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CHRONOLOGIE ARIANE

LE DEVELOPPEMENT D' ARIANE 6



Les succès d'Ariane 5 n'occultent pas pour autant ses faiblesses dans un marché qui est en pleine évolution. Conçue dans les années 1990 pour lancer l'avion spatial Hermes, par la suite abandonné, le lanceur Ariane 5 a poursuivit la carrière d'Ariane 4 avec pour mission lancer des satcoms de plus en plus lourd en orbite GEO. Le lancement double, initialisé par Arianespace avec Ariane 4 est en train de montrer ses faiblesse. Ariane lance une dizaine de satcoms par an, soit la moitié du marché. Avec une capacité de 10 tonnes en GTO, il devient très difficile pour Arianespace d'appareiller un gros satcoms qui dépasse les 5 tonnes avec un petit. Jusqu'alors compétitif, le lancement double devient un problème quand l'opérateur du plus gros satellite doit payer pour le second. Les opérateurs se retournent alors vers un lanceur de moindre capacité comme le lanceur Russe Proton d'ILS et le Zenith.
Ariane 5 n'a pas d'étage supérieur rallumable en vol, contrairement aux Proton et Zenith, ce qui limite certaines missions. Arianespace voit arriver en face d'elle la concurrence des lanceurs étrangers, notamment chinois, mais aussi les lanceurs d'entreprise privées US, comme Antares d'ATK et le Falcon de Space X. Cette concurrence est mieux organiser que celle des années 1990-2000. A terme, elle fera chuter le prix du lancement à un niveau que les Européens ne pourront pas garantir. 

2009

En janvier, un rapport est commandé par le gouvernement Français au CNES sur l'évolution des lanceurs en Europe. Le CNES préconise le développement d'un nouveau lanceur baptisé Ariane 6 pour s'adapter à l'évolution probable du marché des lanceurs.

Mars, le CNES propose un premier étage EPC amélioré équipé d'un Vulcain nouvelle génération. Les boosters sont nouveaux avec un diamètre de 1,3 m, ceux d'Ariane 4 avaient 1 m et ceux d'Ariane 5 ont 2 m. L'étage supérieur est cryogénique équipé du moteur Vinci. La capacité serait celle d'un Atlas 5 ou Delta 4. Cette nouvelle génération de lanceurs ne viendrait pas en plus d'Ariane 5, Soyouz et Vega mais en remplacement d'Ariane 5. En effet, Arianespace a du mal à trouver 2 satellites pour un même vol à cause de leur masse et de leur orbite. Le nouveau lanceur serait modulable. Les améliorations d'Ariane 5 sont en bout de course.

La raison invoquée pour le développement de ce lanceur de moyenne classe est l'éventuelle fin de l'utilisation des Soyouz (que les Russes songe à remplacer aussi bien pour les vols "utilitaires" que habités), et aussi le maintien des compétences.



LES MUREAUX, France -

EADS Astrium officials are urging that Europe begin preparing a design for a medium-lift launch vehicle that could provide an eventual replacement for the Russian-built Soyuz.

For the medium term at least, it is clear that European's medium-lift fortunes will continue to ride on the improved Soyuz 2, which will begin operating at the end of this year from a new 344 million euro ($450 million) launch pad that is nearing completion in Kourou, French Guiana. Thanks to the extra lift afforded by this near-equatorial location, Soyuz 2 will be capable of orbiting most of the European Space Agency's Earth observation satellites, as well as small telecom spacecraft up to 3.2 metric tons.

Soyuz will complement Europe's heavy-lift Ariane 5 ECA and its new Vega light launch vehicle, due to enter service early next year.

"But in the long run, it would be surprising if Europe didn't have its own [midsize] launcher, Astrium Space Transportation Division CEO Alain Charmeau said recently at the division's main development and production facility here. For one thing, he said, Russia is already working on a two-stage follow-on to Soyuz, for which contractors were selected early this month, and there's no guarantee that Russia will be willing to share this capability indefinitely (AW&ST April 13, p. 39).

Other countries are developing new medium-lift launch vehicles, too, notably India with its Geosynchronous Satellite Launch Vehicle Mk III, due to make its first flight in 2010, and China with its modular Long March 5, targeted for introduction in 2014. "Our competitors are moving, we have to react," Charmeau says.

Another motivation is maintaining Europe's launcher engineering capability. The French government is studying the possibility of funding future launch vehicle design work through a 2.4 billion euro aerospace and defense economic stimulus package approved at the end of last year. However, other projects will also be competing for scarce funding, including technology programs to prepare the eventual successor to Ariane 5.

The CEO did not mention specific designs, but Astrium engineers have been exploring various concepts that could draw partially on new technological building blocks currently in development. One features a two-stage liquid propulsion rocket with a liquid oxygen/methane first stage, a liquid oxygen/hydrogen second stage and two to four solid boosters. Another would use a three-stage design with two solid fuel first stages and an upper cryogenic stage.

LOX/LH technology would utilize the Vinci cryogenic engine and variable nozzle being designed for the Ariane 5 ME, a more powerful reignitable version of the Ariane 5 that is expected to be introduced after 2016. The solid boosters would be derived from the new P80 solid rocket motor developed for Vega. However, the 340 metric ton thrust LOX/methane engines would have to be designed from scratch, although proposed upper stage designs for a future Vega upgrade could serve as a starting point (AW&ST Oct. 15, 2007, p. 34).

A notional schedule, Charmeau suggests, would see preliminary definition kicked off at the next ESA ministerial summit in 2011 so risk reduction and demonstration work can be approved at the following summit in 2014. The objective would be to have the new rocket ready for service in the 2020-2025 time frame, about the time Russia's Soyuz replacement is expected to be ready.

 


Avril, ASTRIUM fait des propositions pour cette gamme de lanceurs moyens pouvant remplacer les Soyouz en 2020-2025. Il y a un tri-étage avec un étage à poudre type EAP, un second également à poudre et un 3eme cryogénique avec moteur Vinci et 2 bi-étage. Le 1er avec un étage cryogénique et 2 petits boosters à poudre et un étage supérieur cryogénique avec le moteur Vinci, le second avec un étage à liquide, 2 petits boosters à poudre et un étage supérieur cryogénique avec le moteur Vinci.


Mai, le rapport demandé par le Premier Ministre Fillon ne ferait pas consensus. Yannick d'Escatha, le président du CNES et le délégué général pour l'armement Laurent Collet-Billon sont d'accord pour que Ariane se retire du marché commercial et se focalise sur les lancements institutionnels. Le représentant du CEA (Commissariat à l'énergie atomique), Bigot n'est pas d'accord, de même qu'EADS.
La seule évidence, le seul point concordant est qu'il faut remplacer Ariane 5 par une Ariane 6 basée sur la propulsion à poudre moins chère que la propulsion cryogénique. Des divergences se font sentir entre les différents acteurs du spatial et chacun a remis un rapport. La Défense et le CNES veulent revenir à ce qu'on a besoin (lancements institutionnels, 6 tirs par an), le CEA s'y oppose et la DGA se rallie au CNES.
Le premier ministre Fillon veut poser les bases de l'après Ariane 5, au alentours de 2020-2025. Pour tout le monde, la propulsion d'Ariane 6 doit passer à des carburant solide, pour des raisons de coûts, en se rapprochant de la technologie des missiles. Le CNES considère le lancement de satellites commerciaux aberrante et non rentable. "Plus on produit de fusée plus cela coûte cher. Ariane ne peut survivre sans subventions. Il faut revenir a ce qui est utile pour nos besoins". Le CEA n'est pas d'accord, tandis que EADS n'a pas intérêt a remettre en question la politique actuelle.

Il est nécessaire de remplacer Ariane 5 et Soyouz par un lanceur consommable de la gamme 6 tonnes en orbite GTO pour les besoins institutionnels et commerciaux, pour cause de concurrence exacerbée et de cadences minimum. Ce rapport ce limite à répondre aux nécessités d’un « service minimum » pour assurer l’indépendance de l’Europe. Les spécifications de la nouvelle Ariane 6 reste à définir, le seul consensus est l'utilisation du moteur Vinci pour l’étage supérieur. Le rapport reste dans la ligne des propositions de lanceurs consommables présenté par le CNES.


Juin, L'ESA et les industriels Avio, Astrium et Snecma signent un contrat pour les premières études d'un démonstrateur de moteur. C'est un moteur cryogénique (LH2 et LOX) avec combustion étagé d'une poussée de 2,5 millions de Newton. Pour le second étage, il y a un moteur cryogénique avec cycle expandeur d'une poussée de  180 kN. Cette NGLHH-SC est une Ariane 5 ECB qui a un étage principal de quelque mètres plus court mais avec le même diamètre, un moteur plus puissant et efficient que le vulcain 2, plus ou moins le même second étage, des plus petits boosters pour le faire plus versatile et la la possibilité d'avoir des grand boosters liquide similaire a l'étage principal.

Juin, le rapport du CNES préconise de poursuivre dans la lignée des lanceurs consommables, car le développement d'un lanceur entièrement réutilisable serait bien trop coûteux (entre 13 et 19 milliards d'euros) et la maintenance d'un tel lanceur coûterait aussi cher que l'actuelle Ariane 5, L'Europe doit renoncer aux vols habités autonome et continuer le vol d'astronautes avec les américains et les Russes. Arianespace doit, selon le CNES abandonner le lancement double. Du coté développement, il faut continuer les études sur un étage cryogénique propulsé par le moteur Vinci. Pour le premier étage, étudier une propulsion "classique LOX-RP1. Pour le CNES, la configuration en "fagots" ou en parallèle est le mieux adapté à l'image du lanceur Delta Heavy US. Le rapport conclut d'orienter les travaux vers la réalisation d'un lanceur « extrêmement modulable »,

Le président Sarkozy souhaite que des premières décisions concernant Ariane 6 puissent être prises à la conférence ministérielle de 2011 de l'ESA. A l'occasion du salon du Bourget, le chef de l'Etat réaffirme "son soutien à l'ensemble de l'industrie spatiale française, secteur stratégique pour la France et l'Europe. Ariane 6 devra être un lanceur modulable, d'une très grande robustesse, et optimisé en termes de coût afin de répondre au mieux tant aux besoins gouvernementaux qu'aux besoins commerciaux, dans un contexte de concurrence accrue".

