LES VOLS SOYOUZ 1967-1970
C'est sous le nom de SOYOUZ, qui signifie Union en russe que les soviétiques lancent le 23 avril 1967 un nouveau vaisseau cosmique. Il est 0 h 35 mn quand de Baikonour s'élève une fusée de type A2 Vostok avec un nouveau troisième étage. A bord du vaisseau baptisé Roubine, un cosmonaute, Vladimir Komarov dont c'est le second vol. Depuis quelques temps, les occidentaux s'attendaient à un lancement de vaisseau habité. Premièrement, le dernier vol habité soviétique remonte à 1965 avec Voskhod 2. Les américains ont réalisé entre temps 12 missions Gemini avec des vols de longue durée, des sorties d'astronautes dans l'espace et des RV avec des cibles. il était prévu un vol Voskhod 3 de 14 jours mais il a été annulé. Pendant cette pause, les occidentaux scrutent le ciel pour essayer de trouver parmi les dizaines de vaisseau lancés sous l'étiquette Cosmos, celui qui annonce le test d'un nouveau vaisseau. Les vaisseaux Vostok et Voskhod sont lancés sur des orbites inclinée à 65° sur l'équateur. Mais des lancements sont aussi réalisé sur des orbites à 51,8°, notamment Cosmos 110, un Cosmos biologique ce qui permet d'augmenter la charge utile. Cosmos 133 est lancé en novembre 1966 sur une orbite 181-233 km et récupéré deux jours après. Cosmos 140 suit sur une orbite 170-241 km. Cosmos 139 lui tente une récupération sans succès. Cosmos 146 et 154 lancé dans le cadre du programme Zond conclurent les essais. De plus, de nombreux "Cosmos" sont lancé entre le 1er janvier et le 15 avril, 18 au total contre 36 pour 1966. Enfin, la seconde quinzaine d'avril est propice à un tel lancement avec des dates "clef" le 22, anniversaire de la naissance de Lenine, le 24 ouverture de la conférence de Karlovy Vary et le 1er mai, la grande fête du travail. Il apparaît que les soviétiques vont tenter un grand coup, après l'accident d'Apollo 1 qui permettra de donner une longueur d'avance dans la course à la lune. Deux vaisseaux seraient lancés pilotés par Komarov et Bykovsky et s'amarreraient ensemble afin que les cosmonautes passent dans l'autre vaisseau. L'orbite du vaisseau est quasi circulaire à 201-224 km, le programme prévoit de tester le vaisseau, de réaliser des expériences scientifiques et médicale sur le cosmonaute. Pourtant le vol parait bizzare aux "grandes oreilles" occidentales. il se passerait quelque chose la haut. Alors que sur les vols passés, les communiqués étaient abondant avec 10 papier par jour, on ne reçoit cette fois ci que deux communiqués en tout de l'agence Tass à 6 et 8 h:"Tout va bien". Dans l'après midi, les liaisons sont coupées avec le vaisseau entre 14 et 20 h, le Soyouz n'est plus en liaison directe avec les stations de poursuite. 22 h 30, les liaisons sont rétablies mais il n'y a aucun communiqué de l'agence Tass. Radio Moscou qui en régle générale cesse ses émissions après 24 h, continue d'émettre, mais sans donner des nouvelles de Komarov, l'attente est longue. 4 h 15, enfin, on annonce qu'à 2 h 50, "tout allait bien". Pourtant à bord, Komarov n'arrive pas à déployer le second panneau solaire du vaisseau, pénalisant l'énergie électrique de bord. Le vaisseau n'est pas contrôlable en vol, le cosmonaute n'arrive pas à l'orienter correctement. On envisage après le lancement du second Soyouz que Bykovsky sorte dans l'espace pour la déployer manuellement. Au sol, les responsables annulent le lancement de Soyouz 2 et décident de faire rentrer Komarov au plus vite. 24 avril, on apprend la tragique nouvelle: le cosmonaute Komarov est mort à l'atterrissage de son vaisseau , à l'issue de la 19eme révolution. Par la suite, on apprend que Komarov a connu
quelques problèmes pour stabiliser son vaisseau à l'issue de la 16eme
révolution qui aurait échoué. Komarov a alors tenté d'atterrir à la 19eme
révolution, mais le Soyouz s'est mis à tourner sur lui même, ce qui aurait
provoquer à 7000 m d'altitude la mise en torche de ses parachutes de secours,
le principal étant resté coincé dans son container déformé par la chaleur
de la rentrée.
Vladimir Komarov a été incinéré le jour même et ses cendres transportées à Moscou. Le drame est très durement ressenti en URSS.
