Janvier 2004, il y a un an que la NASA et l'Amérique ont perdu leur navette Columbia lors de sa rentrée dans l'atmosphère. Le porte-parole de la Maison Blanche confirme que le président des Etats-Unis Georges Bush annoncera dans les prochains jours un ambitieux programme d'exploration du Système Solaire qui conduira l'Homme à se poser à la surface de Mars. Selon des sources proches du dossier, la Lune serait utilisée comme une base permanente d'entraînement et de recherche scientifique. L'Amérique pourrait retourner sur la lune dès 2013, plus de 30 ans après la dernière mission Apollo décembre 1972. Un tel programme ne pourra se faire sans l'aide financière de partenaires comme l'Europe ou la Russie. L'utilisation de vaisseau Soyouz et de l'ATV pour la déserte et la rehausse de la station ISS lorsqu'elle sera terminé semble toute logique. Dans le but de préserver leur suprématie spatiale, technique ou économique, les Etats-Unis ne manqueront pas de réitérer leur volonté d'assurer la relève des vieillissantes navettes spatiales et de poursuivre le développement, déjà bien avancé, de l'Avion spatial orbital, le successeur annoncé des navettes. Toutefois, un rapport d'expert préconise de jeter les bases d'un nouveau concept de véhicule spatial habité qui utilisera un module commun et susceptible d'être adapté en vue de différents projets incluant des missions lunaires, d'exploration des astéroïdes proches de l'orbite terrestre, et éventuellement des missions habitées en direction de la planète Mars. VISION for SPACE EXPLORATION (VSE) Le Président américain George W. Bush annonce le 14 janvier lors d'un discours historique l'intention des Etats-Unis de retourner vers la Lune afin de s'y établir de façon durable, puis à terme de lancer une expédition habitée vers la planète Mars, afin "d'étendre la présence humaine à travers tout le Système solaire". Le Pt annonce aussi la fin des navettes spatiales dès l'achèvement de la Station Spatiale Internationale (ISS), car elles sont actuellement le seul moyen de transport permettant l'acheminement des lourds modules devant encore l'intégrer. Alors exploitées depuis 30 ans, elles devraient être réformées et remplacées par des véhicules de transport d'équipages lancés par des fusées plus conventionnelles, dont certains étages ou moteurs seraient néanmoins récupérables et réutilisables. Ces nouveaux vaisseaux spatiaux ne seraient plus limités à l'environnement terrestre immédiat, mais pourraient servir à "explorer au-delà de l'orbite vers d'autres mondes", comme l'explique un document préalablement publié par la Maison-Blanche. Ce dispositif devrait être mis au point, développé et testé dès 2008, pour devenir le véhicule de lancement habité standard à partir de 2014. "Le principal objectif de cet engin spatial baptisé CEV Crew Exploration Vehicle sera d'emporter des astronautes au-delà de notre orbite, vers d'autres mondes", a déclaré le Président, indiquant qu'il s'agira "du premier vaisseau de ce type construit depuis le module Apollo", faisant allusion à ses capacités interplanétaires. Le coût supplémentaire du nouveau programme spatial est estimé à 12 milliards de dollars répartis sur cinq ans, partiellement prélevés dans la redistribution des 11 milliards de dollars déjà prévus dans le budget actuel. Dans ce but, l'administration présidentielle demandera donc au Congrès un budget additionnel de 1 milliard de dollars réparti en cinq années. Le Président Bush a réclamé et obtenu en novembre 2003 un budget supplémentaire de 86 milliards de dollars pour couvrir six mois d'occupation en Irak. Georges W. Bush a aussi répondu aux attentes de la commission Gehman chargée de l'enquête sur l'accident de Columbia qui critiquait le manque de vision pour la NASA dans son rapport en août dernier. Cette annonce tombe au moment même où la campagne présidentielle vient d'être lancée par le vote du " caucus " de l'Iowa qui a vu John Kerry s'imposer. Ce renouveau de l'Espace Civil ne laissera sûrement pas indifférents les électeurs de Floride, Californie, Alabama, Mississipi, Virginie, Ohio et Texas, là où sont situés les centres de la NASA à qui reviendront le travail. Aucun homme n'a foulé le sol lunaire depuis 1972, date de la dernière mission Apollo 17, conduite par Eugene Cernan, le