2010

Janvier, le CNES va recevoir 500 millions d'euros pour mettre au point le successeur d'Ariane 5, dont la vaste capacité n'est pas toujours adaptée à la demande du marché mais qui continuera à voler. 
Le grand emprunt de 35 milliards d’euros du gouvernement français, dont 22 milliards seront levés auprès des marchés financiers, servira à financer des secteurs stratégiques avec une priorité forte pour la recherche et l’enseignement qui recevront 11 milliards d’euros. 500 millions seront affectés au CNES  pour préparer notamment le lanceur Ariane 6 (2025-2030).
Il est bien trop tôt pour se prononcer sur l’utilisation de ces 500 millions. On sait juste que parmi les propositions faites par les acteurs de l’industrie au Ministre chargé de l’Industrie auprès du Ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi et soumises à la Commission Juppé Rocard, deux concernent Ariane 6. Astrium et le think tank Cercle de l’industrie ont fait la proposition de les utiliser pour un démonstrateur de hautes technologies pour Ariane 6 sans aucune autre précision. On peut raisonnablement penser qu’ils vont servir à définir le cahier des charges du lanceur et établir un plan de développement en identifiant les technologies existantes réutilisables et celles qu'il faut améliorer ou développer.

Cette année l’ESA et Arianespace devraient caractériser Ariane 6, ce qui permettra de définir les démonstrateurs et les technologies qui permettront de faire les bons choix finaux de façon à minimiser les risques inhérents au développement d'un nouveau lanceur. Pour Guy Pilchen, chef du Programme préparatoire des lanceurs futurs à l’ESA « les exigences prises en compte dans les études systèmes s'appuient sur un lanceur en ligne capable de lancer en lancement simple 5 tonnes, ce qui représente l'essentiel des missions dites institutionnelles et jusqu'à 8 tonnes ce qui correspond au maximum des missions commerciales que l'on peut avoir ». Ariane 6 sera un lanceur dit bi-étage, comprenant un étage principal, voire des propulseurs d'appoint, et un étage cryotechnique utilisé pour des lancements simples.
Avec ce lanceur de nouvelle génération, on abandonne le lancement double et on revient au concept modulaire d’Ariane 4, bien mieux adapté pour lancer des satellites de taille moyenne (3 tonnes). En faisant cela on garde la possibilité de lancer des satellites plus lourds mais, « avec des objectifs de coûts complètement différents » explique Jean-Yves le Gall.

La raison d’être d’Ariane 6 n’est pas seulement de répondre aux besoins de ses clients institutionnels que sont les Etats membres de l’ESA. En filigrane, il s'agit de préserver la garantie de l'accès à l'espace de l'Europe, la compétitivité des lanceurs européens et de pérenniser l'activité d'Arianespace et de l'industrie spatiale européenne sur le marché des lanceurs civils. Il faut garder à l’esprit qu’en ce qui concerne les télécommunications, tous les opérateurs n'ont peut-être pas les moyens de s'offrir ces super plateformes que l'on nous prédit et, la miniaturisation aidant, les plateformes de taille moyenne gardent leur intérêt.
La taille des satellites dépend des performances des lanceurs. En poussant le raisonnement à son excès, on peut penser que les énormes capacités de lancement d’Ariane 5 ont probablement freiné, en les rendant en quelque sorte superflus, les efforts d'allègement des charges utiles.
 

Février, Ariane 6 s'insérerait dans la gamme pour lancer des charges d'environ 6t en GTO, permettre une plus grande souplesse de calendrier, avoir un coût maîtrisé si possible équivalent à celui payé par le client pour un lancement double d'Ariane 5 et remplacer le Soyouz (à terme) si sa fabrication venait à cesser (nouvelles gammes Angara et Rus-M). Du côté d'Ariane 5, il sera nécessaire de monter en puissance avec une version ME (12 t) pour des satellites plus lourds ou des appariements moins casse-tête. Il faut cependant des décisions fermes de l'Europe, et une re-ventilation des charges du budget lanceurs entre les états.

Juillet, l'ESA confie à Astrium un contrat d’avant projet du lanceur européen de nouvelle génération, le NGL: Next Generation of Launcher. Le contrat, d’une valeur de 8,5 millions d’euros pour une durée de 15 mois, est cofinancé par Astrium à hauteur de 1,5 millions d’euros. Ce contrat va permettre à Astrium d’étudier les concepts les plus prometteurs pour ce lanceur européen de nouvelle génération en y associant 9 pays industriels européens déjà impliqués dans le projet Ariane. Le projet NGL s’inscrit dans le cadre du programme préparatoire de lanceurs futurs (FLPP: Future Launchers Preparatory Programme) de l’ESA. L’objectif principal de cette étude est de fournir l’ensemble des éléments techniques et programmatiques afin de permettre à l’ESA de proposer un dossier de programme préparatoire lors du prochain conseil ministériel. L’ESA et Astrium souhaitent mettre en avant les facteurs de compétitivité à atteindre à l’horizon 2025 en axant principalement sur la fiabilité, la disponibilité et la minimisation des coûts, principalement en exploitation. Il s’agit d’étudier des concepts modulaires devant couvrir la gamme de performance intermédiaire.


Ce projet s’articule autour de 3 volets: la définition du lanceur, les ruptures technologiques à trouver et les coûts associés à ce nouveau lanceur:

- des études conceptuelles d’architectures lanceurs présélectionnées à l’issue de la phase 1 en 2007/2008:

* le concept de lanceur bi-étage dénommé HH (propulsion cryogénique d’Oxygène liquide/ Hydrogène liquide pour l’étage principal et l’étage supérieur). Le moteur principal est un moteur de très forte poussée (HTE: High Thrust Engine) basé soit sur la technologie générateur de gaz identique à Vulcain II, soit sur la technologie de combustion étagée plus performante mais non encore opérationnelle en Europe.

* le concept de lanceur bi-étage dénommé CH (propulsion méthane/oxygène liquide pour l’étage principal et propulsion cryogénique pour l’étage supérieur).

* le concept de lanceur tri-étage dénommé PPH (propulsion solide pour l’étage principal ainsi que le 2ième étage et propulsion cryogénique pour l’étage supérieur).

* s’agissant du moteur cryogénique de l’étage supérieur, il sera dérivé du moteur VINCI développé dans le cadre du programme A5 ME.

* la modularité sera assurée par des boosters solides d’appoint.

- l’identification des ruptures technologiques pour l’ensemble des domaines (propulsion, matériaux, structures, avionique, pyrotechnie…). Ces ruptures devront être appréhendées sous l’angle de leurs performances intrinsèques mais plus encore sous l’angle du coût de possession et leur robustesse au cycle de vie.

- l’établissement des dossiers de coût pour chacun des concepts à la fois pour le développement et la phase de vie d’exploitation


Octobre, l'ESA travaille sur son programme préparatoire des lanceurs futurs. Les successeurs des Ariane 5, qui pourraient voler vers 2025, visent les missions institutionnelles couvrant une plage de performance à partir d’un équivalent à 3 tonnes en orbite géostationnaire (incluant ainsi le segment 4 tonnes en orbite héliosynchrone), jusqu’à un équivalent de près de 8 tonnes en orbite de transfert géostationnaire. Sur la trentaine de concepts de lanceurs à l’étude, l’ESA en a retenu 4 et travaille à préciser la sélection. Parmi les lanceurs retenus, trois sont des concepts de lanceurs bi-étage, un est à trois étages. Ce dernier, dénommé PPH (propulsion solide pour l’étage principal et le 2e étage) utilisera pour l’étage supérieur un moteur cryogénique dérivé du moteur Vinci, développé dans le cadre du programme Ariane 5 ME.

Quant aux concepts bi-étage, deux s’appuient sur une propulsion cryogénique d’oxygène liquide/ hydrogène liquide pour l’étage principal et l’étage supérieur. La différence se fait au niveau de la motorisation principale qui utilise un moteur de très forte poussée (HTE, High Thrust Engine) basé soit sur la technologie de générateur de gaz identique à Vulcain 2, soit sur la technologie de combustion étagée, plus performante mais non encore opérationnelle en Europe.

L’autre concept bi-étage, dénommé CH, utilise une propulsion méthane-oxygène liquide pour l’étage principal et une propulsion cryogénique pour l’étage supérieur. Dans tous les cas, la modularité sera assurée par des boosters solides d’appoint. Autrement dit, il ne s'agit pas de faire évoluer un lanceur ou l'autre de la gamme européenne mais bien d’en préparer un nouveau qui cumulera des technologies existantes et nouvelles qui devront être appréhendées sous l'angle de leurs performances intrinsèques mais plus encore sous l'angle du coût de possession et leur robustesse au cycle de vie.

Chez Arianespace comme au sein de l’Agence spatiale européenne, on remarque que la masse moyenne des satellites tend à se stabiliser autour des 5 tonnes. En définissant une plage de performance de 3 à 8 tonnes, ce lanceur à la configuration modulaire devra avoir une certaine flexibilité dans cette plage de performance. En fonction de la masse du satellite, la configuration du lanceur devra être suffisamment modulable pour s’adapter à la mission. Cette flexibilité sera apportée par des propulseurs d’appoint solides, de sorte qu’en fonction de la masse à lancer, on utilisera plus ou moins de propulseurs. Enfin, l’architecture de ce lanceur sera adaptable, avec une capacité d’évolution facile à mettre en œuvre et qui peut concerner, par exemple, l’augmentation de la poussée d’un moteur ou la taille d’un réservoir. Pour l’industriel comme l’opérateur, il s’agit de ne pas se faire surprendre par une évolution de la masse des satellites après la mise en service du NGL.

Cette stratégie impose d’abandonner le lancement double. Le lancement simple correspond mieux aux besoins du marché pour les charges utiles institutionnelles. De plus, les études d'Arianespace montrent une stabilisation de l’augmentation de la masse moyenne des satellites dans les années à venir. La capacité d’Arianespace à répondre aux besoins du marché n’est pas pour autant menacée. Elle sera même préservée avec « Ariane 5ME, un lanceur en cours de préparation qui utilisera un nouvel étage supérieur (moteur Vinci) et dont la capacité d'emport sera de 12 tonnes de charge utile en GTO. Cette fusée pourra lancer 2 satellites de 5,5 à 6 tonnes. Un premier vol est prévu en 2016 et restera en service au-delà de 2025.

