CAP CANAVERAL
Dans les années 1940, la Navy établit une base à 7 km au sud de Canaveral. La Banan River Naval Air Station restera en service jusqu'en 1947. Elle servira de HQ pour le Joint Long Range Proving Grund pendant la seconde guerre mondiale. A la fin de la seconde guerre mondiale, les américains
disposent de cinq modestes centres d' essais de missiles: le Allegheny
Ballistics Laboratory, en Virginie, le Goldstone Range, le Pendleton Range et la
Naval Ordnance Test Station en Californie et le Hueco Range à Fort Bliss au
Texas. Dans ces centres, seuls des missiles de portée courte, 15 km sont testés. Les fusées V2 de l'opération "Paper clip" récupérées des nazis après la fin de la guerre sont testées dans un premier temps sur la base de White Sand au nouveau mexique. La base est entourée d'une population qui ne cesse de croître, la décision est prise de tester les missiles de longue portée depuis un autre site. Le Joint Chiefs of Staffs, les chefs du Pentagone commencent à sélectionner de nouveaux sites de lancement. A la Californie est préférée la Floride sur la cote Est, Cap Canaveral dans la région de Brevard. Le dégagement vers l'Est, vers l'Atlantique offrait un immense champs d'exploitation pour les nouveaux missiles. Les îles toutes proches des Bahamas, Grand Turk, Antigua et plus loin celle de l'Ascension offraient des lieux idéal pour les stations de poursuite. Le choix est approuvé par le Pt Truman le 11 mai 1949. Canaveral sécurisé, le Long range Proving Ground est activée le 1 octobre 1949. L'USAF, avec ses deux ans d'existence en sera responsable à partir du 13 juin 1950. Le HQ est basé sur l'ancien Banana River Air Station, renommé Patrick AFB un an plus tard, en hommage au général Mason Patrick. En mai 1950 commence la construction des premières installations de tir et des routes d'accès pour les V2 modifiés. Ces fusées Bumper associaient un V2 de base surmonté d'un étage WAC Corparal. Le pad, une simple dalle de béton avec son centre de contrôle en en bois sera nommé le LC3 plus tard quand deux autres pads seront construits (LC1 et 2). Le premier Bumper est lancé le 24 juillet 1950 à 9 h 24 du matin. La fusée modèle 8 remplace au pied levé le modèle 7 qui avait des fuites. L'opération est un demi succès, l'étage Corporal ne s'allume pas. Le Bumper n°7 sera lui lancé 5 jours plus tard avec succès cette fois.
Les premières "service tower" ou tour de service sont en fait des échafaudages de peintre montés sur roues. Les techniciens grimpaient dessus par les cotés pour accéder aux différentes parties de la fusée. Plus tard, les tours de service seront adaptées des derrick utilisés dans les champs de pétrole et baptisés "gantry", du nom de celui qui en proposa l'idée, M Gantry. Le centre de contrôle du Bumper 8 était une simple barque en bois recouverte de tissu et protégée des explosions éventuelles par un monticule de terre, à quelques dizaine de mètres du pad. Lorsque l'US Army retourne à White Sands, le Long Range Proving Ground devient un centre de lancement contrôlé par l'USAF qui désire l'utiliser pour tester ses missiles de grandes portées. Commence alors la construction d'une des pus grande base au monde. Les petites villes à coté deviennent des grandes villes, la population croisant de 371 % à Cocoa, Cocoa Beach et Titusville dans les années 1960. LES ANNEES 1950 Le 25 octobre 1950 est lancé le premier missile Lark de l'USAF. Ces missiles permettent d'inaugurer les stations de poursuite au sol et sur l' Atlantique. En 1951 est construit la principale installation de la base au Nord dans ce qui deviendra la zone industrielle, le Central Control Building. Il centralise tous les lancements (poursuite, communication et sauvegarde). Plus tard est adjoint le Technical Laboratory chargé de décortiquer les lancements grâce à l'analyse des données de vol (images films). Afin d'acheminer les matériels et les matériaux vers la base, un port est aménagé au Sud, opérationnel en 1953. Un nouveau quai sera construit pour l'US Navy et le projet Polaris en 1958. Les premiers missiles à tester arrivent en 1951 en même temps que la base reçoit un nouveau nom, Air Force Missile Test Center. Le premier missile est un Martin Matador lancé dans l'été depuis des plateformes montées sur des camions. En août 1953, un missile Redstone est lancé du pad n°4, tout près des installations du