dernier homme sur la Lune, présent lors de l'annonce de George W. Bush. Le Président lui a assuré que les Etats-Unis feront tout pour que sa célèbre phrase énoncée lors de son départ de la Lune soit respectée. " We leave as we came, and God willing as we shall return, with peace and hope for all mankind - Nous partons comme nous sommes arrivés, et si Dieu le veut, comme nous reviendrons, en paix et portant l'espoir de l'humanité. " Depuis la navette spatiale, la NASA a dépensé des milliards de dollars à essayer de développer un nouveau vaisseau révolutionnaire. Ces tentatives comme le National Aerospace Plane et le X-33 ont échoué car elles s'appuyaient sur des technologies trop ambitieuses et non matures. De même, l'OSP (Orbital Space Plane) n'aura existé que sur le papier. La nouvelle capsule d'exploration sera développée en utilisant des technologies existantes. Le CEV devrait commencer ses premiers tests dès 2008. Son premier vol habité est pour l'instant prévu pour 2014. Le développement du véhicule sera supervisé par le tout nouveau " Office of Exploration Systems " de la NASA, Code T, dirigé par l'amiral Craig Steidle, ancien vice commandant du Naval Air Systems Command. Le projet Prometheus de propulsion nucléaire fera partie de ce nouveau département Exploration. Le Président Bush prévoit de demander seulement 1 Md$ de nouveau financement pour les 5 prochaines années. De plus, il a annoncé vouloir réaffecter 11 Md$ provenant d'autres programmes, comme l'observation de la Terre ou les programmes environnementaux, sur les 83,3MD$ du budget total sur 5 ans, vers le nouveau pôle Exploration. Pour pouvoir atteindre ces nouveaux objectifs, la Maison Blanche prévoit d'augmenter le budget de la NASA de 5% pour les 3 prochaines années et de 1,5% en 2007 et 2008 (Budget FY04 : 16,26Md$ - FY05: 17,04Md$ - FY06 : 17,84Md$ - FY07 : 18,11Md$ - FY08 : 18,38Md$). Puis, entre 2010 et 2020, la NASA prévoit d'augmenter son budget de 2,2% par an. Sean O'Keefe, l'administrateur de la NASA a précisé que le financement de la NASA ne coûtait en moyenne que 15 cents par jour aux contribuables américains et que le budget total de la NASA restera sous la barre des 1% des dépenses fédérales (Budget total environ 2200 Md$/an). La majorité du financement de cette nouvelle initiative proviendra après 2010 de l'arrêt progressif des programmes ISS et Navette, qui à eux deux, correspondent à 7 Md$ par an. L'annonce du Président semble beaucoup plus réaliste que les deux précédentes faites par Nixon en 1972 (Programme Navette spatiale : 5,1 Md$ de développement - 48 vols/an) et par Reagan en 1984 (Programme ISS : 8 Md$ sur 10 ans). Bien que plusieurs journaux expliquent que le budget alloué n'est pas suffisant, la NASA prévoit, au contraire, 178 Md$ jusqu'en 2020 pour cette initiative, soit 53,7% de son budget, ce qui semble objectif et vraisemblable (par comparaison, le programme Apollo aurait coûté de 100 à 125 milliards de dollars actuels). Un budget plus précis devrait être rendu public début février. Mars Le sénateur John Kerry, le candidat démocrate à la prochaine élection présidentielle US, se dit en faveur d'une mission habitée vers Mars. Il a cependant expliqué que le coût d'un tel programme, au moment où les Etats-Unis doivent affronter un énorme déficit, sera comparé aux besoins en terme d'éducation et de santé. Kerry a aussi ajouté qu'il ne lui semblait pas important de commencer par retourner sur la Lune en premier. Répondant à une lettre de l'Associated Press (AP), Kerry a déclaré que le programme spatial américain était une bonne opportunité pour la recherche scientifique et qu'envoyer un homme sur Mars était le type de mission que les Etats-Unis devaient entreprendre. Le Président Bush n'a pas répondu au questionnaire de l'AP. Le président du comité pour la science au Congrès, Sherwood Boehlert (R-New York), a déclaré que la nouvelle initiative de George W. Bush n'avait pas été chaleureusement accueillie par le Congrès. Il a mis en garde la NASA sur le fait que les 866 M$ d'augmentation demandés pourraient ne pas être autorisés. La NASA pourrait recevoir juste assez d'argent pour approfondir la réflexion sur la nouvelle initiative, mais a priori pas un financement plein. La NASA a demandé un budget de 16,24 Md$ pour 2005 soit une augmentation de 5,6%. Boehlert a déclaré que c'était la faute de la NASA si le Congrès refusait son budget car les législateurs ont besoin d'une meilleure compréhension des coûts réels d'une telle initiative sur le long terme, et la NASA n'a pas répondu à leurs questions. Avril L'un des supporters les plus fervents de la NASA au Sénat, le sénateur Bill Nelson (Démocrate-Floride), qui a volé dans l'"espace en 1986, déclare que l'absence flagrante de la Maison Blanche lors des discussions sur le budget de l'agence spatiale pourrait mettre en danger la nouvelle initiative du Président Bush. Bien que le budget de la NASA ait été approuvé par le Sénat en deuxième instance, il avait été réduit de 631 M$ au départ et a été sauvé par le sénateur Shelby (Républicain-Alabama) qui avait menacé de mettre son veto sur le nouveau budget. Le Congrès de son coté n'a toujours pas décidé du sort du budget de la NASA mais semble converger vers 16,244 Md$. Les deux chambres de représentants devront maintenant s'entendre dans les semaines qui suivent lors de séances plénières. Nelson implore la Maison Blanche de venir défendre sa propre vision pour le spatial civil américain et l'exploration habitée du système solaire. Les officiels américains déclarent qu'il est encore trop tôt pour savoir quel type de lanceurs ou famille de lanceurs nécessitera la nouvelle initiative d'exploration américaine. Mais les ingénieurs étudient une variété d'options allant de versions améliorées des lanceurs Delta et Atlas, au développement d'un tout nouveau lanceur en passant par l'utilisation de composants et de l'infrastructure existante des navettes spatiales. D'après les participants au 41eme congrès spatial de Cap Canaveral, l'option d'utiliser un lanceur dérivé des navettes spatiales semble être très attrayante. Mike Kahn, vice président de Thiokol, construisant les propulseurs à propergol solide réutilisable de la navette spatiale, explique qu'il serait facile de développer un vaisseau cargo qui remplacerait l'orbiter et d'y fixer les mêmes propulseurs d'appoints que la navette pour le décollage. Ce type de véhicule pourrait emporter 72 tonnes en orbite basse et être opérationnel dès 2008. De même en utilisant 5 propulseurs à poudre au lieu de 2 comme sur la navette, le véhicule pourrait mettre en orbite jusqu'à 90 tonnes autour de 2011-2015. Enfin, un véhicule habité de type capsule pesant entre 16 et 18 tonnes pourrait être motorisé avec un propulseur solide et un deuxième étage à propulsion liquide. L'avantage est que les différents composants sont déjà qualifiés pour le vol habité. Bien entendu, les responsables des programmes Delta et Atlas ne le voient de la même façon. En particulier, ils insistent sur le fait que leurs lanceurs n'utilisent pas de technologies des années 70. La première version Delta 4 Heavy pourra mettre 22 tonnes en LEO dès fin 2004. Avec l'ajout de propulseurs à propergol solide et des étages supérieurs plus puissants, la Delta 4 pourra arriver à 90 tonnes de performance. De même, Atlas 5 et Delta 4 pourront atteindre les mêmes performances que la fusée Saturne 5 qui avait envoyé Neil Amstrong sur la Lune en utilisant 5 structures centrales comprenant chacune 2 moteurs RD-180. Les industriels ne semblent pas favoriser la création d'un lanceur complètement nouveau. Il faudrait dans ce cas reconstruire des pas de tir et des usines de construction, disent-ils. Mai Face à la fronde du Sénat et du Congrès contre l'initiative spatiale de George Bush, la Maison Blanche se réveille doucement après 4 mois de silence. Elle a envoyé le conseiller scientifique du président, John Marburger, expliquer aux élus et au média américains l'approche de la NASA, qui se veut durable. La NASA va utiliser la philosophie de " développement en spirale " empruntée au Pentagone. Les appropriatives du Congrès et du Sénat ont pour l'instant accordé une augmentation de 560 M$ au budget de la NASA, soit 300 M$ de moins que ce qui avait été demandé. Le plus grand syndicat américain, AFL-CIO, s'est exprimé contre la vision du président Bush et lui demande de se concentrer sur la création de " bon emploi à la maison ". AFL-CIO soutient l'exploration spatiale mais pas l'initiative de Bush car le syndicat explique que la nouvelle