Décembre, Nicolas Sarkozy confirme que "dans le cadre du grand emprunt, nous mettrons 250 millions d'euros pour travailler sur le nouveau lanceur". "Nous allons signer, juste après cette table ronde, le déblocage d'une première somme de 82 millions et demi d'euros pour lancer les premières études sur le successeur d'Ariane 5", a-t-il ajouté. Selon l'Elysée, cette convention signée avec le CNES doit permettre la "réalisation de travaux préparatoires" sur la structure, l'avionique et la propulsion de la future fusée européenne, dont l'entrée en service est programmée à l'horizon 2020-2025.
La loi de finance rectificative de mars 2010 avait attribué un montant de 500 millions d'euros sur les 35 milliards d'euros du grand emprunt au secteur spatial. Outre les 250 millions affectés à l'étude d'"Ariane 6", l'autre moitié de cette enveloppe sera consacrée à des "projets satellitaires innovants".

 

2011

Arianespace mise sur Ariane 6, plus adaptée au marché actuel et décide de mettre Ariane 5 ME "au placard".

Le NGL de l'ESA, Next Generation Launcher étudié dans le cadre du programme FLPP (Future Launchers Preparatory Programme) destiné aux développement de nouveaux lanceurs

Octobre, parmi les 4 propositions de l'ESA, NGL PPH, NGL-HHSC, NGL-HHGG et NGL-CH,  il semble en rester plus que 2 en compétition, le NGL-HHSC tout cryogénique avec nouveau moteur Vulcain d'environ 250 tonnes de poussée et un second équipé du moteur Vinci se trouvant sous la coiffe et le NGL-PPH avec un premier étage a poudre dérivé des EAP d'Ariane 5, le second étage du P80 de VEGA et un étage supérieur avec le moteur Vinci. La seconde proposition serait la moins chère. La nouvelle version d'Ariane aura une capacité de 6-7 tonnes (comme les Ariane 5GS) pour l'orbite de transfert géostationnaire et cette capacité serait utilisée en lancement simple mais pour un coût raisonnable.
Ariane 5 est le lanceur le plus cher du marché et il est "trop cher" pour survivre en lancement simple. L'idée est d'avoir un lanceur d'une capacité équivalente à celle de Proton ou Sea-Launch avec un coût d'exploitation dans le même ordre de grandeur mais sans lancement double. A
vec le Soyouz, l'Europe est bloqué, la Russie ne fournisse que 4 lanceurs par an. Ariane 6 semble couvrir l'ensemble des mission effectuer par Soyouz et par Ariane 5.

Novembre, les allemands sont pour la modernisation d'Ariane 5 plutôt que pour un nouveau lanceur. Cette position est soutenu par l'Allemagne depuis déjà un moment. En effet la modernisation d'Ariane 5 est principalement construit autour du développement de l'ESC-B, ce qui se fera sans doute majoritairement à Brème chez Astrium. De son coté, Arianespace est contre AR5 ME, ainsi qu'une bonne partie d'Astrium "France". Le lancement double sur Ariane est une question de survie. Ariane est chère, très chère même par rapport à la concurrence. En faisant des lancements doubles, Arianespace répercute le coût d'un lancement sur 2 clients et au final chacun d'eux ne paie pas plus cher que s'il avait été chez la concurrence. Un lancement avec Ariane 5ECA (10 tonnes en GTO) coûte 140 millions $, avec Proton (6 tonnes en GTO) 75 millions $ et avec Sea-Launch (6 tonnes en GTO) 85 millions $.
Pour la prochaine génération Ariane, il faudra absolument, si on vise le lancement simple, un lanceur nettement moins cher et tout aussi fiable que les précédentes générations. Sans oublier que ce sont les satellites qui s'adaptent à la capacité orbitale maximale du lanceur et non l'inverse. Pour la simple raison qu'un client veut que son satellite soit opérationnel à une période prédéterminée. A
riane 5, qui est un très beau lanceur a été créé a l'origine pour Hermés, mais pas il n'est pas adapté aux différentes mission qu'on lui demande, la mise à poste d'un seul satellite en GTO ou SSO (trop cher). De plus, il n'est pas modulable.

 

2012

Janvier, le maître d'œuvre du lanceur européen, Astrium juge suicidaire de lancer un modèle totalement nouveau, sans étape intermédiaire. Le projet comporte trop de risques financiers et industriels. Il milite plutôt pour un programme de lanceur de génération intermédiaire. L'Europe doit-elle se lancer dans un programme de nouvelle fusée pour succéder à Ariane 5 ou au contraire passer par une étape intermédiaire, en travaillant sur une évolution du lanceur actuel ? La question pourrait être tranchée en novembre 2012 lors de grande réunion des ministres européens en charge de l'Espace pour définir le carnet de route des quatre prochaines années. A coût identique au lanceur actuel, le lanceur intermédiaire sera capable d'emporter 20% de charge en plus en orbite géostationnaire. Ariane 5 ME pourrait en effet emporter 12 tonnes au lieu des 10 tonnes pour la fusée actuelle. Le coût du programme est de l'ordre de 1,5 milliard d'euros dont près de 300 à 400 millions ont déjà été engagés, pour un premier lancement possible en 2017. Selon Astrium, cette approche a au moins deux vertues. "Ariane 5 ME permettrait d'équilibrer les comptes d'Arianespace sans aucun soutien de la part des pays membres de l'Agence spatiale européenne".

Mai, plus de 100 concepts d'Ariane 6 ont été étudié, le choix se précise et se resserre. La propulsion solide semble tenir la corde avec un concept à deux étages P180 et P110 (+boosters P39), mais aussi une version utilisant des modules identiques P150 ou P135 (3 comme 1er étage et un comme second étage). Dans tous les cas l'étage supérieur est cryogénique. Face à la poudre sont proposés des lanceurs à 1er étage cryogénique LH2/LO2 mais soit en utilisant un moteur Vulcain 2 (H140 et 2 boosters P45 minimum), soit avec un moteur "vulcain 3" sur un étage H165. Là aussi les étages supérieurs sont à moteur Vinci et la capacité maximale est de 8 tonnes en GTO avec 6 boosters. La propulsion principale par hydrocarbure (méthane) semble délaissée.
Les coûts et délais minimum paraissent être la priorité; cela pourrait favoriser un passage à Ariane 6 sans Ariane 5ME, surtout avec l'arrivée de satcoms tout électriques qui modifient les paramètres (Ariane 5 ECA ferait encore l'affaire et Ariane 6 ne signifierait pas forcément l'abandon des lancements doubles).

Août, Ariane 5 assure son 50eme succès consécutif et le record de charge emportée, plus de 10 tonnes. 82 satellites ont été ainsi satellisés. Arianespace considère que la concurrence doit faire ses preuves avac de s'attaquer au marché des Satcoms. Les Chinois n'ont pas encore signé de contrat, Space X n'a envoyé aucun satellite sur orbite. 10 ans sont nécessaire pour développer un lanceur, et l'Europe a peut-être un peu trop tardé pour décider du successeur d’Ariane 5. On évalue des projets. Si l'Europe fait une super Ariane 5, elle risquera de se laisser distancer. Avec Ariane 6, il y a le risque d’avoir des difficultés pour l’introduire sur le marché. De plus, il est difficile d’évaluer les besoins à l’horizon 2020-2040. Un débat qui n’est pas facile à trancher. Le choix doit être fait les 20 et 21 novembre prochains. L'Allemagne propose une version intermédiaire plus puissante baptisée Ariane 5 ME disponible dès 2016, le CNES souhaite le passage direct à une version Ariane 6, prête vers 2025. Cette nouvelle version, conçue au départ pour réduire les coûts de lancements d'environ 20%, serait plus compétitive avec les lanceurs russes, chinois ou indiens futurs ou existants, et notoirement moins coûteux. La ministre de la Recherche, Geneviève Fioraso, en charge de l'espace, estime, pour sa part, qu'il est possible de poursuivre ces deux options en parallèle, malgré les contraintes budgétaires très fortes.

Octobre, la DLA a fait le choix de la version PPH. A priori, ce serait la variante P1B qui l'emporterait avec un premier étage P180 avec boosters P39, un second étage P110 et un étage H31.

Novembre, l’office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) préconise dans un rapport «d’aller le plus vite possible» vers le développement d’un lanceur européen de nouvelle génération, dit «Ariane 6». L’avenir du lanceur européen Ariane sera au cœur de la réunion du Conseil de l’Agence spatiale européenne (ESA) au niveau ministériel, prévue les 20 et 21 novembre à Naples. Le rapport préconise cependant qu’un «projet de développement complet de ce lanceur de nouvelle génération» soit présenté au plus tard en 2014 et qu'à la même échéance soit prise «une décision définitive concernant Ariane 5 ME», afin de ne pas continuer à financer deux projets.
Le rapport de l’Opecst insiste sur la nécessité de préserver durablement l’indépendance d’accès de l’Europe à l’espace. Il aborde par ailleurs la question des débris spatiaux, dont le nombre s’accroit en permanence. «Pourquoi ne pas rendre les mises en orbite payantes ?», s’est interrogée Catherine Procaccia, les fonds ainsi récoltés servant à financer la recherche sur l'élimination des débris.

Le Conseil Ministériel de l'ESA des 20 et 21 novembre se réunit avec pour ordre du jour la poursuite du programme Ariane 5 ME et la décision de compléter les études de choix d'un successeur d'Ariane 5 (NGL) à l'horizon 2025.
Les enjeux sont très importants dans l'attente d'une décision sur le futur lanceur.
- Arianespace souhaite maintenir sa position commerciale répondant aux besoins en évolution dans un environnement de concurrence renforcée
- les états membres de l'ESA , Allemagne, France , Italie en particulier souhaitent répondre aux besoins de lancement institutionnels (sécurité, observation, sciences)
- Les Etats membres souhaitent aussi renforcer leurs industries respectives sans financer le lanceur au delà des coûts de développement
- les industriels souhaitent optimiser l'outil industriel et les processus de décision pour réduire les coûts , les choix conditionnent le maintien , le renforcement ou la suppression d'équipes industrielles dans toute l'Europe.