Bumper. Suivront le Northrop Snark, un missile de croisière en 1952 lancé d'une plateforme mobile aidé par deux boosters et récupéré sur une piste spécialement construite qui servira par la suite de piste principale sur la base. Elle sera modernisé en 1987 et 2004 pour s'adapter aux standards de l'USAF. En 1954 sont construits les pads double pour le missile Redstone, le LC 5/6 avec ses block house. A la différence du pad 4, où le missile est monté sur son berceau par un bras hydraulique monté sur un camion, une tour de service sur rail assure le montage verticalement à l'aide de grues sur les LC 5/6. Le premier lancement à lieu en avril 1955 et jusqu'en 1961 le pad assurera 16 tirs de Redstone et 9 de Jupiter IRBM. Le pad 5 sera ensuite modifié pour lancer les premières cabines habités Mercury-Redstone. Les tests du missile Navaho de North American se font sur le LC 9, le LC 10 servant de secours. Il ne sera jamais utilisé. 11 Navaho seront lancés du LC 9. Le missile est tenu au centre de la structure de lancement au dessus du déflecteur. L'autre coté de la structure se trouve une tour érecteur, utilisée pour placer le missile et le préparer au tir. Les pads seront modifiés pour accueillir les Minutman, LC 31 et 32. Aujourd'hui, un monument commémore le site avec un missile en exposition. 1956 marque le début de la construction des pads de tir pour les missiles Atlas, Thor, Jupiter et Vanguard. Le terrassement des pads 12 et 14 des Atlas commence en janvier 1956 suivit du pad 17 (Thor) en avril , du pad 18 en juin (Vanguard) et des pads 11 et 13 des Atlas en août. Parallèlement démarrent les travaux du double pad 26 des Jupiter. Un premier lancement intervient le 28 août 1957 du pad 26A. Deux autres pads, LC 21-22 sont également construits pour le missile Bull Goose, près des installations du Bumper. Le premier Jupiter A est lancé le 14 mars 1956. Début juin, l'Air Force lance son programme d' études de rentrée atmosphérique avec le X 17 de Lockheed. Ce programme se terminera en mars 1957, après 26 vols. Le 20 septembre, est lancé le premier Jupiter C, dérivé du Redstone. Il atteint 1000 km d' altitude et 5300 km de distance. Une version civile, Juno 1 est prête quelques mois après pour lancer un satellite artificiel autour de la terre, dans le cadre de l' année géophysique Internationale de 1957. Mais, Washington donne la priorité au programme Vanguard de la Navy. La zone industrielle s'étoffe par la même occasion avec la construction de hangar en soutien à tous ces nouveaux programme. Une douzaine de hangars sont mis en chantier en 1956-57 désigné par les lettres de l'alphabet. La hangar C, construit pour le Matador au début des années 1950 abrite le Vanguard avant la mise en service du hangar S en 1957. 12 000 personnes travaillent à cet époque sur le site de Cap Canaveral
Le LC 14 des Atlas est terminé en janvier 1957 et lancé sa première fusée le 11 juin. Les autres complexes Atlas sont terminés en en avril 1958. Le mis suivant Cap Canaveral devient Atlantic Missile Range AMR. Chaque pad Atlas est composé d'un blockhouse en forme de dôme de 18 m de diamètre. Les pads 17A et B des Thor sont équipés d'un blockhouse rectangulaire. Le premier Thor y décolle en décembre 1956. Il restera en service jusque dans les années 2000 servant pour toutes les versions du lanceur jusqu'à l'actuel Delta 2. En 1997, l'explosion d'un Delta 2 à quelques mètres d'altitude obligent les ingénieurs et techniciens a quitté prématurément le blockhouse rectangulaire près du pad pour le confortable Space Launch Squadron Operations building à 2 km de là. Le LC 26 reste en service jusqu'en janvier 1963 lançant les Jupiter qui seront déployés outre mer en Europe (Italie et Turquie). Le site sert maintenant de mussée de l'USAF depuis 1966. Le musée de l'USAF avec le "gantry" du Redstone-Jupiter La
partie haute de la tour ombilicale du LC19, la salle blanche Gemini restauré
dans les années 2000. Le 19 avril 1957, c' est le
premier essais d' un missile Thor (XSM 75) de Douglas depuis le LC 17. Il est détruit
après son lancement. Un autre essai a lieu en septembre, c' est un succès. Après
deux échecs, en mars et avril, un missile Jupiter est lancé avec succès le 22
octobre. Le 6 décembre, devant des milliers de téléspectateurs, la Navy lance
sa fusée Vanguard depuis le LC 18. A son bord, le premier satellite américain.