vision ne va pas assez loin. 84 000 des 400 000 membres du syndicat travaillent dans le secteur aérospatial. On peut lire sur le site internet d'AFL-CIO que " 85 444 travailleurs perdent leur emploi chaque jour aux Etats-Unis. 43,6 millions de personnes n'ont pas d'assurance maladie ". Juin Lors d'une conférence organisée conjointement par l'ambassade de France aux Etats-Unis et l'université George Washington intitulée " Exploration Spatiale et Coopération Internationale ", les futurs partenaires potentiels de la NASA, l'Europe, le Canada, le Japon et la Russie, se sont montrés très sceptiques vis à vis du modèle de coopération offert par la commission Aldridge pour le futur programme d'exploration à savoir celui du programme Joint Strike Fighter (JSF). Les partenaires de la Station Spatiale Internationale (ISS) ont bien fait comprendre aux Etats-Unis que leur priorité actuelle était l'ISS et non l'exploration. Cependant, tout le monde est d'accord pour dire que l'effort d'exploration doit être international et mené par les Etats-Unis. Lors de la conférence, l'Europe a exprimé son désir d'être présente sur le " chemin critique ", ce qui ne semble pas évident du coté américain. John Marburger, conseiller scientifique du président, a affirmé que la Maison Blanche ne proposerait pas de schémas de coopération. " C'est traditionnellement la responsabilité de la NASA ". Il a précisé qu'il ne voyait pas la coopération internationale remplir le même rôle dans les relations internationales des Etats-Unis qu'avait à l'époque joué l'ISS, à savoir aider à garder la main d'oeuvre russe employée à un usage pacifique. La question taboue concerne la participation chinoise au programme d'exploration américain, le congrès américain étant très divisé sur la question chinoise. David Kendall, directeur de la science spatiale au sein de l'agence spatiale canadienne, déclarait très bien imaginer deux programmes d'exploration, l'un mené par les Etats-Unis, et l'autre par le reste du monde. Lors d'un autre symposium qui s'est déroulé au Sénat en France le 8 juillet, Christian Cabal, sénateur français et président de la conférence interparlementaire européenne sur l'espace, a réaffirmé qu'il serait inadmissible que l'Europe aide à financer le programme américain sans garantie de retour géographique comme c'est le cas pour le programme JSF. La principale inquiétude reste l'avenir d'ISS. Les fonds alloués à la station ne doivent pas s'éparpiller ailleurs. Pour préparer l'appel à proposition du Crew Exploration Vehicle CEV prévu en janvier 2005, la NASA passe en revue toutes les différentes options de lancement qui s'offrent à elle en n'excluant pas les lanceurs étrangers. La fusée qui lancera le prochain véhicule habité pourrait être dérivée des fusées EELV (Evolved Expendable Launch Vehicle), financées actuellement par le Pentagone, les Delta 4 et Atlas 5. Elle pourrait aussi utiliser des composants de la navette spatiale déjà qualifiés pour le vol habité ou certains anciens éléments de la fusée Saturn 5 Apollo. La NASA considère aussi officiellement la fusée Ariane 5 européenne, les fusées russes Proton et Soyouz, la fusée ukrainienne Zenit, la fusée indienne GSLV, la fusée japonaise H-IIA et la fusée chinoise Long Mars 2F qualifiée elle aussi pour le vol habité. La NASA a calculé qu'un véhicule non-habité utilisant les boosters et le moteur principal de la navette spatiale pourrait mettre en orbite de 60 à 100 tonnes dès 2008-2010. En rajoutant un cinquième segment aux propulseurs à propergols solides, la fusée pourrait emporter jusqu'à 115 tonnes en orbite basse. Certains industriels ont proposé d'utiliser une variante du moteur J-2 de Rocketdyne utilisé par l'étage supérieur de la fusée Saturn 5. Ce moteur J-2S générerait une poussée de 121 tonnes. Fin juillet Lockheed Martin travaille à la mise au point d'un système d'atterrissage reposant sur l'utilisation de cousins gonflables (airbags) et conçus pour équipé des capsules habitées de rentrée atmosphérique. Sa conception est complètement différente des systèmes de retour au sol adoptés jusqu'à présent, dont l'amortissement de la prise de contact se basait soit sur l'inertie du milieu aqueux lors d'un amerrissage (cabines Apollo), soit sur l'action de rétrofusées (cabines russes), soit