A l'issue de la réunion, les ministres européens ont approuvé ce principe et appuyé une architecture de référence, dite PPH, à savoir du propergols solide pour les 2 premiers étages et du liquide pour le 3eme. Le marché des lancements double va progressivement ralentir au profit des lancements simples, les charges utiles devenant moins lourdes. La concurrence "à bas coût" va alors croître faisant baisser les cadences de tir du lanceur européen. Un soutien financier sera alors nécessaire de la part des états contributeurs se qui posera à terme la question de la viabilité de la filière. Ariane 6 devrait répondre à cette nouvelle offre avec une cadence de 8 à 9 tirs par an avec une charge unique.

Libe 19 novembre 2012

Une affaire d’un milliard et demi d’euros

Faut-il ou non finir le développement d’Ariane 5 ME (pour «mid-life evolution »), avec le moteur cryogénique Vinci du troisième étage, réallumable? Il permettrait enfin d’obéir à la loi spatiale française en pilotant le suicide dans l’atmosphère du troisième étage après sa mission afin d’éviter de générer un débris dangereux de plus. Et autoriserait des manoeuvres plus agiles lorsque la fusée largue les satellites. Une affaire d’un milliard et demi d’euros. Une capacité d’emport en orbite géostationnaire passant de 10 à 12 tonnes. Et une assurance contre un éventuel retard ou échec dans le programme Ariane 6. Ou, au contraire, faut-il se lancer illico dans une Ariane 6, moins chère mais moins puissante, afin d’en disposer le plus vite possible?

La première stratégie était défendue par le patron d’Astrium, François Auque, qui pense aussi à sa technologie cryogénique (oxygène et hydrogène liquides qui propulsent l’étage principal d’Ariane 5) fabriquée en France. Tandis que Yannick d’Escatha, le patron du Cnes, défendait le développement rapide d’une Ariane 6 moins puissante et à poudre, utilisant la technologie des propulseurs d’appoints d’Ariane 5, de la petite fusée Vega et des missiles. Geneviève Fioraso a fait appel à Jean-Jacques Dordain, le directeur général de l’ESA (l’Agence spatiale européenne), et à Jean-Yves le Gall (le PDG d’Arianespace) pour faire émerger un accord qui sera soumis au conseil des ministres : finir Vinci, qui servira aussi de troisième étage à Ariane 6, et mettre en service cette dernière dès 2021. Une stratégie qui permet de renoncer in fine à Ariane 5ME et de continuer avec l’actuelle Ariane 5, ou d’y recourir si (hypothèse jugée improbable par les ingénieurs du Cnes) le projet Ariane 6 tombait sur un os.

L’avenir d’Ariane devrait être moins prestigieux: calé sur le marché des satellites commerciaux, insiste Geneviève Fioraso, et assurant le tir des satellites gouvernementaux civils et militaires. Avec la petite fusée Vega et Ariane 6, l’Europe pourrait lancer des satellites de 100 kilos à 6 tonnes en orbite géostationnaire, ce qui signe une stratégie modeste. Elle vise surtout l’adaptation aux concurrents russes, chinois et américains dont les coûts sont complètement fictifs, en raison des subventions gouvernementales et militaires massives.

Cette stratégie réaliste suppose de renoncer à fonder la coopération internationale dans les vols habités et l’exploration robotique lointaine du système solaire sur l’apport d’une fusée puissante. Les industriels qui appuient cette dernière conception ne sont pas plus amateurs de science-fiction que les ministres. Ils savent surtout que cette exploration garantit des programmes sur fonds publics pour leurs entreprises. Ce n’est donc pas une raison suffisante pour la justifier.

De leur côté, les Russes et les Américains affichent des projets de fusées lourdes capables de lancer des vaisseaux habités ou automatiques vers une station orbitale – l’actuelle doit durer au moins jusqu’en 2020 – ou des cibles lointaines, comme un astéroïde. Faut-il disposer d’une fusée afin de participer à cette exploration? Ou peut-on se limiter à des contributions scientifiques, des instruments, des briques technologiques compatibles avec les ressources financières que l’Europe y consacre, très inférieures à celles que la Nasa peut mobiliser? C’est la stratégie défendue désormais par Genviève Fioraso. Réaliste ou frileuse? L’histoire jugera.

La version P7C est mise en avant avec 3 ou 4 étages P135 capable de placer 3,5 ou 6,4 tonnes en GTO.

 

 

La Tribune, 21 novembre 2012

Espace : la ministre française Geneviève Fioraso fait décoller Ariane 6

La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, a réussi le tour de force de mettre sur orbite le futur lanceur Ariane 6 face aux réticences allemandes. Elle a toutefois accepté un compromis en validant la poursuite du développement d'Ariane 5 ME, souhaitée par Berlin.

Difficile de départager les partisans d'Ariane 5 ME (Allemagne et les industriels Astrium et Safran) et ceux d'Ariane 6 (France, Agence spatiale européenne et Arianespace) après la conférence ministérielle des 20 Etats membres de l'Agence spatiale européenne (ESA)... Alors, tous gagnants ? Sûrement, mais Paris a toutefois réussi un joli tour de force en imposant dans le calendrier de l'ESA, face à une Allemagne très réticente, le programme Ariane 6. "Avant la ministérielle, l'Allemagne voulait Ariane 5 ME et une forte contribution à la Station spatiale internationale (ISS), explique un très bon observateur du dossier. Après, il y a donc Ariane 6 dotée d'un budget, Ariane 5 ME, qui finalement reste et, enfin, un accord plus équilibré sur l'ISS". Du coup, l'ESA se retrouve avec deux programmes de lanceurs en développement. "Après des discussions intenses, la France et l'Allemagne sont aujourd'hui unies dans une vision commune de l'espace pour les 10 ans à venir, avec des engagements précis, de moyen et long terme", a expliqué le ministère dans un communiqué publié mercredi.

Le mérite de cet accord avec l'Allemagne revient en grande partie à la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, en charge des questions spatiales, qui a su imposer cette décision à Paris - ce qui n'était pas gagné à son arrivée en juin au ministère tant les Français étaient désunis -, puis, avec l'aide du ministre italien, Francesco Profumo, a réussi à convertir Berlin au lancement d'Ariane 6. "Nous avons un texte commun avec nos partenaires allemands, qui s'élargit naturellement à nos autres partenaires d'Ariane", a annoncé mercredi Geneviève Fioraso à la presse. "L'évolution vers Ariane 6 a été actée, avec l'objectif d'un lanceur plus robuste et mieux adapté à l'évolution du marché, tout en optimisant la transition pour garantir les emplois et les compétences industrielles", a précisé le ministère.

Ariane 5 ME puis Ariane 6 doté du moteur Vinci

"Le leadership d'Ariane 5 durant cette période (de transition, ndlr) fera l'objet d'un soin particulier, avec un programme d'évolution adapté et détaillé", a expliqué le ministère. "Des synergies vont être recherchées dans Ariane 5 étape intermédiaire avec un horizon de mise en vol en 2017", a ajouté la ministre, en précisant que la mise en service d'Ariane 6 était "envisagée pour 2021, 2022". Sur une période de deux ans, les deux programmes se partageront un budget de 600 millions d'euros jusqu'en 2014, date à laquelle la prochaine conférence ministérielle aura lieu. Soit un tiers pour Ariane 5 ME, un tiers pour Ariane 6 et un tiers pour les développements communs aux deux lanceurs. Selon nos informations, on s'orienterait pour le futur lanceur modulable vers une configuration PPH avec boosters à propergol solide en nombre variable (deux étages à propergols solides et un troisième étage à propulsion liquide - hydrogène-oxygène). Il serait doté du moteur rallumable Vinci (développé par Safran), commun avec Ariane 5 ME.

En outre, Ariane 5 a une nouvelle fois obtenu une aide pour son exploitation à Kourou dans le prolongement du programme ARTA. Les pays ont souscrit à plus de 90 % à ce programme. Il s'agit d'un élément essentiel couvrant des activités d'échantillonnage et d'essai, l'analyse des vols, le traitement des anomalies et des obsolescences du matériel de vol et une contribution au maintien en conditions opérationnelles (coûts MCO) des installations d'essai au sol Ariane. Enfin, la France a confirmé sa contribution aux programmes satellites Metop (météorologie), Neosat, une nouvelle plateforme pour les satellites télécoms du futur, et a pris un ticket sur le futur programme de navigation (EGEP), qui fera suite à Galileo et Egnos. Paris réaffirme "des engagements qui renforcent la compétitivité de ce secteur d'activité très porteur pour notre pays, a expliqué le ministère. Par ailleurs, les programmes scientifiques, dont les résultats contribuent au rayonnement de la science spatiale française et européenne dans de nombreux domaines (univers, sciences de la terre...), ont été maintenus et amplifiés".

Une contribution totale de 10 milliards d'euros pour l'ESA

L'Europe spatiale s'est dotée d'un budget de 10 milliards d'euros lors de la conférence ministérielle des Etats membres de l'ESA, qui s'est achevée ce mercredi à Naples (Italie), a annoncé son directeur général, Jean-Jacques Dordain. "C'est un gros succès malgré la situation économique", a-t-il estimé au cours d'une conférence de presse. "Cela a été un conseil très difficile, mais un conseil couronné de succès, a-t-il souligné. Il s'agit d'une enveloppe globale, sur une moyenne de trois ans, certains programmes étant plus courts et d'autres plus longs. La somme précise est de 10,119 milliards d'euros". Après l'Union européenne, l'Allemagne est le premier contributeur (2,6 milliards d'euros), suivie de la France (2,3 milliards) et de l'Italie (1,2 milliard). A noter que la Grande-Bretagne a augmenté de 25 % sa contribution par rapport à celle de 2008.