Les spécialistes estiment toutefois qu'il ne remet pas en cause l'avenir du
nouveau Soyouz. Le rapport d'enquête sur l'accident montre que le parachute
principal n'a pas pu sorti de son container à cause de sa forme elliptique et
de son petit volume gênant son déploiement. En mai, la commission d'enquête décide de modifier le système parachute et décide de refaire l'expérience de RV avec un nouvel équipage. De nouveaux tests sont réalisés dans le cadre du programme Cosmos et en septembre 1967, Cosmos 177 donne entière satisfaction. La coupure a duré 6 mois. Le 27 octobre, Cosmos 186 est lancé sur une orbite 209-235 km. Le 30, Cosmos 188 est lancé et réalise le premier RV entre deux vaisseaux inhabités. Les deux engins restent arrimés 3 h 30 mn puis se séparent et rentrent sur Terre. Des images (limitées) sont prises et montrés au public faisant voir un vaisseau en forme de cylindre et ses ailes solaires. Des dessins sont réalisés. Le 15 avril 1968, Cosmos 212 et Cosmos 213
réalisent un nouveau rendez-vous automatique et restent amarrés 3 h 50 mn
avant de se séparer et de rentrer sur Terre. Le 25 octobre, Soyouz 2 est lancé de
Baikonour inhabité sur une orbite à 185-224 km. C'est la première utilisation de la
plateforme 31 de Baikonour pour un Soyouz. Le lendemain, Soyouz 3
est lancé à 8 h 24 de Baikonour avec à son bord Gheorgui Beregovoy.
Soyouz 3 gagne une orbite 205-225 km. Le vaisseau doit réaliser un RV avec
Soyouz 2 à 200 m l'un de l'autre le 27. Soyouz 3 sur son pad est la première photo du lanceur montrée au public. Le succès de la mission de Soyouz 3 redonne confiance aux soviétiques pour la conquête de la lune.
10 semaines après, un nouveau Soyouz est
lancé le 14 janvier 1969 à 7 h 39 TU de Baikonour avec un cosmonaute à bord
Vladimir Chatalov. Le 15, Soyouz 5 est lancé à 7 h 14 TU avec trois
cosmonautes à bord Boris V Volynov, Alexeï
S
Yeliseyev et Yevgeni V Khrounov. Le 16, à la 32eme révolution, les deux vaisseaux s'amarrent. Il est 7 h 37 heure de Moscou, Soyouz 4 est le vaisseau équipé de la sonde "male" Shtir, Soyouz 5 est simplement équipé du cône récepteur "femelle" Konus. Les deux vaisseaux se faisant plus qu'un grand complexe de 12924 kg volant à 209-250 km d'altitude. Première opération, à l'image d'Apollo 9 le changement d'équipage par une sortie dans l'espace. A la 35eme orbite, Volynov prend en main le complexe Soyouz 4 et 5 et vêtu de leur scaphandre les cosmonautes Khrounov et Elliseiv sortent du compartiment orbital de Soyouz 5 et gagnent par dehors Soyouz 4, en 37 mn. La télévision soviétique retransmet en direct les préparations de Elisseïev et de Khrounov pour leur sortie. Le commandant Volynov les aide à revêtir leur combinaison "Yastreb" dans le module orbital de Soyouz 5. Volynov vérifie les systèmes vitaux et de communication et retourne dans le module de descente de Soyouz 5, referme la trappe et dépressurise le module orbital. Khrounov sort le premier et va directement au module orbital de Soyouz 4, au dessus de l'Amérique du Sud. Elisseïev va à son tour à bord de Soyouz 5, alors que l'Union Soviétique est survolée. Ils ferment la trappe extérieure et le commandant Chatalov re pressurise le module orbital de Soyouz 4 et aide Khrounov et Elisseïev à dévêtir leurs combinaison. Les deux cosmonautes ont avec eux des journaux, lettres et télégrammes imprimés après le lancement de Soyouz 4, pour prouver que le transfert avait bien eu lieu. Les deux vaisseaux restent amarrés pendant 4 h 55. Le 17, Soyouz 4 revient sur terre avec à son bord Chatalov et les deux membres de Soyouz 5 après un vol de 71 h 21 mn (2 jours 23 h 21 min). Soyouz 5 revient le 18 janvier avec à son bord Volynov après un vol de 72 h 46 (3 jours 54 min). Pour
les occidentaux, la mission Soyouz 4-5 révèle quelques anomalies sur les
scaphandres et le système d'amarrage. Les photos de la sorties ne montrent pas
pas de packtage au dos des cosmonautes, l'air passant à travers leur jambe.