sur une rentrée planante (shuttle). La Nasa estime que ce procédé, actuellement inusité dans le cas de vols habités, pourrait équiper le futur véhicule d'exploration spatial. Il favoriserait la sécurité des équipages en autorisant un atterrissage plus flexible et moins contraignant que l'amerrissage. Ce système est également moins coûteux que la mise au point d'un vaisseau utilisant la technologie de la rentrée planante. Les essais utilisent un système d'airbags fourni par Irvin Aerospace, fortement inspiré par le dispositif utilisé avec succès pour l'envoi de véhicules automatiques à la surface de la Planète Mars. Le développement de ce système ne s'inscrit pas dans un projet commandé et financé par la NASA. Ce n'est également pas une orientation choisie par la NASA pour son futur véhicule spatial. Il s'agit plutôt d'une initiative de Lockheed Martin. Septembre La NASA sélectionne 11 entreprises pour des projets de R&D du Crew Exploration Vehicle (CEV) et des véhicules d'exploration lunaire. Octobre LA NASA annonce que le retour en vol de la navette spatiale américaine se déroulera au plus tôt entre le 12 mai et le 3 juin 2005. Après ce vol, l'avenir du Shuttle est toujours sujet à débat. La NASA envisage 28 vols jusqu'à 2010, de manière à terminer l'assemblage de l'ISS. Trois vols seraient prévus en 2005, ce qui nécessiterait ensuite une cadence d'au moins 5 vols par an. La NASA étudie la possibilité de réduire le nombre de vols mais cela semble difficile étant donné ses engagements par rapport aux partenaires internationaux de la Station Spatiale. Dans ces conditions, industriels et experts extérieurs à la NASA estiment que la navette spatiale devra voler au moins jusqu'à 2014 en raison des incertitudes sur la date du vol de la prochaine navette et sur les futures cadences de vol. De plus, la NASA n'est pas prête à utiliser un autre mode de transport spatial habité avant cette date. Côté américain, le plan fait l'objet d'un certain nombre de critiques et certains militent pour le retrait de la navette en 2010, fût ce au coût d'une réduction du programme de la Station Spatiale, laissant ainsi l'opportunité d'aborder plus rapidement le projet d'exploration spatiale de l'administration Bush. Novembre La réélection de G W Bush à la maison blanche permet à la NASA de continuer à travailler à politique spatiale annoncée au début de l'année, en particulier au sujet de la nouvelle Vision pour l'Exploration spatiale. Parmi les principaux projets prévus, l'achèvement de la Station Spatiale Internationale et le retrait de la navette spatiale en 2010, plusieurs vols robotiques vers la Lune à l'horizon 2008 et la construction d'un nouveau véhicule spatial pour envoyer un équipage sur la Lune en 2015-2020. L'administration Bush a 4 ans devant elle pour consolider ces projets et la NASA aura besoin de tous les soutiens nécessaires pour assurer ses budgets en période de crise budgétaire grave. Le projet de vol habité vers la Lune et Mars nécessitera également un soutien de l'administration et du Congrès, républicains et démocrates confondus, pendant plusieurs dizaines d'années pour aboutir. Northrop Grumman et Boeing vont concevoir en commun un prototype de Véhicule d'exploration avec équipage (CEV). Les deux firmes qui avaient chacune de leur coté engagé des études exploratoires ont donc décidé de fusionner leurs programmes. Elles vont affronter Lockheed Martin qui développe également son propre concept du CEV. Northrop Grumman et Boeing développeront deux concepts du CEV, un pour des missions en orbite basse et une autre version pour des missions à destination de la Lune. La NASA choisira l'équipe en charge du développement et de la construction du premier exemplaire du CEV en 2008 après un 'flyoff' des deux concepts. Des vols d'essais non habités sont programmés en 2011 et la NASA prévoit les premiers vols habités dès 2014. Toutefois, le programme est loin d'être financé. Le projet initial de budget pour l'année 2005 prévoit des coupes significatives dans le programme CEV. Avec le retrait des navettes prévues en 2010 après l'achèvement de la
construction de la Station spatiale internationale, la NASA se retrouvera sans
véhicule de transport d'équipage jusqu'en 2014 date à laquelle les Etats-Unis