Le directeur général de l'ESA avait proposé un budget de 12 milliards d'euros sur trois ans, mais avait déclaré la semaine dernière qu'il s'estimerait satisfait avec un montant de l'ordre de 10 milliards d'euros, soit un budget stable par rapport au niveau actuel. Ce budget inclut le financement d'une version améliorée du lanceur européen Ariane 5, appelé Ariane 5 ME, qui devrait être opérationnelle en 2017 et préparer le développement d'une nouvelle génération de lanceurs, dite Ariane 6, qui pourrait voler en 2021 ou 2022, un programme que Jean-Jacques Dordain a porté avec la ministre Geneviève Fioraso.

 

 

19 décembre, le CNES et l'ESA présente à la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso, une maquette d'Ariane 6 mais aussi le plan et une vue d'artiste des modifications qui seront faites sur le Centre spatial guyanais pour l'accueillir. Réalisée en impression 3D, elle propose une configuration "PPH" pour le lanceur, c'est à dire avec trois boosters à poudre à l'étage inférieur, un booster à poudre identique au dessus et un étage cryogénique supérieur. Selon Michel Eymard du CNES, c'est la solution la moins chère : réaliser quatre système à poudre identiques permet de réduire les coûts. La concurrence de Space X nous pousse à faire ces développements. Ariane 6 c'est Falcon à l'européenne." L'objectif : des lancements de 7 tonnes de charge utile, à 70 millions d'euros d'ici 7 ans. Le tout pour 4 milliards d'euros, pad de tir compris.

2013

   

Concept ESA d'Ariane 6 et celle du CNES avec Ariane 5 en comparaison

Astrium remporte le contrat ESA pour la conception d'Ariane 6 et la poursuite du développement d'Ariane 5ME". Astrium s'est donné 6 mois pour identifier l'architecture d'Ariane 6 PPH.
Ariane 6 pourra se doter d’un 1er étage avec 2 ou 3 moteurs à propergol solide et ainsi mettre en orbite des satellites plus ou moins lourds
. Ce concept de lanceur multi-P, élaboré avec les partenaires industriels Astrium, Herakles et Snecma, est complètement nouveau. Le 1er vol d’Ariane 6 est prévu en 2021. D’ici là, les ingénieurs vont développer un dernier étage réallumable particulièrement puissant pour faire évoluer la fusée Ariane 5 à l’horizon 2018
et, in fine, équiper la nouvelle fusée européenne Ariane 6 en 2021.
Ce futur lanceur aura une capacité d’emport de 3 à 6,5 tonnes en orbite de transfert géostationnaire et de 4 tonnes en orbite héliosynchrone (SSO). Cette plage de performance a été resserrée. Initialement, les études portaient sur un lanceur capable de lancer jusqu’à 8 tonnes. L’abandon de ces 8 tonnes s’est fait sur des considérations de coûts de développement et d’exploitation, ainsi que sur la vision du marché des lancements de satellites ouverts à la concurrence qu’ont l’ESA et ses partenaires. Cela dit, Ariane 6 gardera un potentiel de performance. Le nombre d'étage, 2 ou 3 n'est pas encore figé. Cela dépendra du chargement des propulseurs à poudre. Parmi les concepts à l’étude, les ingénieurs travaillent sur un lanceur à trois étages avec un premier étage chargé à 180 tonnes et un deuxième à 110 tonnes. Le lanceur sera modulaire, par l'ajout des boosters de 30 à 40 tonnes pour atteindre les 6,5 tonnes en GTO. Cela dit, quelles que soient les configurations retenues, l’étage supérieur sera basé sur le moteur Vinci d’Ariane ME adaptée. En raison d’un objectif de coût d’exploitation du lanceur inférieur à celui d’Ariane 5, Ariane 6 ne sera guère innovante. Pas de case à équipement, l’aménagement des équipements électriques se fera de manière différente sans avoir une structure dédiée comme sur Ariane 5. Le cerveau d’Ariane 6 sera très différent de celui d’Ariane 5 en raison « d’un programme de vol différent, et de l’obsolescence en 2020 des systèmes utilisés sur Ariane 5.

Mai, pour Arianespace, les temps changent. Ariane 5, leader  mondial sur le marché des satellites de télécommunications, qui assure une dizaine de lancements chaque année, devra laisser sa place à Ariane 6 en 2020. Concurrence oblige, l'Europe doit remettre en question son système de lancement pour rester dans la course. Le succès technique et commercial d'Ariane 5 est incontestable, mais, au regard de l'évolution du marché, il reste fragile. La concurrence avec le Proton des Russes, le Zenit des Ukrainiens et, surtout, le très compétitif Falcon 9 des Américains, développé par SpaceX (avec un  prix est presque deux fois moins élevé que celui d”Ariane 5) sont autant de menaces pour la pérennité du lanceur européen. D'ici une décennie, d'autres pays pourraient offrir des systèmes de lancement performants, à l'instar de la Chine aujourd'hui absente du marché commercial pour des raisons politiques), du Brésil, du Japon et de l'Inde dont les lanceurs rencontrent momentanément quelques difficultés sur l'orbite de transfert géostationnaire). Ce qui faisait la force d'Ariane 5, avec son lancement double, pourrait s'avérer à terme une faiblesse. Trouver deux satellites, un gros et un petit, prêts en même temps et compatibles avec les performances du lanceur demeure et demeurera très contraignant. Un défi qu'Arianespace a toujours su relever, mais qui sera de plus dur à réaliser dans l'avenir.
Le marché institutionnel n'est pas de taille suffisante pour assurer une cadence minimale d'Ariane 5. Il représente un lancement par an et s'avère surdimensionné pour des missions de taille réduite. C'est d'ailleurs pour cette raison que Soyouz a été implanté en Guyane. Résultat, le marché institutionnel repose essentiellement sur un lanceur produit hors d'Europe. Le marché commercial des lancements de satellites de télécommunications sur l'orbite de transfert géostationnaire représente lui une vingtaine de contrats par an, dont un tiers (6 à 7)  sont des petits satellites. L'objectif d'Ariane 5 est d'assurer tous les ans leur lancement. Mais, au regard de sa double charge, il est tenu d'embarquer simultanément un gros et un petit satellite. Pour y parvenir, Arianespace devra être très performants sur le secteur des petits satellites pour les attirer quasi tous. Certes, la société a les arguments pour y parvenir: fiabilité, disponibilité, qualité de service...néanmoins, la concurrence risque a l'avenir de prendre des parts de marché sur ce segment. Avec un lanceur double, il y a le risque de ne pas pouvoir répondre à des clients par manque de flexibilité.

Avec Ariane 6, l'Europe va se doter d'un lanceur capable de mettre en orbite, soit un
satellite commercial de 3 à 6,5 tonnes, soit des satellites gouvernementaux plus petits au nombre de 3 à 4 par an, le tout à un prix très compétitif. Ariane 6 sera donc modulaire. Ce lanceur aura la capacité d'assurer les missions réalisées aujourd'hui par Ariane 5 et même Soyouz. Cette flexibilité permettra non seulement davantage de réactivité, mais aussi d'optimiser le service clients en s'adaptant aux éventuelles évolutions des satellites que l'on voit déjà poindre à l'horizon. De plus en plus de satellites bénéficient d'une propulsion électrique, c'est un avantage a court terme pour réaliser des lancements doubles, car le nombre de petits satellites de masse moyenne devrait augmenter sur le marché. La propulsion électrique offre en effet un gain en masse de presque 50% faisant passer certains programmes de 4 à 5 tonnes à 3 tonnes. Cet avantage a aussi un inconvénient pour Ariane 5: les faibles poussée de la propulsion électrique nécessitent une orbite mieux adaptée, plus énergétique, plus haute que les orbites GTO standards. Disposer d'un lancement simple avec Ariane 6 est donc incontournable et répondra mieux aux demandes des clients de la prochaine décennie. Avec un lanceur double, Arianespace risque à l'avenir de ne pas répondre à des clients par manque de flexibilité.

Depuis 2 ans, les grandes lignes du cahier des charges d'Ariane 6 sont définies, 7 ans de développement, 7 tonnes en GTO pour 70 millions d'euros. En 2 ans, pas moins de 120 concepts ont été passé en revue par les ingénieurs de la DLA à Daumesil, à Paris. Le concept retenu, dit PPH permet d'associer la souplesse d'une configuration de base identique au niveau du composite bas avec 3 ou 4 moteurs P135 selon la mission à la puissance et la performance d'un moteur cryogénique adapté de la version Ariane 5 ME. Le Vinci, en développement depuis 15 ans est modulable en poussée et rallumable en vol. Le moteur P135 sera une évolution du P80 de Vega. "D'ici l'été, la configuration sera définie et dès la fin de l'année, l'appel sera lancé auprès des industriels". Au second semestre 2014, la conférence ministérielle au Luxembourg devrait définir les enveloppes budgétaire estimées à 4 milliards d'euros.

L'ESA devra changer d'organisation pour mener à bien la modernisation d'Ariane 5 et passer à Ariane 6. Une nouvelle gouvernance s'imposera avec la mise en place d'un partage de responsabilité entre les industriels et les agences. L'industrie devra devenir un partenaire plutôt qu'un prestataire. La sélection se fera au meilleur rapport qualité-prix. Une fois la production lancé en 2020, il faudra mettre en place un système pour garantir les prix des fournisseurs. Ariane 5 ME, chère aux Allemand assurera la transition avec Ariane 6 dès 2017 avec 12 tonnes de capacité en GTO. Elle sera équipé du moteur Vinci, comme Ariane 6. Quid de l'avenir du lanceur Soyouz en Guyane? Les accords avec les Russes vont jusqu'en 2016.