Mais c' est l' échec. La fusée explose en direct à la TV devant des millions
de téléspectateurs. En 1959, les 8 pads dédiés aux missiles balistiques intercontinentaux, Atlas et Titan s'alignent le long du "boulevard des missiles" le Missile Row, bordant la coté Est de la floride. Alors que les pads de tir des Atlas utilisent une tour de service mobile montée sur rails, les pads des Titan utilisent une tour de service originale montée sur vérins qui sert pour l'assemblage du lanceur et le plein en carburant. La construction des pads Titan commencent en 1957. Le LC 15 est opérationnel en premier en avril 1958 pour un lancement en février 1959. Le LC 16 suit avec le LC 19 en juillet. Le LC 20 sera opérationnel quelques mois plus tard en 1959. Le premier titan 1 lancé du LC 20 en juillet 1960 finit par une explosion, relaté dans le célèbre film de Philipp Kauffman, "l'étoffe des héros". Les LC 15 et 16 serviront pour la mise au point des Titan 2 à partir de 1962. 23 lanceurs seront tirés jusqu'en 1964. Le LC 20 servira pour lancer les premières Titan 3A avant la mise en oeuvre des Titan 3C depuis le LC 40-41. Les tirs de qualification du Titan 2 ont lieu depuis le LC 15 et 16 entre 1962 et 1965. Les complexes de tir des Atlas en 1963, le LC14, 13, 12 et 11 avec au fond le LC36
Le LC25 au Sud de la base accueille le Polaris de la Navy, le premier missile à poudre long de 8,5 m. Le pas de tir est spécialement adapté pour simuler la sortie du missile d'un sous-marin. En 1959, un second pad, le LC29 est mis en service jusqu'en 1967. Sur les restes du LC9-10 est reconstruit le LC31-32 pour le missile Minutman. Le premier intervient le 1er février 1961 du LC31A. Le LC32A servira de secours et ne sera jamais utilisé. Les 92 tirs de Minutman jusqu'en 1970 auront lieu des LC31A et 31B. Le silo 32 recevra les restes de l'Orbiter Challenger en 1986. Le
LC36 est le second pad de lanceurs spatiaux a être construit en 1959, après le
LC 18A des Vanguard. Il accueille l'Atlas Centaur avec son étage cryogénique.
Le développement du lanceur est complexe et le premier tir entièrement
réussit n'a lieu qu'en mai 1966 pour lancer Surveyor 1 sur la lune en mars 1966. Un second pad
est construit en février 1963 en secours du LC36A. Il se distingue par une tour
ombilicale plus haute que le 36A. L'explosion du lanceur AC5 sur son pad oblige
la NASA à mettre le pad en service plus tôt en août 1965. Le LC36 restera en service
durant 40 ans, lançant les Atlas Centaur, Atlas 1, Atlas 2 et 3 jusqu'en
février 2005.
LES ANNEES 1960
Avec
le programme Apollo Saturn, est construit le LC34, juste après le LC20 des
Titan. Mis en service en mai 1961, il lancera les premiers étages des Saturn 1
avec des étages supérieurs inertes. Le LC34 est desservit par une énorme tour
de service de 94 m de haut, la plus large construite aux USA. Une tour
ombilicale est rajouté par la suite pour le 3eme tir. Les lancements des Saturn
orbitales seront ensuite déplacés vers le LC 37 B, juste à coté, le temps de
mettre le LC34 au standards des vols habités. La tour de service est
modernisée, les plateformes de travail protégées des intempéries. Le pad est
de nouveau opérationnel en 1965 pour lancer le premier vol habité Apollo en
1967. Après l'accident d'Apollo 1 en janvier 1967, le pad lancera Apollo 7 en
octobre 1968, tandis que le LC 37 continuera les vols de développement des
Saturn 1B. Les deux pads seront mis en sommeil par la suite attendant un réveil
pour le programme Post Apollo en 1972. Finalement, les derniers lancement des
Saturn 1B auront lieu du LC39 sur lîle de Merritt au nord du Cap, les LC34 et
37 étant démolis en 1971. Le LC34 sera déclaré "landmark" en
1984 et le LC37 sera reconvertit pour lancer le Delta 4 de Boeing en 1999. Le
nouveau LC37 comprend un bâtiment horizontal chargé de l'intégration des
Delta et une tour de service roulante de 100 m de haut.
Le dernier grand chantier de Cap Canaveral démarre au milieu des années 1960 avec la construction du LC 40-41 pour les Titan 3 de l'USAF. Le concept "mobil launcher" ITL Integrate Transfert et Launch devait permettre d'atteindre une cadence de tir de 50 par an. L'annulation du programme MOL réduira la vision à 5 tirs par an. Le corps central du Titan 3 est monté sur l'une des 4 tables de lancement mobile dans l'une des 4 baies du VIB Vertical Integrated Building. L'ensemble est poussé par deux locomobiles diesel dans le SMAB Solid Motor Assembly Building pour être assemblé aux deux boosters SRM. La plateforme est ensuite amenée sur un des deux pad où elle est fixée contre la tour ombilicale. lancement de Viking en 1977 La construction du complexe débute en février 1963. Des milliers de tonnes de terre sont dragué dans la Banana River pour servir au terrassement des bâtiments. La tour de service et ombilicale du pad 40 est terminée en janvier 1965, celles du pad 41 en avril. Le pad 40 doit servir au programme MOL tandis que le 41 au lancement des Titan 3C. Une cabine Gemini modifié est lancé en novembre 1966 du pad 40 mais le programme est annulé en 1969. Le pad 41 sert jusqu'en 1977 après les lancements des sondes Viking et Voyager par des Titan 3E (10 Titan 3C et 7 titan 3E). En 1986-88, il est restauré et modernisé pour les Titan 4 (version améliorée avec des SRM à 7 segments) et le Titan 3 Commercial.