Cela montre un changement par rapport à la mission initiale Soyouz 1 et 2, les
photos de Yellisiev et Kubassov à l'entraînement en 1967 les montrent avec un
scaphandre équipé de pack dorsal, mais rien sur leur jambe. Une explication
est avancée: l'écoutille du module orbital a peut être été réduite et le
pack ne pouvait plus passer !. Le programme lunaire N1-L3 occupe les responsables soviétiques une bonne partie de l'année 1969. La mission de Soyouz 6 prévu pour avril est repoussé à octobre. Dans le même temps, la décision est prise de créer une station orbitale de 20 tonnes. Une mission spectaculaire est alors mise en chantier pour octobre, le vol de trois Soyouz avec 7 cosmonautes. Deux engins devront s'amarrer sous "l'oeil" d'un troisième qui réalisera la première soudure dans l'espace. Les équipages sont formés et en mai celui de Soyouz 8 est remplacé par les doublures. Le 11 octobre, Soyouz 6 est lancé à 11 h 40 avec à bord Georgi S Chonin et Valeri N Koubasov. Le vaisseau est mis en orbite à 186-223 km. A bord, en plus d'expériences, l'appareillage de soudure Vulcain de l'institut de soudure électrique Paton de Kiev. Le 12, Soyouz 7 est lancé à 10 h 44 avec à bord trois cosmonautes Anatoli V Filiptchenko, Vladislav N Volkov et Viktor V Gorbatko. La mission est de voler conjointement à Soyouz 6. L'orbite d'injection est de 207-226 km. Le 13 Soyouz 8 est lancé à 10 h 29 avec à bord Vladimir Chatalov et Alexeï S Yeliseyev, recyclé après Soyouz 4-5. l'orbite d'injection est de 205-223 km. C'est Chatalov qui commende les trois vaisseaux.
C'est la première fois que trois vaisseaux habités sont lancés à un jour d'intervalle. La mission est un vol commun des trois Soyouz, représentant sept hommes en orbite simultanément pour la première fois. Soyouz 7 et 8 se rapprochent à moins de 1500 m le 14, puis il ne sont plus qu'à 500 m le 16. Le système de visé optique étant en panne, les deux vaisseaux ne peuvent s'amarrer. Néanmoins, des corrections de trajectoire et des RV sont réalisés pendant trois jours. Soyouz 6 réalise trois RV , Soyouz 8 quatre avec Soyouz 7 comme cible. Par deux fois, ces RV sont simulés. Le vol groupé à duré 4 h 24 mn sur une orbite à 200-225 km inclinée à 51,7°. Soyouz 8 a volé quand à lui 35 h 19 mn avec Soyouz 7. Le 16 Koubasov expérimente un appareil qui permet de souder dans le vide "Vulcain" dans le module orbital dépressurisé du Soyouz 6, lors de la 77eme révolution. Le poste, un canon à électrons de 50 kg permet de souder du titane, des alliages d'aluminium et de l'acier inox. Soyouz 6 retourne sur terre après un vol de 4 jours 22 h 43 min. Soyouz 7 revient le 17 après un vol de 4 jours 22 h 40 min. Soyouz 8 revient sur terre le 18 après un vol de 4 jours 22 h 51 min. Soyouz 6 Les véritables raisons de ce vol commun à trois restent obscures. Soyouz 6 n'avait pas de système d'amarrage, les deux autres oui, mais n'ont pu s'amarrer ensemble. Il parait évident que le report du vol de Soyouz 6 a incité les soviétiques à faire voler les deux missions ensemble, Soyouz 6 et Soyouz 7-8. La lune n'est plus d'actualité, les soviétiques concentrent leur effort vers les vols en orbite terrestre vers les stations orbitales. La station orbitale Almaz de Tchelomei devait être lancé en avril 1970, mais le manque d'expérience en matière de RV en orbite depuis 4 ans (3 sur 16 vaisseaux lancés) retarde l'échéance. Un vol supplémentaire est demandé. Soyouz 9 est lancé le 1er juin 1970 alors que l'astronautes Neil Armstrong visite l'URSS. Il est mis en orbite à 207-220 km. A bord Andrian G. Nikolayev et Vitali I. Sevastyanov avec pour mission étudier les effets de l'apesanteur sur un vol de longue durée.
L'équipage reste en orbite pendant 17 jours
réalisant diverses expériences. Ils utilisent un réchaud pour préparer leur
repas, font deux séances de culture physique par jour et consacrent 5 heures
par jour à l'observation de la terre photographiant des formations géologiques
et météorologiques. Après un vol de 19 jours 16 h 59 min, le vaisseau retourne sur terre, sa mission parfaitement accomplie battant le record de séjour dans l'espace de Gemini 7 (14 jours). Nouveauté du vol, le compartiment orbital naguère largué avant l'allumage du moteur est largué après suivit par le module moteur. Ce vol marque la fin d'une première série de vaisseau Soyouz, les missions étant maintenant assigné à l'exploitation de la station orbitale Saliout suite aux échecs du lanceur lunaire de 1969..
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LES SOYOUZ "SOLO" |
SALIOUT 1, LA PREMIERE STATION |
SALIOUT 2 |
SALIOUT 3 |
SALIOUT 4 |
SALIOUT 5 |
SOYOUZ T-SALIOUT 6 |
SALIOUT 7 |
SOYOUZ TM-MIR |