Nouveau lanceur, nouveau pad de tir. L'ELA 4 sera conçu pour optimiser les coûts d'exploitation et la flexibilité de la mise en oeuvre opérationnelle. Au CSG, le choix définitif du concept devrait intervenir à fin de l'année. Les travaux commenceront en 2014 jusqu'en 2019. Selon le choix du concept PPH seront définis le nombre et la nature des bâtiments à construire. Le site de la Roche Nicole, une ancienne carrière datant de l'ELA 2 est pressenti comme lieu d'installation du pad de tir Ariane 6. En effet, le carneau est réalisé à 70%. La DLA a dans ses cartons 10 concepts de pad de tir avec des études sur des bâtiments dédiés au pré-assemblage des lanceurs assurant la fluidité de l'organisation.
Le CNES et l'ESA a présenté une maquette d'Ariane 6 et le plan d'une des configurations envisageables sur le Centre spatial guyanais. Comme pour Vega, l'assemblage final d'Ariane 6 serait réalisé directement sur le pas de tir (alors qu'Ariane 5 est assemblée dans un bâtiment, puis reçoit les charges utiles et la coiffe dans un autre, avant de rejoindre le pas de tir.) Le BlCl (bâtiment d'intégration du composite inférieur) accueillerait tous les étages à poudre avant qu'ils soient stockés dans le BSE (bâtiment de stockage des composites inférieurs assemblés). Le dernier étage (cryogénique) ainsi que les charges utiles seraient assemblés sur le pas de tir. Deux zones de lancement (ZL4-l et ZL4-2) pourraient être envisagées au regard des fortes cadences attendues (plus de '12 par an) et des objectifs de disponibilité. Elles seraient situées au nord de la zone de lancement d'Ariane 5. L'Usine de propergol de Guyane pourrait être remaniée en profondeur, avec un nouveau procédé de chargement en continu, ainsi que les usines de production d'hydrogène et d'oxygène, renouvelées à terme en fonction des besoins de consommation à la baisse.






Nombre de pas de tirs envisagé: 2. Emplacement (ancienne carrière remplie d'eau qui avait été créée lors de la construction de l'ELA 2), nombre de tirs prévus, 8 à 12, sachant que le lanceur est rentable à partir de douze, méthode d'assemblage (les étages à poudre sont unis à part, puis l'étage cryogénique et la CU sont montés sur le pas de tir).

Concept Ariane 6 CNES La configuration originale du premier étage. Plusieurs concepts de structures d'interfaces entre le premier et le second étage ont été imaginés pour assurer une répartition équilibrée de ces charges. Chacun de ces concepts porte un nom évocateur : jupe, pantalon mais aussi "guèpière". L'un d'entre eux ressemble à trois ogives sur lesquelles vient s'imbriquer une ogive inversée. Un tel concept confère à l'ensemble une bonne tenue mécanique et assure une séparation simultanée des trois propulseurs.

Le groupe de travail sur les lanceurs de l’Académie de l’Air & de l’Espace a remis une lettre au directeur de l'ESA pour lui demander d'arrêter Ariane 6 et de se consacrer au améliorations d'Ariane 5 ME. Ces principaux arguments sont un objectif de coût irréaliste, pas de soutien politique pour le concept PPH et la préférence à donner à la propulsion cryotechnique qui offre de plus une plus grande capacité d'évolution.

 
La Tribune, 5 juin 2013

Espace : le projet Ariane 6 à nouveau sous tension

Selon nos informations, la ministre en charge de l'espace, Geneviève Fioraso, et le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, vont installer le 11 juin un comité de concertation État-industrie, le Cospace. Ce comité aura pour objectif principal d'élaborer des feuilles de routes technologiques pour l'industrie spatiale. Un événement qui va permettre à la ministre de reprendre la main sur le dossier Ariane 6, qui rencontre une nouvelle fois une forte opposition.

Après une petite éclipse, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, reprend la main sur le dossier spatial. Avec le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, elle va installer le 11 juin prochain le comité de concertation État-industrie, le Cospace, à l'image de celui qui existe dans le domaine de la recherche aéronautique civile, le Corac. "Ce comité aura pour objectif principal d'élaborer des feuilles de routes technologiques permettant la convergence des efforts de l'ensemble des acteurs nationaux", avait expliqué fin mars au Sénat Geneviève Fioraso. Il n'est que temps qu'elle revienne aux affaires... du spatial, très souvent animé par des débats idéologiques, qui dérapent en guerre de religion. C'est aujourd'hui un peu le cas avec à nouveau le dossier Ariane 6, qui agite le petit monde spatial. Un dossier qui avait été pourtant déjà pacifié l'été dernier par la ministre lors de la préparation de la conférence ministérielle de l'Agence spatiale européenne (ESA) qui s'est tenue en novembre dernier à Naples.

Mais le feu couvait visiblement encore. Signé par douze anciens hauts responsables dans le domaine spatial, dont Fredrik Engström, un ancien directeur des lanceurs à l'Agence spatiale européenne (ESA) et Yves Sillard, qui a été Délégué général pour l'armement (DGA), la prestigieuse Académie de l'air et de l'espace a adressé le 17 mai dernier un courrier au directeur général de l'ESA, Jean-Jacques Dordain, dans lequel elle expirme de sérieuses inquiétudes sur les "décisions en cours de préparation pour le développement de la nouvelle génération de lanceurs Ariane". Selon l'Académie, "une configuration Ariane 6 de type PPH a été retenue sans prise en considération sérieuse de solutions alternatives. Elle remplace la propulsion liquide par la propulsion solide pour les deux premiers étages du lanceur. Ceci ne revient pas seulement à préjuger du résultat - c'est surtout le mauvais choix". Les auteurs de ce courrier assurent par ailleurs sur la foi d'une analyse préliminaire que "les coûts sont similaires" entre une Ariane 6 utilisant la propulsion solide de type PPH et une Ariane 6 utilisant la propulsion liquide. Les promoteurs, notamment le CNES, du projet Ariane 6 assurent que la propulsion solide est la solution la moins chère.

Une Ariane 6 aurait des conséquences industrielles "irréparables"

Les auteurs de ce courrier estiment également qu'une Ariane 6 basée sur la configuration PPH "n'aura pas la souplesse nécessaire pour desservir à la fois le marché des satellites de télécommunications moyens et celui des satellites lourds". Et de regretter "l'idée d'éliminer a priori les lancements doubles dans les objectifs de conception". Selon eux, c'est "pour le moins surprenant quand on connait les économies drastiques générées par cette possibilité, sans parler du fait que tous les concurrents d'Arianespace entreprennent des développements dans ce sens. Le bouleversement de l'industrie européenne des lanceurs qui résulterait du développement d'Ariane 6 sur la base d'une configuration PPH serait irréparable". Car "il serait extrêmement difficile de maintenir le caractère européen d'un tel programme et de rassembler autour de lui un large support des Etats membres".

Clairement, les auteurs du courrier redoutent que l'Allemagne ne monte pas à bord in fine d'Ariane 6. Pourquoi ? Parce que les Allemands ont développé un savoir-faire dans la propulsion liquide, rappelle un observateur fin connaisseur des affaires spatiales. Cette compétence permet à Berlin de revendiquer un tiers de la charge de travail environ de la filière lanceur en Europe. C'est pour cela que l'Académie de l'air et de l'espace réclame "de toute urgence" la réouverture des "études de configuration d'Ariane 6". "Les études actuelles d'Ariane 6 ne répondent pas aux questions qui se posent au niveau technique et au niveau du programme. Un projet Ariane 6 véritablement européen avec un financement européen nécessite un accord politique entre les Etats", expliquent-ils.

Un débat déjà tranché par Geneviève Fioraso

En plein coeur de l'été 2012, Geneviève Fioraso avait réussi à remettre les industriels (Astrium et Safran) et le CNES, qui divergeaient gravement sur l'avenir de la filière lanceur, autour d'une table pour partir unis à la conférence ministérielle de l'ESA à Naples. "C'était ma condition. Si on y allait en ordre dispersé, on s'affaiblissait", avait-elle alors expliqué à La Tribune. Notamment face aux Allemands. Elle était finalement parvenue à arracher un accord aux industriels et au CNES avant de partir à Naples. A la conférence ministérielle de l'ESA, Paris avait ainsi réussi un joli tour de force en imposant dans le calendrier de l'ESA, face à une Allemagne très réticente, le programme Ariane 6. "Avant la ministérielle, l'Allemagne voulait Ariane 5 ME et une forte contribution à la Station spatiale internationale (ISS), expliquait un très bon observateur du dossier. Après, il y a Ariane 6 dotée d'un budget, Ariane 5 ME, qui reste et, enfin, un accord plus équilibré sur l'ISS". Du coup, l'ESA se retrouve avec deux programmes lanceurs en développement. "Après des discussions intenses, la France et l'Allemagne sont aujourd'hui unies dans une vision commune de l'espace pour les 10 ans à venir, avec des engagements précis, de moyen et long terme", avait expliqué le ministère dans un communiqué.

Après la ministérielle, Geneviève Fioraso n'a pas lâché les industriels. La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a institué des rendez-vous réguliers avec le CNES et les industriels du spatial afin de fluidifier les relations entre les grands patrons de cette filière. Elle a également demandé aux industriels de travailler sur une feuille de route pour Ariane 6. C'est dans ce contexte qu'elle avait convié le 10 décembre au ministère pour un déjeuner les grands patrons du CNES et des principaux industriels de la filière spatiale (Astrium, Safran, Thales Alenia Space, Air Liquide et Arianespace) pour échanger sur les résultats de Naples et établir la feuille de route jusqu'au prochain conseil ministériel de 2014. Elle souhaitait instituer des rendez-vous réguliers tous les semestres environ avec les mêmes participants. Elle les verra à nouveau le 11 juin.

Création du Cospace

Pour relever les défis industriels dans le domaine spatial, Geneviève Fioraso a décidé avec l'accord du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, "d'instituer un comité de concertation État-industrie, le Cospace, à l'image de celui qui existe dans le domaine de la recherche aéronautique civile, le Corac". Une idée qui avait été lancée par son prédécesseur, Laurent Wauquiez, qui préconisait la création d'un comité de concertation de la politique spatiale. Il verra finalement le jour sous la responsabilité de Geneviève Fioraso. Elle a rappelé lors de son discours "à quel point l'espace représente un objectif stratégique pour la France et pour l'Europe, du fait des enjeux de défense et de sécurité qu'il recouvre et de la diversité de ses applications. Ces dernières concernent de nombreux secteurs de la vie du pays, qu'il s'agisse de l'observation de la Terre et de l'environnement, des télécommunications ou encore du triptyque : localisation, navigation, datation par satellite". Et de souligner que "l'espace est à la fois un outil de développement économique et une composante essentielle de l'autonomie de décision et d'action de la France et de l'Europe".

