les Chinois en ont simplement copié l'idée.

Les Russes ont aussi fabriqué une combinaison pressurisée de survie pour leurs cosmonautes à l'intérieur de Soyouz. Appelé Sokol, cette combinaison fut introduite en 1972 après le tragique accident de dépressurisation lors d'un vol de retour sur terre, causant la mort de trois cosmonautes. Cette combinaison protège l'équipage mais permet seulement de bouger les bras et mains pour contrôler le vol (une combinaison plus sophistiquée est utilisée pour les sorties dans l'espace). Les Chinois ont aussi besoin d'un équipement similaire et, ils l'ont donc simplement copié en utilisant différentes couleurs et étiquettes après avoir obtenu quelques copies du Soko !

En mars 2003, le CNES à reçu une délégation chinoise du China Satellite Launch & Tracking Control. A cette occasion le CNES s'est vue offrir une maquette du vaisseau Shenzhou au 1/40. Voici quelques photos prises par Vincent Meens du CNES à Toulouse.

 

Le lanceur CZ 2 F

Le CZ 2 F a été spécialement mis au point pour cette mission. C'est un dérivé du CZ 2E en service depuis 1990. La fusée dispose d'une grande puissance, d'une fiabilité accrue et de systèmes de télémesure particuliers.
Un système de détection de panne a été ajouté en vue des vols habité. Le vol de Shenzhou 2 était le 65ème d'une Longue Marche, le 23ème réussi.
Son premier tir a eu lieu en novembre 1999, à l'occasion du vol de Shenzhou 1. Elle comporte 2 étages et 4 boosters auxiliaires.

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Les 4 boosters mesure 16 m de hauteur pour 2,3 m de diamètre et une masse de 44 tonnes. Ils sont équipé d'un moteur YF 20B de 80 tonnes de poussée brûlant du N2O4 et de l'UDMH. Il fonctionne durant 128 s.

Le premier étage mesure 23,7 m de haut pour 3,4 m de diamètre. Il pèse 209 tonnes et comporte 4 moteurs YF 20B  donnant une poussée totale de 297 tonnes. 

Le second étage mesure 15,5 m de haut pour une masse de 95 tonnes. Il est équipé d'un moteur YF 23 de 79 tonnes de poussée de de 4 verniers YF 25.

La coiffe abrite le vaisseau Shenzhou et mesure 12 m de long pour 4,2 m de diamètre.

L'ensemble mesure 58,34 m mètres de haut, pèse au décollage 479 tonnes. 

 

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Le système d'éjection du Shenzhou situé sur la coiffe du lanceur est similaire à celui utilisé par les lanceurs soviétiques A2.

 

 

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LES VOLS SHENZHOU