Le LC 41 pour le premier lancement du titan 4 en juillet 1989. Noter la structure en pointe au dessus de la tour ombilicale. La tour de lancement fixe du LC41 en janvier 1989 Le pad 40 est modernisé en 1990-92 à son tour pour lancer les Titan 4. La tour de service et ombilicale est détruire. Une nouvelle tour ombilicale et de service haute de 51 m et 80 m est construite, résistant au mieux au intempéries et à l'énergie des boosters SRM. Le pad est opérationnel début 1994. Un nouveaux Solid Motor Assembly and Readiness Facility (SMARF) est construit sur le site pour l'intégration des boosters SRM des titan 4. Le premier titan 4 lancé du LC40 Le LC40-41 n'a pas de blockhouse de contrôle près du pad, une salle dans le VIB assure le contrôle du tir à distance raisonnable. Le LC41 sera démolit en 1999 après 27 tirs et convertit pour lancer les Atlas 5 de Lockheed Martin. Un nouveau bâtiment d'intégration est construit, le VIF, le SMARF sert pour le contrôle du lanceur et de centre de contrôle. Les LC40 et 41 dans les années 1990 A partir de janvier 1964, Cap Canaveral Missile Test Annex devient avec les installations de Merritt Island, le John F Kennedy Space Center, en hommage au président disparu et l' endroit tout entier est appelé Cap Kennedy. En 1973-74, devant la confusion et les protestations locales, le centre redevient Cap Canaveral et les installations de l' Air Force sont rebaptisées Cap Canaveral Air Force Station. L'ambitieux programme lunaire décidé par le président Kennedy en début d'année oblige la jeune NASA (crée en 1958) a agrandir ses installations. La zone de Merritt Island au Nord du Cap est sélectionnée pour servir de site au futur port lunaire après élimination des sites de Bahamas, Georgie, Texas, Chrismas Island, Hawaii et White Sands. La NASA achète 32000 h de terrain pour y implanté le plus grand complexe de lancement du monde le LC 39.
1971, les tours ombilicales et de service des LC34 et 37 sont démontées. 1976, la tour de service du LC14 est détruite. 1976, deux des trois LUT Apollo Saturn sont démontés pour être reconvertit pour le Space Shuttle sur le pad 39. Avril 1984, 8 anciens sites de
lancement du Cap Canaveral sont déclarés "site historique" par le
ministère de l' intérieur et son porte parole le sénateur Bill Nelson. Ce
sont les LC: En 1999, le pad 41 des Titan est détruit pour laisser place au nouveau complexe de lancement de Lockheed martin et le lanceur Atlas 5. En 2004, la tour ombilicale du LC13 est détruite. En août 2005, la tour de service suit. Elle avait été construite en 1963 pour les Atlas Agena. Le pad avait assuré 30 lancements du missile Atlas depuis 1950 et 51 Atlas Agena. Il a été mis hors service en avril 1978. Si le centre Kennedy ne comptabilise que 13 lancements de Saturn 5, 4 de Saturn 1B et 115 de navette, Cap Canaveral compte depuis juillet 1950, plus de 3000 lancements. Le nombre exact n'est pas connu officiellement, de nombreuses opérations ayant eu lieu sous le sceau du secret, il n'existe pas de liste précise. Ce que l'on peut dire c'est que 39% des lancements ont été réalisé par l'Air Force, 13% par la Navy, 14% par la NASA, 9% par l'Army et 2 par des agences commerciales. 75% ont été des lancements pour des tests d'armes, 11 % des charges utiles civiles et 5 % des charges utiles commerciales, 5% pour des charges militaires et 4% pour des tirs suborbitaux. De 5 lancements en 1950, on passe à 22, 41, 59, 75, 72, 94, 112, 147, 168, 206 en 1960 pour retomber à moins de 100 en 1965 et moins de 50 en 1968. En 2005, on compte seulement 9 lancements, quatre de plus qu'en 1950! Les années 1950 ont vu la naissance de tous
les missiles et lanceurs que les américains utiliseront pendant plus de 40 ans.
789 lancements sont répertoriés durant la décennie.
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