Face au "retour en force" de l'industrie américaine dans le domaine des télécommunications que dans celui des lancements associés "mais aussi, à terme plus ou moins rapproché, des pays émergents", le Cospace devrait permettre de resserrer les liens entre les industriels et l'Etat. Car, selon elle, "la politique spatiale française doit pouvoir s'appuyer sur des capacités industrielles nationales techniquement performantes et compétitives. Le modèle économique de notre industrie repose notamment sur une présence importante du secteur commercial, ce qui conditionne les emplois". Mais aujourd'hui, Geneviève Fioraso pourrait avoir l'impression d'avoir reculé de plusieurs cases avec le courrier de l'Académie de l'air et de l'espace.

 

Juillet, La configuration d'Ariane 6 serait décidée, avec "3 boosters en ligne" (et pas le "fagot"). Le choix s'est porté sur la configuration en ligne (Multi P Linear) du premier étage avec des 3 P135. Ariane 6 doit pouvoir lancer des satellites de 3 à 6,5 tonnes en GTO. Prochaine étape en octobre avec les réponses des industriels.

   

Choix de l'ESA et du CNES

 
La tribune, 9 juillet 2013

La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, en charge de l'espace, Geneviève Fioraso, dévoile ce mardi en présence du président du CNES Jean-Yves Le Gall, la configuration retenue pour Ariane 6, le futur lanceur low cost européen. Car l'Europe veut à tout prix calquer le modèle économique d'Ariane 6 sur celui développé par SpaceX pour Falcon 9, à la différence que ce dernier bénéficie d'énormes subventions de la Nasa.

Pour l'Agence spatiale européenne (ESA) et le Centre national d'études spatiales (CNES), le lanceur américain Falcon 9, développé par SpaceX et surtout par la Nasa, est un cauchemar, qui a hanté ces derniers mois les nuits et les jours des responsables de la filière spatiale européenne. Un cauchemar en passe d'ailleurs de devenir un modèle pour l'Europe spatiale, qui souhaite à tout prix calquer l'organisation économique d'Ariane 6 sur celle développée par SpaceX pour le lanceur américain Falcon 9... qui est pourtant complètement biaisée par les énormes subventions de la Nasa.

C'est le nouveau patron d'Arianespace, Stéphane Israël, qui a vendu la mèche lors d'une conférence de presse au salon aéronautique du Bourget (17-23 juin). Selon ce dernier, qui s'appuyait sur un rapport secret, le coût de revient de Falcon 9 s'élève à 140 millions d'euros mais SpaceX du célèbre milliardaire Elon Musk propose un prix de lancement à... 50 millions de dollars. Un modèle économique complètement bancal, qui n'est donc possible que par le soutien inconditionnel et pérenne de la Nasa. Un modèle pas si vertueux que cela et qui finalement fausse la concurrence.

Fondateur d'une nouvelle Europe spatiale

Et c'est pourtant sur ce modèle économique sur lequel l'Europe veut s'appuyer... mais sans les subventions de l'Europe, qui sera finalement plus vertueuse (mais à quel prix ?) que les Etats-Unis. Du coup, l'expression à la mode chez les responsables européen du spatial, c'est le concept "cost driven" décliné sur tous les tons. Ce sera le modèle "fondateur d'une nouvelle Europe spatiale", a assuré lors du salon du Bourget le président du CNES, Jean-Yves Le Gall. Cela veut surtout dire que la la filière spatiale européenne, qui emploie environ 10.000 personnes, va être passée à une paille de fer très décapante. Objectif, faire reculer les coûts opérationnels de 40 % par rapport à Ariane 5, ce qui est "ambitieux", fait-on valoir au CNES. Le coût de développement du lanceur est quant à lui estimé à 4 milliards d'euros, en incluant les coûts de management et 20 % de marges liées aux éventuels aléas.

Ce sera donc une Ariane 6 dite PPH avec quatre boosters à propergol solide en nombre variable (deux étages à propergols solides - à poudre - et le moteur Vinci pour le troisième étage à propulsion liquide - hydrogène-oxygène). Selon le patron de la direction des lanceurs du CNES, Michel Eymard, cité dans CNES Mag, "le concept le plus prometteur comporte quatre moteurs identiques P135 au niveau du composite inférieur, permettant de bénéficier  d'une cadence exceptionnelle". Objectif, assurer une cadence d'au moins 12 lancements par an "afin de trouver un cycle d'exploitation vertueux, sans soutien financier des Etats".

Débat au sein de la communauté spatiale

Un choix qui fait d'alleurs débat au sein de la communauté spatiale. La prestigieuse Académie de l'air et de l'espace a adressé le 17 mai dernier un courrier au directeur général de l'ESA, Jean-Jacques Dordain, dans lequel elle exprime de sérieuses inquiétudes sur les "décisions en cours de préparation pour le développement de la nouvelle génération de lanceurs Ariane". "une configuration Ariane 6 de type PPH a été retenue sans prise en considération sérieuse de solutions alternatives, explique-t-elle. Elle remplace la propulsion liquide par la propulsion solide pour les deux premiers étages du lanceur. Ceci ne revient pas seulement à préjuger du résultat - c'est surtout le mauvais choix". Réponse de Jean-Yves Le Gall : "la solution PPH n'est pas tombée du ciel. Elle a été choisie parmi une "short list" de 130 versions différentes. Si on veut réduire le coût d'exploitation d'Ariane 6, c'est elle qui tient la corde d'assez loin.".

Réduire les coûts, c'est réduire l'emploi partout

Le CNES veut proposer un lancement Ariane 6 à 70 millions d'euros pour une charge utile pesant jusqu'à sept tonnes, contre 150/160 millions pour Ariane 5 dans le cadre d'un lancement double. "Nous avons repris les fondamentaux de SpaceX (la société qui fabrique le lanceur Falcon 9, ndlr), souligne-t-on au CNES. On va rationaliser la production qui sera concentrée sur quelques sites". Comment ? L'ESA souhaite impulser un processus de mise en compétition des industriels européens afin de sélectionner ses partenaires "au meilleur rapport qualité-prix", explique le directeur des lanceurs de l'ESA, Antonio Fabrizi dans CNES Mag. Chez Astrium, on réfléchit ainsi à localiser la quasi totalité de la réalisation d'Ariane 6 sur un site unique, c'est-à-dire aux Mureaux (à l'exception des pièces primaires). L'intégration finale s'effectuerait à Kourou. "Réduire les coûts, c'est réduire l'emploi chez tout le monde, y compris dans les agences qui ne bougent pas", explique un grand patron de la filière.

De toute façon, expliquait le président d'Astrium Space Transportation, Alain Charmeau, au salon du Bourget, "à 100 millions, on ne vendra pas d'Ariane 6 et de préciser que pour l'emploi c'est catastrophique". Et e préciser que "s'il faut réduire les coûts d'Ariane de 40 %, à nombre de lanceurs égal, il faudra réduire aussi le nombre de personnes, dans la mesure où la main d'?uvre représente plus de 80 % des coûts dans notre industrie. Tout l'enjeu pour nous est d'arriver à construire avec nos partenaires industriels un lanceur suffisamment compétitif pour faire quinze à seize lancements par an au lieu de six actuellement avec Ariane 5".

Les Etats-Unis ont-ils réussi à tuer l'innovation dans le spatial en Europe ?

Et pour l'innovation ? C'est sûr que le "cost driven" ne le favorise pas. Et l'Europe est bien loin du concept "Technology driven" qui avait pourtant prévalu pour le développement d'Ariane 5. "Pour être compétitif et ne pas pas dépasser 70 millions d'euros par lancement, la solution n'est pas que technologique", rappelle Antonio Fabrizi. Les Etats-Unis, qui ont en outre développé les familles de lanceurs Atlas 5 et Delta 4, ont-ils tué l'innovation dans le spatial en Europe ? Non, estime-t-on dans l'entourage de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, en charge de l'espace, Geneviève Fioraso : "on peut faire de l'innovation à moindre coût". Au CNES, on assure que de nombreuses innovations ont été introduites sur le concept Ariane 6, avec notamment une nouvelle avionique ainsi que la miniaturisation et le développement de la puissance de calcul.

Et  Geneviève Fioraso, veut aller vite pour concurrencer au plus vite Falcon 9.  "Le plus vite possible", avait-elle expliqué au salon du Bourget. Soit gagner quelques mois sur le premier tir qui était prévu en 2021. Pourquoi pas en 2020 ? Mais d'ici là, la France devra convaincre Berlin de l'utilité pour l'Allemagne de lancer le programme Ariane 6... Un soutien qui devra passer par de la charge de travail aux sites outre-Rhin. La nouvelle organisation industrielle et les règles de gouvernance seront au coeur des enjeux de la prochaine conférence ministérielle des pays membres de l'ESA qui aura lieu en 2014 à Luxembourg.

 

 

 

Médiapart

L'imposture d'Ariane 6 , saborder Ariane 5

L'ESA sous la pression du gouvernement français et du lobby nucléaire s'apprête à annoncer d'ici fin juillet l'architecture d'Ariane 6 ;  main basse du Nuke Power sur l'espace civil. Peu importe qu'un tel projet ne réponde pas aux besoins futurs , pourvu qu'il permette de capter des milliards d'euros au profit du complexe militaro industriel nucléaire. Et s'il faut saborder Ariane 5 , le meilleur lanceur au monde avec 55 succès d'affilée , il sera sabordé en interdisant sa modernisation pourtant largement engagée dans le programme A5ME qu'ils étrangleront. Et s'il faut sacrifier la filière française de la propulsion civile liquide cryogénique, une des meilleures au monde, elle sera bradée à l'Allemagne en échange de son acceptation d'un lanceur européen contribuant à l'effort nucléaire militaire.

Le programme de lanceurs européen est désormais sous la pression directe du lobby. La raison et la rationalité qui fonde l'action des ingénieurs et les scientifiques semblent submergées par l'acharnement du lobby. Les ingénieurs ont alerte sans succès depuis des mois sur la précipitation qui prévaut conduisant à bâcler les études d'Ariane 6 pour éviter de révéler au grand jour que ce projet est destiné à une prise de contrôle par le Nuke Power et non à préparer en bon ordre la relève d'Ariane 5 .