mettront en service le CEV. Spiral One Chaque CEV sera conçu pour des missions en orbite basse et utilisé pour des tests en vol et des vols de qualification. On entend par mission en orbite basse, des vols à destination de la Station spatiale internationale, de maintenance et de réparation de satellites et/ou de toute autre charges utiles évoluant à moins de 600 km au-dessus de la surface de la Terre. Mais également des missions scientifiques en microgravité, similaires à celles qu'effectuées par les équipages des navettes spatiales. Enfin, le CEV sera également utilisé pour des missions militaires. Spiral Two Il s'agit là de Véhicules spatiaux de transport et de fret et d'équipages à destination de la Lune. Ils seront capables de rester en orbite lunaire jusqu'à une semaine. Les profils de mission seront fortement inspirés de l'épopée des missions Apollo. Spiral Three Engins spatiaux avancés et très matures, bâtis autour des CEV de Spiral Two, valables pour des missions lunaires de plusieurs mois. Des études sont en cours et détermineront si ces CEV lunaires seront équipés de modules de descente où si l'engin spatial sera capable de se poser sur la Lune et d'en décoller aidé de ses seuls systèmes de propulsion. En ce qui concerne les missions les plus longues, les CEV et ses modules seront assemblés en orbite basse ou au le point le Lagrange numéro 1. Les engins se poseront aux pôles de la Lune de façon à établir une base pour 45 jours maximum. Ces avant-postes alors deviendraient les premières bases lunaires des Etats-Unis. Pour le retour sur Terre, plusieurs scénarii sont étudiés. On retiendra deux d'entre eux qui ont fait leurs preuves. A savoir le système mise en œuvre par les Russes sur les capsules Soyouz équipées d'un système de parachute et de rétro fusées lui permettant d'atterrir en douceur sur la terre au contraire des capsules Apollo qui se posaient à la surface des océans. Justement, la NASA se satisferait également d'un profil de mission similaire à celui des capsules Apollo de retour de leur mission mais qui était équipé d'un seul système de parachutes et suivaient une trajectoire balistique sans aucune possibilité de la modifier. A plus long terme, un CEV sera spécifiquement développé pour des missions à destination de la planète Mars. Basé sur Spiral Three, il sera nécessaire de lui adjoindre un module supplémentaire utilisé comme habitat. Le choix du système de propulsion et de fourniture d'énergie sera fonction du projet Prometheus. Enfin, le projet Constellation englobe d'autres systèmes de transport spatial qui incluront des fonctionnalités absentes dans la famille CEV. On pense à des dépôts d'énergie dans l'espace, entre la Terre et la Lune dans un premier temps puis entre Mars et la Terre mais également des systèmes d'exploration comme des landers, orbiters… Décembre L'administrateur de la NASA Sean O'Keefe a démissionné. Il sera remplacé au plus tard en février 2005. Un groupe de lobbyistes de la société non-gouvernementale The Planetary Society, mené par l'ancien astronaute du programme Apollo Owen Garriott, recommande à la NASA de disposer d'un nouveau véhicule habité dès le retrait de la navette spatiale américaine en 2010. Selon eux, on ne peut attendre la mise en service du CEV (Crew Exploration Vehicle), actuellement en développement à la NASA, prévue début 2015. Cela placerait les Etats-Unis dans une phase de 4 ans sans vols habités. Pour Owen Garriott, cela aurait des conséquences très négatives pour les ambitions spatiales américaines, et en particulier pour la Station Spatiale Internationale (ISS). Les lobbyistes préconisent de développer pour 2010 une capsule habitée, dont le développement serait faisable en 6 ans et qui serait une option simple et fiable à court terme pour assurer la desserte de l'ISS. D'ici 2010, Owen Garriott pense que la NASA devrait se concentrer sur l'achèvement des éléments américains fondamentaux de la plate-forme, qui nécessiteraient selon lui entre 10 et 15 vols navette, plus un vol de réparation du télescope Hubble. L'annonce de la NASA, selon laquelle 28 vols navette seront réalisés d'ici 2010 pour achever l'assemblage de la Station Spatiale Internationale, est jugée irréaliste par de nombreux experts.
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