Les mois qui viennent devraient être déterminants pour Ariane 5 et l´espace civil français dont le sort est désormais entre les mains des gouvernements français , allemands et italiens qui  disposent  des impôts des citoyens . Céderont-ils au lobby nucléaire en sabordant Ariane 5 en plein succès au profit  du  projet Ariane 6 vicie par les interets militaros industriels ou remettront - ils de l'ordre et de la raison dans le spatial européen qui mérite mieux qu'un saccage. Le président Hollande , son premier ministre , la ministre de la recherche Genevieve Fioraso ont encore la possibilité de corriger la trajectoire d'Ariane , s'ils en ont le courage....

 

 

Futura Sciences,

L'Agence spatiale européenne dévoile la future Ariane 6

Le lanceur qui succédera à l’actuelle Ariane 5 aura pour partie basse une déclinaison plus puissante des boosters de Vega et pour partie haute l'étage Vinci. Les premiers vols sont prévus à l’horizon 2020, et cette nouvelle Ariane garantira un accès autonome de l’Europe à l’espace sur le long terme.

Après plus de 600 concepts de lanceurs du futur et une short list de 130 versions différentes à l’étude, l’Agence spatiale européenne a dévoilé la configuration définitive d’Ariane 6, le lanceur qui doit succéder à Ariane 5 à l’horizon 2020. L’Esa a opté pour la version dite PPH, un lanceur comprenant deux étages à propulsion solide (P) surmontés d’un étage à propulsion cryotechnique (H).

Ce concept a été sélectionné au terme de six mois d’études d’arbitrage réalisées dans le cadre d’un plateau-projet intégrant les équipes industrielles (Astrium, Avio, Herakles, ainsi que la participation de Safran, MT Aerospace et d’autres encore) qui ont travaillé sous contrat avec l’Esa, conformément aux décisions ministérielles prises lors de la session du Conseil au niveau ministériel qui s'est tenu à Naples, en novembre dernier

Le concept définitif d’Ariane 6 : le premier étage est formé par trois propulseurs à propergol solide installés en ligne. Un unique propulseur, de même type, constitue le deuxième étage (là où se trouve le logo de l'Esa sur ce dessin). Le troisième étage est, lui, à propulsion cryotechnique. © D. Ducros, Esa

La configuration retenue est celle d’une Ariane 6 « Multi P en ligne » (multipropulseur). Haut de 50,6 mètres, ce lanceur à trois étages est constitué d’un premier étage à trois propulseurs identiques à propergol solide de 135 tonnes de chargement, et d’un deuxième étage constitué d’un propulseur unique identique à ceux du premier étage, et de la même capacité. Quant au troisième étage, il s’agit d’un étage cryotechnique réallumable équipé du moteur Vinci, développé dans le cadre du programme Ariane 5 ME.

Changement de paradigme d’Ariane 5 vers Ariane 6

Résultat : avec une masse au décollage de quelque 660 tonnes et une poussée de 7.500 kN (soit 750 tonnes), ce lanceur pourra amener de 3 à 6,5 tonnes en orbite de transfert géostationnaire, en orbite basse, en orbite héliosynchrone et en orbites basses dites institutionnelles pour la science et l’observation de la Terre. Autrement dit, on abandonne le lancement double et on retourne au lancement simple, plus en phase avec les besoins institutionnels de l’Europe.

Autres données intéressantes, ce futur lanceur sera adapté pour les satellites à propulsion électrique, et sa coiffe aura le même volume utilisable que celui d’Ariane 5.

Cette stratégie d’un lanceur avec quatre boosters identiques (une évolution de l’actuel P80 du lanceur Vega) a pour but de réduire les coûts et les délais de développement, mais surtout de les construire à la chaîne, ce qui va jouer sur le prix du lanceur. L’objectif de l’Esa est d’arriver à un coût par lancement de 70 millions d’euros et une cadence de 10 à 15 lancements par an. Cette approche de développement diffère de celle qui a mené à Ariane 5. À l’époque, le besoin était de développer l’industrie spatiale européenne pour qu’elle devienne ce qu’elle est aujourd’hui, une référence au niveau mondial (techno driven). Avec Ariane 6, les coûts d’utilisation et de développement sont les critères principaux, d’où le choix d’un lanceur cost driven, dans lequel la solution est moins centrée sur une nouvelle technologique, mais met l’accent sur l’utilisation et l’adaptation de technologies existantes.

Astrium, maître d’œuvre potentiel pour Ariane 6 ?

Enfin, derniers points à régler, les choix du constructeur du lanceur et de l’organisation industrielle d’un programme estimé entre 2,5 et 3,5 milliards d’euros. Ces deux décisions sont attendues en juin 2014, mais compte tenu du sans-faute d’Astrium, maître d'œuvre unique du système Ariane 5 depuis le lancement du 22e lanceur de production (V170, en mars 2006), il est fort probable qu’il soit également choisi pour cette nouvelle étape de la conquête spatiale européenne.

Rappelons qu’Ariane 5 affiche un total de 69 lancements, une série en cours de 54 succès consécutifs et un record de performance de plus de dix tonnes en orbite de transfert géostationnaire.

L'Allemagne, selon les propos de Johann-Dietrich Woerner qui est à la tête de l'agence spatiale nationale (DLR), ... fait de la résistance !

Il évoque, entre autres :
- les problèmes environnementaux liés à la pollution de la haute atmosphère.
- le risque de vibration de second étage à poudre sur l'intégrité des charges utiles sensibles.
- la capacité limitée à 6500 kg insuffisante pour les futures missions dans la système solaire (et lunaire) impliquant une dépendance aux lanceurs US.
- l'incapacité aussi pour lancer le MPCV Orion dont l'ESA fournira pourtant le module de service.
- et probablement la fin des espoirs d'envoyer un jour des astronautes européens dans un lanceur européen !

 

Octobre, Astrium reçoit de l'ESA 3 contrats pour faire évoluer la famille Ariane pour un montant de 414 millions d'euros.

Les deux premiers contrats prévoient, jusqu'à fin 2014, la poursuite du développement du lanceur Ariane 5 Midlife Evolution (ME) et des sous-ensembles communs avec le lanceur Ariane 6", soit respectivement 106 millions et 278 millions d'euros. Le 3e contrat va permettre de débuter les études de développement du lanceur Ariane 6 sur la base du concept sélectionné en juillet 2013. Astrium va maintenant poursuivre les études de définition et de faisabilité d'Ariane 6. Ces études doivent préciser le concept et l'architecture retenus pour le lanceur et elles permettront de figer les principales caractéristiques du lanceur avant la mise en œuvre, en 2014, de son développement industriel". "Ces trois contrats vont permettre aux équipes d'Astrium de poursuivre le travail déjà accompli sur le développement d'Ariane 5 ME, ainsi que sur l'étude de faisabilité d'Ariane 6, dont le design est désormais arrêté »

Pour le président du CNES, Jean-Yves le Gall, Ariane 6 sera mise en service "au mieux dans sept ans". "Le premier vol est prévu en 2019" La prochaine conférence des ministres en charge de l'espace des pays membres de l'ESA, le 3 décembre 2014 au Luxembourg, devrait déboucher sur un accord global. "Tant qu'il n'y a pas d'accord sur tout, il n'y a d'accord sur rien" Sous-entendu qu'entre l'Allemagne et le France, il y aurait un "deal" sur la station spatiale internationale et Ariane 6. L'ESA a retenu en juillet l'architecture d'Ariane 6, avec quatre moteurs identiques à carburant solide (poudre), et le moteur réallumable Vinci, carburant à l'oxygène et l'hydrogène liquide. L'agence européenne veut avec Ariane 6 disposer d'un lanceur compétitif qui permette à l'industrie européenne de continuer à capter plus de la moitié des lancements commerciaux de satellites dans le monde, malgré l'émergence d'un nouveau concurrent américain, SpaceX, qui a fait, selon Jean-Yves Le Gall, "des progrès". Pour Astrium, 2019 est un délai trop court, 2021 serait plus judicieux.

"Si le vrai développement d'Ariane 6 est décidé fin 2014, ça veut dire que l'industrie démarrera à peu près un an après. C'est le temps qu'il faut habituellement aux agences (spatiales européennes) pour notifier les contrats, ça veut dire qu'il faudrait faire le lanceur en quatre ans!" Actuellement, il faut 3 ans pour produire une Ariane 5.
L'ESA a également décidé de doter Ariane 5 d'une version ME (Midlife Evolution), attendue en 2018, qui va augmenter la capacité d'emport du lanceur et le doter d'un moteur réallumable qui permet de mettre successivement plusieurs satellites sur des orbites différentes. Ariane 6 et Ariane 5 ME sont donc appelées à cohabiter longtemps. Astrium souhaite se voir confier rapidement "l'autorité technique et industrielle" du programme Ariane 6, "de façon à faire rapidement les bons choix sur les matériaux, les processus de fabrication et l'alimentation en composants" Le numéro un de l'industrie spatiale européenne propose de regrouper l'intégration du nouveau lanceur en France, sur son site des Mureaux (Yvelines). La fabrication de l'étage supérieur de la fusée resterait dans l'usine de Brême, en Allemagne. Eviter les étapes d'intégration intermédiaire avant l'assemblage, actuellement pratiquées pour la fabrication d'Ariane 5, permettrait de réduire le nombre de contrats entre partenaires industriels, source de retards et de complications administratives.

Novembre, les études sur le nouveau site de lancement d'Ariane 6, ELA 4 sont en cours. La nouvelle base pour le lancement d’Ariane 6 se situera à 4 km de celle d’Ariane 5. Un parc de 200 hectares a été désigné entre Kourou et Sinnamary au niveau de la savane Karouabo. Sa particularité de ce lieu est d’être constitué d’un socle granitaire indispensable pour de tels travaux.
Des études écologiques et géologiques sont actuellement réalisées pour mesurer les impacts d’une telle activité sur l’écosystème. Elles permettront également d’éviter les erreurs du passé. L’exemple le plus récent est celui des travaux de terrassement du pas de tir de Soyouz. Des vestiges amérindiens et des plantes non répertoriées avaient été découverts. Les résultats de ces études vont être présentés aux autorités mais aussi au public.

 

DEVELOPPEMENT ARIANE 6, 2014